L’émiettement de l’opposition au pouvoir macronien nécessite une forme de relecture de ce que l’on appelle le « souverainisme ». La contradiction qui existe entre sa prégnance dans l’opinion et la faiblesse de ses représentations politiques comme on a pu le constater entre le premier tour de l’élection présidentielle et l’élection législative, une contradiction dont on peut penser qu’elle est conjoncturelle mais dont on peut aussi penser qu’elle renvoie à des problèmes plus profonds, nécessite ce travail de relecture.
Il doit aussi s’accompagner d’un travail de réappropriation de ce qui constitue le cœur du projet souverainiste, si l’on veut éviter que ce dernier ne se divise artificiellement en courants violemment opposés. Cela implique aussi de comprendre à la fois ce qu’est le souverainisme, pourquoi il est appelé à jouer aujourd’hui un rôle absolument crucial, et quels sont les efforts qu’il faudra consentir pour que le souverainisme, qui est probablement aujourd’hui culturellement majoritaire puisse devenir politiquement majoritaire.
Souverainisme et démocratie
L’axe fondamental du souverainisme n’est autre que la liberté politique, et donc, fondamentalement, la démocratie. Être souverain, c’est décider pour soi-même, librement, sans avoir à subir les pressions et les diktats d’un pouvoir étranger. Le souverainisme est donc le substrat d’institutions démocratiques dans tous les pays. Non qu’il suffise d’être souverain pour être doté d’institutions démocratiques ; mais, la perte de la souveraineté est toujours synonyme de la perte de la démocratie. La souveraineté est la condition nécessaire, c’est à dire la condition première, de l’établissement d’une démocratie mais elle n’est – certes pas – une condition suffisante.
Il convient ici de rappeler que la distinction entre la souveraineté nationale et la souveraineté populaire, distinction qu’invoquent certains auteurs pour chercher à se différencier au sein du mouvement souverainiste, est largement illusoire. Prenons ici un exemple ancien, celui du statut de l’Empereur dans la Rome antique. Dans la loi d’investiture de Vespasien (69-79 de notre ère), la fameuse Lex de imperio Vespasiani, la ratification des actes de l’empereur avant son investiture formelle est dite « comme si tout avait été accompli au nom du peuple » [1]. On perçoit que l’origine de la souveraineté réside dans le peuple, même si ce dernier en a délégué l’exercice à l’empereur. Ainsi, le principe de souveraineté populaire était déjà connu il y a 2 000 ans. Il est ici intéressant de constater la persistance du vocabulaire et des catégories républicaines au sein de l’empire [2]. C’est pourquoi je pense que même sous l’empire, c’est bien le peuple qui détient la souveraineté. L’empereur bénéficie d’une délégation, certes extensive, mais qui ne vaut pas cession. C’est un point fondamental que de nombreux auteurs contemporains oublient. Le fait de déléguer n’est pas le fait de céder.
La souveraineté nationale, celle des souverains et des dirigeants politiques, procède toujours d’une délégation de la part du peuple qui, seul, peut se targuer de détenir la souveraineté. Que la souveraineté soit contestée, ne soit plus reconnue, et immédiatement la démocratie dépérit. On le vit bien avec l’établissement du régime du Vichy, et on le voit à nouveau dans la nécessité pour les pouvoirs en place de contourner les mécanismes démocratiques afin de pouvoir exécuter les consignes qu’ils ont reçues de l’étranger.
J’ai désigné, dans un texte antérieur et faute d’un autre mot, de souverainisme de liberté ou souverainisme politique cette forme de la souveraineté. Elle est, bien entendu, première tant dans son application que dans ses conséquences. C’est la raison pour laquelle penser la souveraineté équivaut à penser la démocratie.
