Il a reçu la palme d’or au Festival de Cannes, et le livre de François Bégaudaud dont il est tiré a d’ores et déjà encaissé le prix France-Culture-Télérama.
Dans ce film comme dans le livre, l’enseignant ne risque pas de balancer des taloches aux élèves. Ce qui serait doublement criminel parce que presque tous sont des chances pour l’Afrance. Pourtant ils sont insolents et incivils à souhait. Il ne savent n’y travailler ni se tenir.
Le prof est un prof de français. Mais il parle affreusement mal, comme ses élèves, il utilise tout le temps des termes familiers ou grossiers. Toutes ses phrases négatives sont incorrectes. Il cause le langage "djeune".
En outre ce prof n’en fout pas une rame. Il ne prépare jamais ses cours : quand il présente ce qui aurait dû être une étude de texte, il abandonne parce que dit-il, écoutez bien : "le texte est nul, les questions proposées trop dures".
Conclusion, il n’avait pas ouvert le livre avant d’entrer en classe !
Bâcle-il une rare leçon, sur la nécessite d’employer l’indicatif après la locution "après que" qu’il la conclut ainsi : "tu sais cette règle personne la connaît, tout le monde fait la faute, alors c’est pas la peine de se casser la tête dessus".
Le "distributeur du Savoir" qui s’incline bassement devant la routine et l’ignorance !
Les goûts vulgaires des "élèves", il en prend son parti, ne cherche en aucune manière à s’y opposer afin de les corriger.
Quand, par le plus grand des hasards, une élève a entendu parler, hors l’enceinte de l’école, de Socrate, il lui dit : "Socrate c’est un type, il arrive sur l’agora, l’agora c’est une sorte de place où ils sont tous, et là il écoute les gens et après il leur dit eh toi qu’est-ce que tu viens de dire ? Des choses comme ça."
Hallucinant ! On dirait la manière de s’exprimer de Bertie Wooster, le personnage fétiche de Wodehouse. Le "pédago" veut imiter la désinvolture d’un lord anglais décadent et demeuré, ce qui est totalement ridicule dans un collège de banlieue.
Cette attitude enfonce les élèves dans l’ignorance, et dans le mépris des disciplines, et du savoir. Entre "maître" et élèves il n’y a pas d’enseignement mais des conversations décousues, du chatering de village nègre, de la tchatche.
Jamais on ne voit le prof corriger des copies, préparer un cours. Son temps de travail se limite aux heures, on ne saurait dire de cours, mais de copinage, avec les "élèves" .
C’est d’ailleurs l’aveu qui ouvre le livre : "136 jours de présence".
Personne ne saurait nier que la simple présence entre ces murs est exténuante et demande du courage. Mais est ce une raison pour capituler ?
Entre les murs de la défunte école de la République, nous voyons donc une garderie de bavards agités et auto-satisfaits, que le dépositaire de l’autorité cherche à raffermir dans leur conviction de l’importance des moindres trouvailles de leur pauvre petit entendement instinctif.
Pas un mot d’enseignement véritable pas la moindre instruction.
L’Instruction Publique s’était déjà dégradé en Éducation Nationale. Les hussards noirs de la République n’avaient pourtant pas mission "d’éduquer", mais d’instruire.
Mais "entre les murs" il n’y a plus même l’ombre d’instruction ni d’éducation !
Les media ont donc eu raison de faire l’apologie de ce film démagogique. De valoriser ce type, "l’enseignant sympa", plein de bons sentiments, cependant qu’ils ne manquent jamais de s’acharner sur les vrais profs,(comme le professeur de physique du collège César-Savart de Saint-Michel, traîné dans la boue et qui s’est suicidé après une journée de garde à vue).
Afin qu’il ne reste plus que ceux, beaucoup plus adaptés et utiles, dont le film fait l’apologie. Ceux qui conviennent pour former la future masse de perdition qui ne saura ni lire ni écrire, mais seulement hurler et piller.
Félix Niesche