« L’affaire Beljanski », que les médias servent au grand public sous un angle très « correct » depuis près de vingt ans, se révèle être l’une des plus dramatiques illustrations des catastrophes en chaîne, – scientifiques, économiques, sanitaires et humaines –, que « le marché de la santé » a été capable de produire.
Les grands moyens
Parmi les éléments les plus décalés de l’affaire : l’opération « Isa 2 » du GIGN, classée secret défense. Qu’est-ce qui pouvait bien nécessiter l’intervention de ce groupe d’élite spécialisé dans la libération d’otages et les affaires de contre-terrorisme, en octobre 1996 au laboratoire Beljanski de Saint-Prim en Isère ?
Les militaires cagoulés et armés du GIGN surgissent à six heures du matin. Ils menottent Mirko Beljanski ; l’hélicoptère tourne en boucle au dessus du laboratoire ; les chiens policiers reniflent. Ils éventrent les murs, fouillent tous les recoins du laboratoire et saisissent tout : matière première végétale, échantillons d’analyses, ordinateurs, imprimantes, courriers et documents. Tout est rapidement emporté dans des camions. Bizarrement, personne ne procède à l’inventaire d’usage des matériels enlevés. Les employés du laboratoire, qui arrivent un à un, sont eux aussi en état d’arrestation. Puis des hommes tout de blanc vêtus entrent en scène et se mettent à vaporiser les locaux, sous le prétexte d’éventuelles émissions radioactives [1]. Scène incompréhensible, sans réel fondement, et mentionnée nulle part, comme si elle n’avait jamais existé. Mirko Beljanski sera contraint d’attendre dans son laboratoire mis à sac, respirant les mystérieux effluves bien plus longtemps que les autres. Dans la foulée, le GIGN arrête plus de sept cent personnes de l’entourage de Beljanki, médecins, pharmaciens, patients, ou distributeurs potentiels.
Cette opération, – dont on va comprendre toute la disproportion – a eu comme répercussion principale l’arrêt de la carrière de chercheur de Mirko Beljanski, réduit au silence au sens propre du terme. Comment en est-on arrivé là ?
La genèse de l’affaire
Pour comprendre tous les rouages de cette affaire Beljanski, il faut remonter jusqu’en 1965, où le prix Nobel de médecine est décerné à trois scientifiques français de l’Institut Pasteur, dont Jacques Monod. Dans le contexte de l’époque – Watson et Crick ont découvert la structure en double hélice de l’ADN en 1953 – on ne parle que de gènes. Aujourd’hui le concept d’épigénétique a pointé le bout de son nez mais à l’époque, tout est génétique. Ce modèle théorique imprègne toute la société et devient un dogme. Le mot même, qui désigne des principes posés de manière incontestable et autoritaire, ne fait pas honte aux scientifiques. En effet, on n’a pas hésité à nommer l’héritage de Watson et Crick « le dogme central ». Plus c’est gros, plus ça passe ! Il existe donc bien des dogmes en science, et gare à celui qui les remettra en question. La science comme la médecine disposent de leur « politiquement correct », régenté de la même manière par leurs propres dominants. Les directions de recherches et les financements qui en sont le moteur vont dans son sens, le tout accompagné du battage médiatique assorti. En l’occurrence, depuis les années 50, les gènes règnent sans partage.
Mais revenons à Jacques Monod. Il est l’auteur d’un livre qui a marqué son époque : Le Hasard et la Nécessité : essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Il y développe la thèse selon laquelle le hasard est à l’origine de toute forme de vie, et l’évolution de l’humanité, le produit de mutations génétiques consécutives. « Notre numéro est sorti au jeu de Monte-Carlo » écrit-il. Monod, c’est la dictature des gènes combinée au hasard. Mais c’est aussi le nouveau patron de l’Institut Pasteur. En effet, Beljanski travaille à Pasteur depuis un an déjà, sous la direction de son ancien directeur de thèse, quand ce dernier décède. C’est Monod qui prendra sa suite.