Du souverainisme social
Il y a cependant d’autres formes de souveraineté et d’autres significations. La souveraineté sociale est ici particulièrement importante. Cette souveraineté signifie que les acteurs sociaux sont en mesure de passer des compromis, de trouver des accords, sans voir leur champ d’action limité par un pouvoir extérieur. Ce point est un point particulièrement important dans une société où ces acteurs collectifs prennent une place de plus en plus importante [3]. De ce point de vue, il est crucial de comprendre que nous ne sommes plus, depuis le XIXème siècle, dans une société de petits producteurs marchands. Le jeu collectif s’est imposé, sous la forme particulière du salariat et de l’entreprise, dans le monde de la production. Il en découle que le conflit, la revendication, la lutte gréviste, conduisent à des formes particulières de médiation.
Il faut donc reprendre la question de la construction des institutions, et l’on va y retrouver la souveraineté. En effet, l’extension des domaines de souveraineté a été la forme prise par les luttes sociales qui, au fil du temps, ont construit les institutions. Telle est la leçon qu’il faut tirer de l’ouvrage classique de François Guizot sur la « civilisation européenne » [4]. Signalons que Guizot fait démarrer ce processus en réalité dans le Moyen-Age et dans l’opposition entre la noblesse, le clergé et les guildes de marchands qui sont des organisations collectives.
Ses implications n’en n’ont pas toujours été pleinement comprises. Ce que Guizot affirme, c’est non seulement la nécessité de la lutte comme principe d’engendrement des institutions, mais aussi un lien circulaire, ou plus précisément en spirale, où l’on repasse régulièrement au même point mais pas à la même hauteur, entre une institution de souveraineté, la commune bourgeoise par exemple, et le principe de la lutte des classes, terme dont il est l’inventeur. En d’autres termes, il n’est de possibilité d’expression de ses intérêts collectifs que par la conquête d’espaces de souveraineté. Mais, celle-ci implique alors l’action collective. C’est pourquoi les différentes formes d’organisations, ligues, associations, syndicats, sont non seulement légitimes mais encore absolument nécessaires au fonctionnement d’une société hétérogène. L’existence d’un intérêt commun n’efface pas ces conflits, mais doit s’enraciner dans la compatibilité de leurs modes de gestion. Cependant, une fois ces espaces acquis, ils ont tendance à influer largement sur les représentations de ceux qui y vivent.
Ce souverainisme social comprend la souveraineté comme l’instrument à travers lequel les différents groupes sociaux arrivent à des compromis hors de toute influence extérieure. On comprend ici l’importance, pour ce souverainisme social, du souverainisme politique. Si nous sommes dans une situation où les choix sociaux que nous pouvons faire sont prédéterminés par l’existence de règles imposés, comme on le voit aujourd’hui avec l’euro ou la détermination du taux d’intérêt par la Banque centrale européenne et par les conséquences qu’ont ces déterminations sur des règles collectives, comme les règles du droit du travail ou les règles sociales, il ne peut plus y avoir de place pour le compromis. La brutalité nue redevient la règle des relations sociales.
Souverainisme et identité
La souveraineté implique que l’on identifie le corps politique, le peuple en l’occurrence, qui est souverain. Parler de souveraineté sans prendre en compte l’identité n’a aucun sens. Mais, à rebours, parler d’identité sans penser la souveraineté n’en a pas plus. Ce qui montre que la question de l’identité est contenue à l’intérieur de celle de la souveraineté et que l’on ne peut opposer les deux notions comme cherche à le faire par exemple Éric Zemmour [5]. Il faut ici rappeler ce que Marie-France Garaud et Philippe Seguin écrivaient à ce sujet [6] :
« Les Grecs savaient déjà qu’une cité qui veut conserver ses dieux et ses temples doit d’abord rester une entité libre sur la scène de l’Histoire. S’il n’est pas pour une nation de véritable conservation de son identité sans sa souveraineté, c’est précisément parce que l’autorité nationale a fait la synthèse des éléments ethniques avec les valeurs spirituelles et morales. Après tout, les Indiens, dans leurs réserves, gardant leurs plumes et leurs tentes, ne sont assurés que d’une identité fort réduite dans un ordre national qui leur échappe. L’identité nationale se maintient aussi comme une mémoire de son passé. Comment la nation qui n’est plus, ni grande, ni même souveraine, entretiendrait-elle la mémoire de la France ? Que resterait-il de l’histoire de France si quelque norme européenne venait interdire aux États un enseignement qui ne faciliterait pas assez l’abandon de souveraineté ? Qui interdirait le rappel de principes révolutionnaires, puisque ceux-ci proclament la souveraineté de la nation ? [7] »
Mais, cela implique de définir de quelle identité l’on parle. Nous avons tous une identité personnelle, produit de notre éducation et des rencontres que nous avons faites. L’identité de certains groupes est aussi évidente, que ce soit des groupes liés à des activités sportives, économiques ou encore politique. Il y a enfin les identités linguistiques et religieuses. Mais, ce ne sont pas de ces identités dont il peut être question ici. L’identité qui importe est celle qui nous permet d’avoir un langage commun dans l’organisation politique et sociale. C’est ce qui fait que même si nous ne sommes pas d’accord entre nous (et surtout si nous ne sommes pas d’accord), nous avons un langage commun pour dire nos désaccords, et pour trouver des compromis et des solutions à ces derniers.
