Le gouvernement a trouvé une solution « humaine » à la question rom, qu’il applique en Rhône-Alpes. Mais ses motivations sont tout sauf charitables...
Le Progrès du 4 octobre 2015 nous apprend que les trois bidonvilles roms de Vaulx-en-Velin, Villeurbanne et Saint-Priest vont être démantelés. Leurs habitants ne seront pas chassés par des bulldozers et des CRS, ni même déportés à l’Est, mais relogés dans un village de mobile-homes, avec des conditions sanitaires décentes et une société de gardiennage, pour éviter le remplissage incontrôlé du « village ». Une solution – aux motivations cachées – qui urge depuis les événements inquiétants de Moirans, même si ces derniers concernent des Gitans de la région, semi-sédentarisés, sans lien direct avec les Roms d’importation.
Michel Delpuech, le préfet du Rhône et de région qui ne la connaît pas du tout, en place depuis six mois, veut changer de méthode par rapport à son prédécesseur, qui était un peu moins humaniste. On sent que les ordres viennent d’en haut. Justement, Delpuech a fait l’ENA aux côtés d’un certain François Hollande, promotion Voltaire.
De l’utilisation politique des Roms et des migrants
Tout le monde connaît la stratégie de François Hollande, pour tenter de gagner au second tour en 2017 (s’il arrive toutefois à passer le premier) : casser la droite en deux, comme Mitterrand l’avait fait en 1984 avec la promotion conjointe de SOS Racisme et du Front national, en vue des présidentielles 1988. Un FN fort, c’est la droite qui casse, et le PS qui passe. On comprend alors mieux l’augmentation des quotas de migrants que la France s’impose paradoxalement dans une période de chômage lourd et de tensions communautaires. Si cela paraît illogique socialement et économiquement , c’est très futé politiquement, mais à court terme. Et devrait réjouir les adeptes du primat du politique sur l’économique, tout en confirmant le précepte de Cavanna : « Privatisons les bénéfices, socialisons les pertes ». Hollande prévoit donc de « socialiser » les migrants pour en « privatiser » le bénéfice politique.
Ainsi, le système politique français peut-il faire gagner une tendance minoritaire – en l’occurrence le PS – contre toute attente, et surtout contre toute popularité. Le même jeu des alliances qui condamne Marine Le Pen à ne pas pouvoir vaincre au second tour, faute de désistements en sa faveur (résultante du cordon « sanitaire » placé autour du FN et du front dit républicain, anciennement surnommé UMPS), sauf accident politico-social majeur dans notre pays. Si le Système voulait voir Marine Le Pen prendre les commandes, le verrou médiatico-juridique aurait déjà sauté depuis longtemps. C’est pourquoi la présidente du FN a été convoquée (le 20 octobre 2015) à la barre pour avoir comparé il y a cinq ans les prières de rue des musulmans à l’Occupation. procédure de répression politique disproportionnée, pour des propos qu’on entend quasiment chaque jour dans la bouche des représentants de la Droite forte. Les verrous politiques qui empêchent Marine Le Pen de jouir d’un traitement médiatique normal ne sont pas seulement d’ordre historique (l’amalgame avec Vichy, et l’antisémitisme supposé du père fondateur) : le blocage européiste et douanier pèse dans la balance. Car il touche au portefeuille du grand patronat. C’est pourquoi la question fondamentale est bien la souveraineté nationale. Qui détermine toute la politique, intérieure et extérieure.
Le faux paradoxe d’un FN dédiabolisé et repoussoir
Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi d’un côté le pouvoir favorise indirectement le FN en faisant monter la tension « étrangère » et de l’autre, cogne dessus médiatiquement et juridiquement, la réponse est dans l’encadrement mathématique : le PS a besoin d’un FN fort, mais pas trop. Un parti Bleu Marine à 20-25% empêchera mécaniquement (en Ve République) tout retour de la droite modérée au pouvoir. Mais au-delà, à 30-35%, le danger se profile d’une alliance possible avec la droite dite dure. Le FN doit donc être maintenu dans une fourchette acceptable en agitant d’un côté le danger migrants, et de l’autre le danger… FN !