Une autre vision du cancer
À cette époque donc, les laboratoires du monde entier travaillent sur l’hypothèse unanimement admise que le cancer résulte de mutations qui altèrent le code génétique. Les mutations génétiques sont absolument responsables de tout, y compris de nos maladies. Ainsi, si on a un cancer, c’est la faute à pas de chance dans le grand casino de la vie. Les recherches de Mirko Beljanski vont dans le sens opposé. Alors que l’on se focalise sur les mutations, il s’intéresse à la déstabilisation progressive et cumulative de l’ADN. Il y voit la cause profonde et première du cancer.
Pour comprendre la notion de déstabilisation, il faut se rappeler que les liens de la double hélice doivent pouvoir s’ouvrir et se fermer pour que la copie de l’ADN se fasse. Cette situation est normale : il se produit une rupture des liens hydrogène qui maintiennent normalement ensemble les deux brins de l’ADN. Dans certaines circonstances, cette ouverture se fait trop fréquemment et on parle alors de « déstabilisation ». Quand cette déstabilisation se répète – c’est le cas par contact permanent avec un produit cancérogène –, alors les cellules se multiplient bien plus vite et de façon irrégulière. Beljanski a compris et démontré que des molécules extérieures donc « environnementales » pouvaient déstabiliser l’ADN, ce qui aurait pour conséquence à la longue de déréguler l’expression des gènes. Il observe que toutes les cellules cancéreuses ont un signe distinctif : elles présentent une altération de leur structure secondaire. Beljanski prouve ainsi que les cellules cancéreuses sont différentes des cellules normales, précisément parce que l’ADN cancéreux est toujours plus ouvert que l’ADN normal.
Son hypothèse dérange Jacques Monod. S’il ne nie pas les mutations qui existent bien dans la cancérisation, Beljanski montre qu’elles sont secondaires aux déstabilisations. Autrement dit, les cellules cancéreuses se divisent en permanence à cause de leur ADN déstabilisé par ces molécules extérieures, qui sont en puissance des cancérogènes environnementaux. Or, si c’est le cas, cela signifie que l’on peut en appréhender les causes. Il n’y a plus de hasard.
Le dogme central
Le « dogme central » défini par Crick et Watson affirme que l’information génétique ne peut passer que dans le sens ADN vers ARN. À partir de 1969, certaines publications ouvrent la controverse.
Tout d’abord un chercheur américain, le Dr Temin découvre l’existence de génomes ARN chez les virus : c’est le cas par exemple de l’hépatite C ou de l’herpès simplex. Ces génomes ARN sont dotés d’une enzyme – la transcriptase inverse – capable de copier l’ARN en ADN. C’est ce qui explique qu’un virus doté d’un génome ARN puisse intégrer une copie ADN de son génome dans l’ADN cellulaire.
Mais dans la foulée, en 1972, Beljanski trouve cette transcriptase chez les bactéries. Et entre les virus et les bactéries, il y a un monde ! En effet, une bactérie est un procaryote, c’est-à-dire une cellule vivante, bien que n’ayant pas de noyau délimité par une membrane. Elle est plus grosse, plus organisée qu’un virus. Avec les bactéries, on passe à une autre échelle en mettant le pied dans la porte de la biologie et des pathologies humaines. Cette découverte était capable de démonter complètement le dogme central de l’ADN. Ce qui était encore acceptable dans le monde des virus pour la pérennité du dogme devenait très dérangeant dans celui des bactéries.
Jacques Monod, qui avait repris ce « dogme central » comme colonne vertébrale de son travail, se sent menacé. Il en fera une affaire personnelle. Il ne supporte pas qu’il soit remis en question par les recherches et surtout les découvertes de Mirko Beljanski. L’ARN ne doit tout simplement pas remonter l’information à l’ADN ! Monod interdit à Beljanski de publier ; celui-ci passe outre. Il se joue ainsi à Pasteur bien plus qu’une bataille d’expert. Il y a à la clé un renversement de perspectives : mutations hasardeuses d’un côté, contre déstabilisations évitables de l’autre. Beljanski est un empêcheur de chercher en rond !
Le génial Oncotest dérange l’industrie
Dans la continuité de ses travaux, Mirko Beljanski met au point et fait breveter un test simple pour évaluer le potentiel cancérogène des molécules en seulement quelques heures. C’est l’occasion de montrer que les produits toxiques de notre environnement déstabilisent l’ADN, avec pour conséquence l’accroissement potentiellement mortel du taux de division cellulaire.