C’est donc bien d’une identité politique dont il est question, une identité façonnée par l’histoire et ses représentations, par les combats et les conflits passés. Il en découle que cette identité politique est spécifique d’un pays à l’autre, parce qu’il n’a pas la même histoire, parce qu’il n’a pas connu les mêmes conflits, ni les mêmes formes de résolutions de ces conflits. Ce que l’on appelle l’identité nationale est cette identité politique, qui renvoie à une culture politique commune, qui renvoie aussi à des pratiques communes, et qui renvoie enfin à des lieux – que ces derniers soient lieux de vie ou lieux symboliques – et qui structure un peuple [8].
Il convient ici de relire le compte-rendu de l’ouvrage de Fernand Braudel publié sous la plume de Maurice Aymard dans les Annales ESC :
« Face à l’Europe pourtant la population française ne cesse affirmer sa différence. Longtemps la plus nombreuse, elle est aussi la première ralentir sa fécondité : une spécificité culturelle – un détachement vis-à-vis de l’Église catholique qui emprunte pas les voies de la Reforme protestante – cumule ses effets avec la volonté de défense d’une civilisation paysanne qui avait modelé́ un certain visage de la France et pose à notre pays ses problèmes eux aussi spécifiques du XXe siècle : le vieillissement et la stagnation hier immigration et ses suites malgré la reprise de la deuxième après-guerre aujourd’hui. [9] »
On peut y rajouter la volonté actuelle de défense d’une forme de civilisation industrielle contre les ravages de la mondialisation.
Mais, si ce peuple voit sa souveraineté déniée pour une longue période historique, il perd progressivement le mécanisme d’agrégation qui permettait à cette culture politique d’exister. Cette dernière se défait, et avec lui le peuple. Et c’est bien pourquoi il ne peut exister d’identité nationale sans souveraineté. On comprend alors le non sens profond et absolu qu’il y a à opposer l’identité (politique) et la souveraineté.
Diversité et unité
Ces trois aspects du souverainisme se combinent, même si les individus peuvent être, pour des raisons politiques ou personnelles, plus ou moins sensibles à chacun de ceux-ci. Un juriste, ou une personne élevée dans le droit, sera naturellement plus sensible à l’aspect politique de la souveraineté. Quelqu’un dont l’expérience principale aura été les luttes sociales et ouvrières sera naturellement plus enclin à considérer la souveraineté sociale. Enfin, nous pouvons tous, à un moment ou à un autre, faire l’expérience de l’importance de l’identité nationale et donc prendre en compte cet aspect de la souveraineté qui lui est lié. Cependant, quand on passe de l’expérience personnelle et directe à la compréhension raisonnée de la notion de souveraineté, on est alors conduit à unifier ces trois aspects.
