La guerre d’Ossétie du Sud, qui a éclaté à la suite de l’agression de la Géorgie en Août 2008 présente certaines analogies avec le conflit qui existe depuis 2014 en Ukraine orientale. C’est pourquoi l’analyse des événements ayant conduit à cette guerre, de l’intervention russe, et de ses suites, s’imposent aujourd’hui. Il faut revenir sur ce conflit en ceci qu’il constitue un prototype des manœuvres provocatrices menées, en partie par les États-Unis mais aussi en partie par des autorités locales, ici géorgiennes, là ukrainiennes, contre la Russie.
Cette guerre était un événement certes prévisible, mais qui aurait pu être évité. En effet, les sécessions de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud par rapport à la Géorgie ont eu lieu dès la fin de l’Union Soviétique. Elles traduisaient la volonté de populations fondamentalement étrangères à la population Géorgienne de se rapprocher des populations similaires qui vivent sur le territoire de la fédération de Russie. De ce point de vue, ces sécessions témoignent de l’échec de ce qu’il faut bien appeler un ethno-nationalisme, c’est à dire un nationalisme qui se construit autour d’une représentation mythifiée d’une « pureté ethnique » de la Nation, et qui opprime, ouvertement ou insidieusement, des populations considérées dès lors comme « impure » mais qui faisaient auparavant partie de cette Nation. De ce point de vue, cet ethno-nationalisme se révèle le fossoyeur de ces Nations issues de la désintégration de l’Union soviétique car il prétend substituer une « pureté ethnique » à un pacte politique. Cet ethno-nationalisme est aujourd’hui à l’œuvre en Ukraine, et il est le principal responsable de la désintégration du pays. C’est en réaction à cet ethno-nationalisme qu’il faut comprendre tant de la décision de la population de Crimée de rejoindre la Russie que l’insurrection des populations russophones du Donbass.
Le champ de mines du Caucase et la présence américaine
Le partage des nationalités suivant les lignes administratives fixées du temps soviétique ne pouvait survivre à la fin de l’URSS que si, dans chacun des pays successoraux de l’Union soviétique avait pu s’imposer une conception clairement politique de la Nation. Mais, il faut ici ajouter que les forces qui travaillaient les régions du Caucase du Nord étaient, pour partie, antérieures à la désintégration de l’Union soviétique. En fait, dès les années 1970 les Abkhazes avaient cherché à être rattachés à ce qui n’était encore que la RSFSR. De même, les Ossètes du Sud cherchaient à se rapprocher des Ossètes du Nord, qui eux aussi étaient sur le territoire de la RSFSR. Cependant, c’est bien la guerre civile Géorgienne et l’émergence dans ce pays d’un puissant courant ethno-nationaliste, refusant de prendre en compte la diversité des populations, a radicalisé la situation. L’Ossétie du Sud comme l’Abkhazie se sont séparées de fait de la Géorgie à ce moment, ce qui a donné lieu à une situation tendue, avec une multiplication d’incidents militaires. La Russie a apporté un soutien modéré aux deux régions sécessionnistes dans la période où la Géorgie était dirigé par Shevarnadze. La situation va cependant évoluer à partir de 2002/2004 quand au renforcement de la Russie répond un raidissement de la position géorgienne.
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Retrouver les 3 autres parties de l’analyse de Jacques Sapir :
La guerre d’Ossétie de 2008 : les causes
La guerre d’Ossétie de 2008 : les combats