Optimiste ou naïf, il croit tenir l’invention révolutionnaire qui intéressera les industriels de l’alimentaire ou du cosmétique, en leur offrant un moyen simple d’identifier et de retirer les composants cancérogènes de leurs produits. Sa découverte va aggraver son cas. Car bien sûr, cela ne s’est pas passé comme cela. Aucune entreprise privée n’a utilisé l’Oncotest : cette perspective laissait entrevoir trop de changements et trop de coûts en perspective.
Mirko Beljanski utilise alors son Oncotest pour lui-même, non plus pour débusquer les substances cancérogènes de l’industrie, mais pour trouver dans la nature des substances anticancéreuses qui lui semblaient forcément devoir exister en réponse à la présence de substances cancérogènes.
Il recherche des substances ayant une action sélective, c’est-à-dire capable de toucher la cellule cancéreuse sans toucher à la cellule saine. Il faut souligner combien cette démarche est intelligente et noble et aux antipodes de ce que la chimie de synthèse nous a habitués à constater. Il découvre et perfectionne ses extraits de Pao pereira et Rauwolfia vomitoria, deux plantes équatoriales. Les extraits naturels font l’inverse du produit cancérogène : ils reconnaissent l’ADN déstabilisé et bloquent sélectivement son aptitude à se dupliquer. Et ils agissent sur TOUS les cancers, car leur action se situe au niveau de l’ADN, qui ne dépend ni de l’organe ni du sexe. Mais une petite parenthèse mérite d’être ouverte à propos du Rauwolfia.
Le Rauwolfia de Jacques Servier
Le même Servier des laboratoires Servier (ayant commercialisé le « Médiator » à l’origine du nième scandale médical) fut un jour étudiant. La thèse de doctorat de Jacques Servier portait sur la plante indienne Rauwolfia serpentina. Il est important de rappeler qu’aucune plante médicinale n’offre de perspectives intéressante sur le plan financier à l’industrie pharmaceutique, puisqu’elle ne peut espérer de retour sur investissement que par l’intermédiaire d’un dépôt de brevet. Or, le vivant n’est pas brevetable. Une plante utilisée depuis des milliers d’année en médecine traditionnelle n’est pas brevetable. Seule la nouveauté l’est. La stratégie de Big Pharma passe donc par le concept « d’amélioration de la nature ». En effet, un extrait de plante traité par une innovation ou invention deviendra brevetable. En 1955, les laboratoires Servier lancent le Sarpagan, extrait standardisé de Rauwolfia vendu comme médicament contre l’hypertension. Le principal alcaloïde présent dans la plante est la réserpine. Ce que les herboristes savent, c’est que les plantes à l’état naturel de totum ont une valeur médicinale qui peut se modifier voire disparaître si l’on trafique ses composants. Car en botanique aussi, le tout est plus que la somme des parties. Ainsi, bien que la plante entière de Rauwolfia soit utilisée avec succès depuis des lustres, son extrait sélectif et concentré a donné un tout autre résultat. La réserpine, très largement prescrite à travers le Sarpagan, a provoqué des effets secondaires imprévus. Le monde médical commençait à s’interroger sur son rôle potentiel dans la genèse des cancers, quand Beljanski a eu l’idée de le vérifier par lui-même. Et en effet, passée au crible de l’Oncotest dans son laboratoire, la réserpine se révélait fortement cytotoxique et cancérogène. Mais par un curieux hasard, le Sargapan contenait aussi un alcaloïde secondaire, l’alstonine, qui révélait un potentiel anti-cancer très intéressant. Beljanski réussit à séparer les deux alcaloïdes pour ne conserver que l’alstonine. Dans son dernier livre, Sylvie Beljanki raconte comment son père était tout heureux à l’idée d’annoncer à Servier sa découverte. Ce dernier l’a accueilli très froidement, en pontifiant « qu’il n’y avait aucune différence entre une cellule normale et une cellule cancéreuse ». Voici comment Jacques Servier est passé à côté de l’opportunité de développer le premier médicament anticancéreux spécifique. Son destin et son legs à l’humanité en eurent été fort différents…
Rendez-vous manqué à la Fondation Nobel
La saga est loin d’être terminée. Monod décède du cancer en 1976. Les tensions augmentent à l’Institut Pasteur. On considère Beljanski comme un scientifique rebelle, et il sera bientôt forcé à quitter l’Institut Pasteur avec son équipe pour la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry. C’est à l’animalerie de Châtenay-Malabry qu’il va tester ses extraits in vivo et vérifier leur innocuité et leur efficacité jusqu’à sa retraite dix ans plus tard. Il créé ensuite son propre laboratoire à Saint-Prim, sans jamais cesser de publier ses résultats, jusqu’à ce jour fatal où l’armée est venue définitivement mettre fin à ses recherches.