Unifier prend ici le sens d’une mise en cohérence. Le souverainisme social a besoin pour exister du souverainisme politique. Parce que tous les compromis locaux, toutes les luttes parcellaires, ont besoin à un moment d’une institutionnalisation qui garantisse leurs résultats, il ne peut exister de souverainisme social sans un souverainisme politique. C’est l’une des leçons que l’on peut tirer du syndicalisme d’action directe du XIXè siècle et de son échec, et c’est pourquoi les mouvements sociaux ont besoin de formes d’existence dans le monde politique, c’est à dire de « partis », qu’on accepte ou non de leur en donner le nom. Inversement, le souverainisme politique tire sa force et fonde sa pertinence sur les compromis sociaux issus du souverainisme social. Il y a là une forme de dialectique qui rend inséparables les dimensions politiques et les dimensions sociales du souverainisme. Mais, ces deux dimensions n’auraient guère de sens, et on peut douter qu’elles puissent même exister, sans la dimension de l’identité nationale et le langage commun que cette dernière implique. L’identité nationale est ce qui irrigue, mais qui rend aussi possible, les processus qui permettent aux souverainismes sociaux et politiques d’exister.
Ces différents aspects du souverainisme se sont incarnés dans différents courants politiques et différents partis (ou mouvements). L’expression politique de ces courants, au-delà de ce que l’on appelait autrefois le « patriotisme de parti », reflète des sensibilités et des priorités différentes. Ces différences sont appelées à durer parce qu’elles reflètent des expériences politiques différentes. Mais, cela pose aussi le problème de l’efficacité politique de ces expressions politiques. Or, la situation actuelle, à l’issu du long cycle électoral que nous avons connu en France de septembre 2016 à juin 2017, éclaire les difficultés rencontrées par ces différents courants politiques. Ces derniers sont passés du zénith, avec la quasi-majorité au premier tour de l’élection présidentielle, au quasi-nadir de leur fortune aux élections législatives. On peut faire porter la responsabilité de cette situation sur leurs divisions (qui sont réelles, mais qui ne sont pas, en l’état, dépassables) sur leur impréparation et leurs faiblesses internes (qui sont toutes aussi réelles) ; c’est se masquer les yeux quand aux causes réelles de ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui un échec.
De la cohérence et de la crédibilité du projet souverainiste
L’échec du souverainisme est d’abord, et avant tout, celui des mouvements politiques qui l’ont incarné, peu ou prou. C’est donc d’un échec politique dont il est question. Cet échec est, fondamentalement, celui de la crédibilité de ces mouvements et des solutions qu’ils proposent. Mais, la question de la crédibilité ne saurait être ici séparée de celle de la cohérence. C’est la cohérence d’un raisonnement et de son explicitation qui fonde, en dernière analyse, la crédibilité d’un discours et celle de la force politique qui le porte.
La cohérence d’un projet et d’un discours souverainiste doit d’abord s’incarner dans le constat qu’il ne peut y avoir de peuple libre sans une souveraineté des institutions centrales pour l’existence de ce peuple, qu’il s’agisse des institutions politiques ou des institutions économiques (mais oh combien politiques) comme la monnaie. Bien entendu, la souveraineté peut se déléguer, à la condition néanmoins que l’instance qui reçoit cette délégation ne soit pas moins démocratique que l’instance délégataire. Toute délégation venant d’une instance démocratique vers une autre instance moins ou pas démocratique s’appelle en réalité une usurpation de la souveraineté et tomberait sous le coup de l’article 27 de la Déclaration des droits de l’homme de 1793 [10].
Mais, délégation ne veut pas dire partage, et encore moins cession. Sur ces points, il importe que le discours soit complètement cohérent, sous peine d’introduire un doute ravageur sur l’authenticité de l’engagement souverainiste. Dire que le projet doive être cohérent n’implique pas qu’il doive être complètement détaillé. En particulier quand on aborde des points qui ont une forte composante technique, même si ces points sont fondamentalement politiques en réalité, il convient de ne pas s’engager dans la logique technicienne car cette dernière risque d’obscurcir la démarche politique. Pour dire les choses directement, la critique de l’euro est centrale au projet souverainiste. Retirez-la et ce dernier s’effondre. Cela ne veut pas dire que les dirigeants politiques doivent s’engager sur les formes techniques précises par lesquelles il sera mis fin à l’euro, ne serait-ce que pour se laisser la possibilité de négocier avec nos partenaires.
