Dès qu’on voit le mot « glaçant » prononcé par un journaliste, on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire gras. Car, en général, ce qui glace les bien-pensants, ce sont des choses très naturelles, ou trop naturelles. Démonstration avec cet article de Slate (le pure player de l’ancien dirlo du Monde Jean-Marie Colombani, soutenu par Jacques Attali et financé par un Rothschild), qui titre :
Ces terrifiants coachs en séduction dont les conseils « frisent un peu le viol »
Un détail, noté par notre rédacteur en chef, extrêmement vigilant : la citation féministement choquante dans l’article de Slate provient de Sociologie du dragueur et non de Confessions d’un dragueur, que l’auteur semble prendre pour un livre... Pas sérieuse, l’enquête !
Pour en savoir un peu plus sur la psychologie (ou la duplicité) féminine, dont la connaissance permet au dragueur de pénétrer dans le saint des saints, on va commencer par le témoignage glaçant de Jeanne, qui s’est vu refuser l’entrée du musée d’Orsay pour cause de « gros seins »...
Paul Conge, journaliste à Marianne, vient de publier aux éditons Arkhê Les grand-remplacés, enquête sur une fracture française, à propos des angoisses de certains hommes blancs face à une société française plurielle. Pour son chapitre dédié à « La reconquête au masculin », il s’est infiltré dans l’univers des coachs en séduction dont certains, sous couvert d’aider les hommes timides, véhiculent des messages glaçants. Nous en publions des extraits.
Léo s’est fait connaître en s’opposant à la drague des « racailles » et des « clones de la drague ». « La racaille est autant méprisée par les femmes que le sentimental : l’un parce qu’il manque de subtilité, l’autre parce qu’il manque d’agressivité », explique le jeune homme dans des vidéos qui cumulent des centaines de milliers de vues. Son credo : faire du clic en relevant d’absurdes défis, comme le fait d’accoster de jeunes filles en pleine rue avec des punchlines de Soral ou de Papacito, en forme de clins d’œil à son public. Il réalise également des vidéos plus didactiques, notamment sur l’homosexualité ou la friendzone, dans lesquelles il invite les hommes à se comporter en « prédateurs sexuels civilisés ».
Ces quelques aphorismes lui apportent des clients pour Les Philogynes, son club, voué corps et âme à la séduction. Pour intégrer la communauté de quatre-vingt-quinze membres, il faut débourser 15 euros par mois, et au minimum 150 euros pour une séance privée. Objectif : décoincer les hommes vis-à-vis de la drague de rue.
« Plus vous entrerez sèchement, plus votre sentiment de la pénétrer sera fort. Quant à elle, son plaisir étant parent de la douleur, croyez qu’elle appréciera ce surcroît de virilité. » (Alain Soral, « Confession d’un dragueur »)
Détenteur d’un master en Psychologie à l’université Paris Descartes, Léo revendique une approche scientifique de la séduction, basée sur la biologie et la psychologie évolutionniste. Mais son « art » est aussi fortement irrigué par les leçons d’idéologues, Éric Zemmour et Alain Soral en tête. Ces références, le psychologue les ingère dès ses 17 ans. Il rejoint à cette époque le très select Cercle des Players Parisiens, un légendaire réseau de dragueurs de rue de Paris, dont les quarante membres, élus sur cooptation, compulsent les livres de Soral, de Sociologie du dragueur à Confessions d’un dragueur. Dans ces bibles du genre, on peut lire ce type de conseils : « Plus vous entrerez sèchement, plus votre sentiment de la pénétrer sera fort. Quant à elle, son plaisir étant parent de la douleur, croyez qu’elle appréciera ce surcroît de virilité. »
Dans un café Starbucks du Nord de la capitale, Léo se remémore l’âge d’or du Cercle des Players, à base d’orgies et de clubs BDSM : « C’étaient des gros queutards, ils filmaient des trucs, c’était chaud. » […]
Comme un fils spirituel, Léo recommande chaudement la lecture des livres antiféministes de Soral à ses ouailles, à l’instar d’autres titres de Kontre-Kulture, la maison d’édition de l’essayiste. Féroce détracteur de la féminisation, le psychologue propose même à ses membres un guide d’autodéfense contre le féminisme, qu’il associait tout net, en 2017, à un « régime totalitaire, au même titre que le communisme et le nazisme ». […]
En privé, sur le forum des Philogynes, où chacun tient son journal de bord à jour et où quelques-uns postent même des enregistrements de leurs interactions avec des filles, le chef commente les progrès des uns et des autres. Et le ton change.
« Devenez un sale pervers », écrit-il à l’impératif, déplorant que les hommes aient perdu cette aptitude naturelle « à force de rabâchements féministes ». De l’abordage dans la rue aux coups de reins sous les draps, Léo a des philtres d’amour adaptés à chaque situation : « D’expérience, au lit, j’ai remarqué que les filles étaient les plus excitées (à la limite de l’hystérie) quand elles se sentaient dominées, écrasées, souillées durant l’acte sexuel. » Au bas de chacun de ses messages, sa devise : « Volez la chatte des vierges et le cœur des salopes. » […]
Entrepreneur, Léo use et abuse d’un marketing tribal pour fidéliser sa communauté de la séduction. Il admet s’adresser en priorité aux hommes de droite en colère contre « l’idéologie dominante » et confie recevoir entre cinq et dix demandes de coaching par semaine. À ces garçons au départ timides ou malchanceux, il fournit certes des conseils personnalisés en séduction, mais aussi le sentiment d’appartenir à un groupe, élitiste et fermé.
On « frise un peu » le viol
Les Philogynes est un boy’s club se voulant de qualité : il est donc sélectif à l’entrée. Un candidat sur deux est retoqué. En plus de la cotisation, il est attendu des futurs entrants qu’ils fournissent des réponses motivées. Parmi les 250 inscrits, la plupart âgés entre 20 et 30 ans, beaucoup d’ingénieurs et d’étudiants, des développeurs web, des psychiatres… Essentiellement des jeunes gens diplômés et aisés, auxquels il faut ajouter quelques professions plus populaires, comme des caristes et ou des gardiens de la paix. « Je suis jeune et pauvre. Tout ce que je peux apporter à une femme, c’est mon énergie sexuelle », écrit Azer, l’un des plus modestes, pour qui la séduction fonctionne comme un mécanisme de compensation sociale. On trouve ici aussi bien des hommes vierges que de coureurs de jupon ayant « quatre à sept partenaires par semaine », dixit un Philogyne.
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