Entre temps, les travaux de Beljanski sont lus et appréciés par la Fondation Nobel à Stockholm. Sten Friberg lui écrit – « Vos idées et vos résultats sont tout simplement fascinants » – et lui demande d’envoyer à Stockholm les copies de toutes les publications et de tous les écrits concernant ses études. Et encore une fois, l’Institut Pasteur lui met des bâtons dans les roues et coupe court. Mais ces graines n’ont pas été perdues, elles ont germé. Un scientifique israélien attaché à l’université Hadassah de Jérusalem, le professeur Shoshan, connaissait l’existence et la valeur des travaux de Beljanski grâce à ses contacts à la Fondation Nobel. Il lui rendra hommage après sa mort, en donnant une rétrospective complète de ses découvertes lors du premier colloque organisé par la Fondation Beljanski en 1999, à New York.
En dépit des mensonges véhiculés encore aujourd’hui, Beljanski a laissé un héritage de 133 publications, deux livres et onze brevets qui décrivent très précisément ses inventions [2].
Beljanski sous-traitant de l’armée française et du Pentagone
En 1987, dans le contexte de la catastrophe de Tchernobyl, le Pentagone travaille sur l’acide éthylsulphanyle phosphonique qu’on appelle (presque) plus simplement le WR-2721. Cette molécule est difficile d’utilisation : elle s’administre par voie intraveineuse, on doit la conserver au froid, et surtout il y a beaucoup d’effets secondaires comme des vomissements, des diarrhées et de l’hypotension. L’armée américaine finance la recherche sur ce composé, via des contrats passés avec ses alliés occidentaux, dont l’armée française. Et l’armée française sous-traite à des laboratoires orientés sur la radioactivité. C’est ainsi que Mirko Beljanski se retrouve avec un contrat de l’armée pour tester le WR-2721. Il en profite pour voir comment réagissaient ses propres produits et a l’idée de s’intéresser au Ginkgo biloba. Cet arbre, très connu au Japon, a montré une résistance exceptionnelle : en 1945, six de ces arbres ont survécu à Hiroshima dans la zone de l’impact. Il découvre que certaines molécules de la feuille « dorée » du Ginkgo, c’est-à-dire la feuille jaunie pendant une période très courte de l’automne, se montrent capables, in vitro comme in vivo, de réguler le plasma mieux que le WR-2721, et sans les effets secondaires. Pris pendant et après l’exposition aux radiations, il ramène à la normale l’activité des ribonucléases (RNase) du plasma des malades. Les RNase sont des enzymes spécifiques, qui endommagent particulièrement l’ADN du plasma de patients cancéreux. Beljanski a publié ses résultats.
Les années SIDA
Pour comprendre le dernier chapitre de la vie de Mirko Beljanski, il faut revenir sur la triste période du SIDA. Plantons le décor. À cette période, l’Institut Pasteur est en compétition avec le laboratoire Abott aux États-Unis pour élaborer une analyse permettant de vérifier si le sang était contaminé. C’est Abott qui y est parvenu le premier. Avec en prime une découverte intéressante : les Américains ont prouvé que chauffer le sang avant une transfusion détruisait le virus. Mais en France, l’Institut Pasteur use de tout son poids politique pour faire retarder l’approbation du test américain, espérant dans l’intervalle mettre au point son propre test. C’est donc en connaissance de cause qu’on a tardé à instauré le processus de chauffe du sang avant transfusion. Conséquences : des milliers de personnes transfusées avec du sang contaminé. À une l’époque où il n’existait pas de traitement, le diagnostic équivalait à une condamnation à mort. Voilà pour le principe de précaution.