Cette cohérence du projet doit ensuite s’incarner dans la reconnaissance du processus collectif qui fonde et détermine le souverainisme social. Nous ne vivons plus dans une société de « petits producteurs marchands ». Les différentes instances, qu’il s’agisse des syndicats, des organisations patronales ou des organisations d’usagers sont légitimes, et ce quelles que soient les critiques que l’on peut leur faire, parce que la vie sociale a pris de manière irrémédiable une dimension collective. On peut même penser qu’il en a toujours été ainsi, quoi que sous des formes différentes. Le projet souverainiste doit, pour établir sa cohérence, reconnaître qu’en plus des droits des individus il existe un droit à l’action collective et à la constitution des formes de cette action.
Enfin, la cohérence du projet souverainiste doit s’enraciner dans la défense de l’identité nationale, et en particulier dans la défense de son enseignement, car le rapport à l’histoire est ici fondamental. Cela implique non le refus d’une pluralité de cultures d’origine, qui est un fait que l’on ne peut nier sans provoquer des troubles profond et durable au sein du peuple, mais le refus de la politique de multiculturalisme qui vise à pérenniser cette pluralité d’origine et à en faire un nouveau mode d’organisation de la société.
Être souverainiste aujourd’hui
Le souverainisme entend défendre et préserver la liberté des formes d’organisation. Parce que nul ne peut savoir a priori quelle est la solution organisationnelle qui sera la meilleure, et parce que nos critères sur ce qui est le meilleur peuvent par ailleurs diverger et se modifier dans le temps, nul ne peut fixer seul et pour toujours un mode de coordination. Exclure certaines formes de coordination du champ des possibles qui sont ouverts à la communauté des acteurs, ou exclure de ce mode de coordination certains participants, est donc une violation de ce principe et ne peut conduire une société qu’à la catastrophe.
Ceci condamne non seulement toutes les pratiques discriminatoires fondées sur l’être de l’individu (par exemple les discriminations fondées sur le sexe ou la couleur de peau), l’institutionnalisation de pratiques fondées sur des différences religieuses et la reconnaissance de communautés séparées au sein du corps souverain, mais aussi l’institutionnalisation d’une forme unique d’organisation et de coordination. En ce sens, ce principe condamne à la fois les droits particuliers qui sont à la base des pratiques communautaristes et la prétention à construire une forme de coordination, la concurrence en l’occurrence dans le cadre de l’Union européenne, en mode de référence. Rappelons que c’était ce que le prétendait le projet qui fut rejeté en 2005 de Constitution Européenne et que cela est resté le principe de fonctionnement de l’Union européenne. On est en droit de considérer que l’Union européenne a enfreint le principe de non-discrimination et peut donc être considérée comme un Tyrannus ad exercitio [11].
De même, nul ne peut prétendre que la propriété privée puisse être la seule et unique forme de propriété admise, de la même manière que nul ne peut bannir de la société la propriété privée. Une théorie réaliste des comportements individuels, telle qu’elle se dégage des travaux de ces trente dernières années que ce soit dans le domaine de la psychologie expérimentale ou dans celui de la théorie de l’information [12], constitue ainsi la base matérialiste de l’admirable formule de la Révolution Française, selon laquelle les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Nul ne peut prétendre leurs dicter les formes d’organisation et de coordination qu’ils emploieront, du moment que ces formes elles-mêmes n’introduisent pas de discriminations fondées sur l’être de l’individu.
Le souverainisme, aujourd’hui, reprend tout à la fois l’héritage de la souveraineté qui nous vient de l’histoire de France et celui de la Révolution française, pour reprendre la formule de Marc Bloch :
« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. [13] »