Pour le traitement et le lancement de l’AZT, l’histoire n’est pas meilleure. Faisons encore un retour en arrière. En 1964, le chimiste Jérôme Horwitz dans le cadre de ses recherches fait des essais sur une molécule anticancéreuse. Il synthétise l’AZT qui se révèle être un vrai tueur de cellules tumorales. Mais l’AZT provoque en même temps la mort massive de tout type de cellules, surtout des cellules à division rapide comme celles de notre système immunitaire ou de l’intestin. Horwitz refuse d’employer ce poison en tant que médicament : trop dangereux ! On abandonne la molécule, qui n’a même pas été brevetée. Elle restera dans les tiroirs jusqu’à l’ère du SIDA. Jusqu’à ce qu’ACT UP, qui voit le jour à New York, entre en scène. ACT UP est une association radicale qui revendique le recours à la violence, pour dénoncer le manque de financements publics dans la recherche contre le SIDA. Elle va jouer un rôle majeur dans la mise sur le marché de l’AZT. En effet tout le monde était démuni face à cette nouvelle maladie. La pression politique montait chez les militants et les lobbyistes et il fallait absolument une issue, quitte à ce qu’elle ne soit que médiatique. Face à cette pression croissante, la FDA, c’est-à-dire l’agence du médicament états-unienne, avait hâte d’approuver un nouveau médicament. On a donc ressorti l’AZT du placard, comme un lapin du chapeau. Malgré des essais cliniques tronqués, l’entreprise pharmaceutique Burroughs Wellcome lance rapidement l’AZT sur le marché en 1987. Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, Mirko Beljanski continue sa recherche. Grâce à l’Oncotest dont personne n’a voulu, il prouve que le Pao peireira est aussi efficace pour traiter des virus. Il inhibe la transcriptase inverse de plusieurs familles de virus, qu’il s’agisse de virus à ARN (comme le virus de l’herpès, celui de l’hépatite C et celui du SIDA) ou de virus à ADN (celui de l’hépatite B, par exemple). Le Pao peirera testé in vivo sur les souris fonctionne. Un essai clinique à l’hôpital de Lapeyronnie près de Montpellier est lancé, aboutissant à une publication dotée de très bons résultats.
Cela paraît incroyable, mais c’est vrai : la découverte prometteuse et sans effet secondaires d’un chercheur français laissant entrevoir une solution au problème du SIDA n’a pas fait la une des journaux. Au contraire, la découverte et la publication ne sont pas bien accueillies par l’Institut Pasteur. Mais pour l’heure, Beljanski, dont on sait que ses produits ont considérablement amélioré la santé du président alors en exercice François Mitterrand [3], bénéficie encore de certains soutiens en hauts lieux.
Collusions
Toutes les preuves d’une vaste collusion sont là. Premièrement, aucun médicament contre le SIDA en cours d’élaboration n’a bénéficié du même délai record d’approbation que l’AZT. Ensuite Burroughs Wellcome – fusionné depuis avec Glaxo Smith Kline – obtient le premier le brevet et bénéficie d’une situation de monopole. Il fixe le prix à 10 000 dollars par an et par patient, faisant de l’AZT le remède le plus cher de l’époque. Et pour finir, il se trouve que Philippe Mangeot, gérant ACT UP France, est aussi le fils de Jean-Pierre Mangeot, président de… Glaxo Wellcome France ! Les enjeux sont énormes, et « on » ne ménagera pas sa peine. ACT UP va se démener. Des militants sont recrutés pour abattre tout ce qui aurait pu concurrencer l’AZT par tous les moyens. Discréditer Beljanski en fait partie. Des activistes ACT UP habillés tout en noir à chaque conférence viennent semer la zizanie. Les accusations anonymes de charlatanisme pleuvent. Des calomnies de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le SIDA) fusent dans la presse sur les tarifs, ou sur d’hypothétiques pressions pour faire arrêter les traitements conventionnels aux malades. Or, cela est faux. Les expérimentations publiées de Beljanski montrent que c’est l’association entre le traitement conventionnel chimiothérapique et ses extraits végétaux qui donnent les meilleurs taux de réussite. Mais nous ne sommes plus à un mensonge près. Le pompon : les prétendues absences de preuve des produits Beljanski, pourtant accessibles au monde scientifique. Conclusion : un essai français fait dans les règles de l’art, positif, apportant une solution saine à un problème mondial est une menace trop importante pour le business. La réponse apportée a été à la hauteur des bénéfices escomptés.
« La concurrence est éliminée. Les chercheurs sont orientés. Les dissidents sont emprisonnés, matés et réduits au silence ». (Ghislaine Lanctôt)
Mais l’AZT est vraiment toxique, et cela commence à se voir vraiment. Des études complémentaires sont finalement lancées et confirment les dégâts. Une étude américaine de l’Institut national du cancer montre par exemple qu’un malade sur deux sous AZT pendant deux à trois ans développe des lymphomes contre 2 % chez les malades non soignés à l’AZT. On en est là : ça chauffe pour l’AZT.
En France, Mitterrand est décédé depuis quelques mois. Cela ouvre certaines perspectives pour les opposants à Beljanski. Car le conflit est toujours latent entre les représentants du système médical établi avec ses médicaments synthétiques brevetés et une approche plus naturelle représentée par Beljanski. Le docteur Kuyper, qui a introduit les produits Beljanski dans le traitement de François Mitterrand, leur a volé la vedette. Gros sous, rivalités et tentation de revanche : les digues vont céder.
C’est à ce moment précis, quand la recherche d’une alternative plus écologique s’impose d’une part, et que Beljanski a perdu ses soutiens de l’autre, qu’a lieu le raid du GIGN. L’arrestation de Beljanski et de ses collaborateurs, ainsi que le saccage de son laboratoire rendent absolument impossible l’exploitation de ses produits et de ses découvertes. Mirko et Monique Beljanski sont accusés de faire la promotion de médicaments non autorisés, et de tromperies sur leurs propriétés. Mirko est assigné à résidence, sous contrôle judiciaire avec interdiction de poursuivre toute recherche scientifique, de publier ou de se rendre à des congrès. La presse se déchaîne, il lui est interdit de répondre. Vengeance d’un côté, intérêt mercantile de l’autre : dans l’impuissance totale, il tombe malade.
Beljanski contre France
L’instruction est interminable, la procédure s’éternise, le dossier judiciaire bloque toujours. Le gouvernement français engage contre Mirko Beljanski de nouvelles poursuites fiscales – « puisqu’il n’y a rien à redire sur le plan scientifique », dira Monique Beljanski. Ayant enfin accès au dossier judiciaire, sa fille avocate Sylvie Beljanski découvre le pot au rose : la consigne de détruire toutes preuves et tous témoignages positifs, ainsi que de tous les produits échantillons, travaux, données scientifiques. Dans l’environnement du chercheur, on redoute que le but caché de cet acharnement soit d’accélérer l’évolution de sa maladie, dans la mesure où le procureur n’est plus tenu de démontrer le bien-fondé de la plainte, après décès. On se rappelle l’épisode de la vaporisation étrange lors de l’arrestation. « Tuer la personne mise en examen est la plus sûre manière pour le gouvernement d’éviter un procès dont l’issue serait incertaine, sans avoir pour autant l’air de classer l’affaire » écrira sa fille. C’est ce qui s’est passé puisque Mirko Beljanski s’est éteint en octobre 1998 – sans que le juge d’instruction ait jamais fixé de date de renvoi devant le tribunal.
La plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme s’est poursuivie au nom de Monique Beljanski. En 2002, dans le cadre de l’affaire « Beljanski contre France », à l’unanimité, la Cour a condamné la France pour n’avoir pas instruit le dossier dans un délai raisonnable.
Reprise du flambeau aux USA
L’approche différente du cancer de Mirko Beljanski consiste à développer des molécules naturelles capables de bloquer de manière sélective la prolifération des cellules cancéreuses, sans pour autant détruire les cellules saines a trouvé preneur. Le docteur Katz et l’université de Columbia ont refait – malgré les publications françaises existantes – toutes les recherches, test in vitro puis in vivo, laissées en héritage par Mirko Beljani. Les expériences cliniques ont été positives, les résultats été confirmés et publiés. D’autres expérimentations ont suivi, sur le cancer de la prostate tout d’abord. Rappelons que pour les hommes souffrant d’un cancer métastasé de la prostate, le traitement standard est la castration chimique, aux nombreux effets secondaires. Faire chuter le taux de testostérone permet d’interrompre provisoirement la progression du cancer, mais ne le soigne pas. Ainsi, l’effet du traitement est temporaire, avec le risque de voir repartir le cancer. Il n’existe aucune autre solution curative officielle. Le docteur Katz a démontré, à travers un essai in vivo que le Pao pereira présentait des propriétés anticancéreuses contre ces cellules tumorales résistantes à la castration hormonale. C’est un véritable espoir.
Gâchis
L’approche conventionnelle – opération, radiothérapie, chimiothérapie – se heurte à son impuissance. Les résultats, même combinés, sont médiocres. Les effets secondaires sont ravageurs sur les cellules saines, y compris les cellules sanguines qui résistent très mal à la chimiothérapie. La chute des globules blancs et des plaquettes oblige à interrompre souvent le traitement pour permettre au corps de récupérer, laissant le champ libre au cancer. Les facteurs de croissance sensés limiter la chute du taux de plaquettes et de globules blancs sont très toxiques et ne peuvent pas être pris longtemps.
Sur cet épineux problème aussi, Beljanski et son équipe avaient également apporté leur contribution. Ils ont réussi à identifier des « amorceurs » capables de stimuler la multiplication de leucocytes et de plaquettes, à partir d’une source naturelle, une bactérie naturellement présente dans l’intestin, qui ne rend pas malade et n’induit aucune toxicité. Ces fragments d’ARN amorceurs n’ont aucun effet sur la réplication de l’ADN dans les tissus cancéreux, même sur les cellules leucémiques. Les expérimentations sur les lapins ont démontré qu’on pouvait utiliser ces fragments d’ARN pour faire remonter les globules blancs et les plaquettes après radiothérapie ou chimiothérapie. Cette découverte majeure a été annoncée le 5 juin 1978 à la faculté des sciences par le Professeur Lépine et le lendemain, à la faculté de médecine. Pas beaucoup de publicité non plus.
La prévention ne paie pas
Les statistiques officielles sur l’explosion des cas de cancer sont alarmantes, tout autant que le nombre de décès annoncés. Le bilan est assez sombre : il n’y a pas d’amélioration réelle en termes de survie. D’autres cancérologues courageux, encore dans le circuit mais marginalisés le disent. Le gain se compte en mois et non en années de survie, pour une qualité de vie très altérée. Ce qui progresse en revanche, ce sont les coûts, astronomiques et supportés par la collectivité. Le cancer est une véritable industrie. Malheureusement la formule « mutualisation des coûts et privatisation des gains » s’applique parfaitement à l’industrie du cancer.
« Aux États-Unis, où le coût des traitements n’est pas masqué par un système de tiers payant, une année de thérapie coûtait environ 10 000 dollars en 2000. En 2005, il fallait compter entre 30 000 et 50 000 dollars. En 2012, douze des treize nouveaux médicaments agréés pour le traitement du cancer coûtaient plus de 100 000 dollars par année de traitement ». (Sylvie Beljanski)
Les systèmes de soins du monde entier sont rongés par des coûts exponentiels et dépassés par la pression financière. C’est un système qui engendre la corruption sans réussir à créer plus de santé. Il est centré sur la maladie et n’intervient qu’au moment où elle se développe. La médecine conventionnelle ne s’occupe pas de prévention. Comment croire qu’on cherche réellement une solution thérapeutique valable ? Comment ne pas croire qu’on cherche seulement à gagner plus d’argent ? Triste constat. Dommage, car des solutions existent. L’approche de Beljanski en est une.