Ainsi, plusieurs villages du « nouveau Lyon » vont-ils se partager (pour
commencer) 300 Roms. Les maires refusant les uns après les autres, le préfet met la pression. Manuel Valls a beau se dire « inquiet de la montée du FN », il se frotte les mains, en attendant un duel gagné d’avance (pense-t-il) face à Marine Le Pen, en 2017 ou 2022.
Dans un cas comme dans l’autre, Hollande ou Valls, le tour de vis sera encore plus dur en 2017, du point de vue de la répression des idées, et de la répression sociale. Car un peuple réagit à son changement imposé par le haut, surtout s’il est violent. Et l’injection massive de corps étrangers dans le corps français est violente. C’est pourquoi la propagande antiraciste augmente avec l’immigration. Et ce ne sont pas les manifs bon enfant de la CGT (des syndicalistes qui ont la chance d’avoir un boulot, qui bossent moins de 35 heures grâce à leur « action » syndicale, et qui sont « pour » leurs frères migrants) qui vont stopper l’hémorragie d’emplois et le robinet à migrants. Il faut savoir que le contexte économique a changé : dans les années 1960, le flux d’immigrants correspondait à un déficit de travailleurs. Un demi-siècle plus tard, le même flux (200 à 230 000 officiellement par an, clandestins non compris) arrive devant un déficit de travail. Et la France n’est pas un gruyère par hasard (relire Le Suicide français d’Éric Zemmour).
Que les rieurs ne lisent pas ce qui suit
Delpuech se donne un mois pour résoudre « la question rom », si la LICRA, décideuse en la matière, nous autorise à nous exprimer ainsi. Attention, on entre dans une zone jargonisée, que les socialistes adorent, tant le Réel leur fait peur : le dispositif innovant d’insertion est baptisé IEE, soit Intégration par l’Emploi et l’École. On dirait une métastase un peu naze du Pôle Emploi, dont on salue en passant le courage inutile. C’est vrai, écoper l’océan avec des tasses trouées… Coût pour l’État de l’IEE : trois millions d’euros, avec une participation aux frais de l’Europe. Une aide assortie de quelques conditions, tout de même. Écoutons le préfet à l’Égalité des chances Xavier Inglebert :
« Nous demandons aux personnes de mettre fin à tout comportement illicite comme la mendicité, le ferraillage, voire la prostitution, et de s’intégrer dans un dispositif de formation puis d’accès à l’emploi, tandis que leurs enfants seront scolarisés. »
Pas peur des amalgames, le préfet ! En contrepartie, note Le Progrès, les adultes seront nourris et logés pendant trois ans et toucheront 4€ par personne et par jour. L’État prévoit des formations pour ces mêmes adultes « en fonction de leurs aptitudes et de leurs centres d’intérêts ».
On continue ou vous avez mal aux côtes ?
Le Progrès cite un des bleds qui a tiré le gros lot : Saint-Genis-les-Ollières. Hélas, ce charmant petit village abrite déjà, comme l’écrit le quotidien, « un foyer de prévention de la délinquance et un autre de demandeurs d’asile géré par Forum réfugiés », du coup il a voté une motion de censure. Quel manque d’humanité ! On s’étonne d’ailleurs que Libé et Le Monde n’aient pas encore dépêché leurs meilleurs reporters (dont le très impartial Abel Mestre) pour suivre la piste de la Bête Immonde, forcément tapie dans les forêts alentours…
A ce propos, le préfet a qualifié les tracts du Front national relatifs à l’accueil des Roms à Saint-Genis-les-Ollières de « torchons ». Si pour lui « les interrogations des riverains et des élus sont légitimes », il souhaite « que les élus, dans une dimension républicaine, comprennent la nécessité de cette opération ».
Le message est clair : les maires et les riverains sont contre, mais la République est pour. On croyait bêtement que la République c’était un peu toutes les villes et tous les villages de France, maires et administrés compris… Alors, c’est quoi, la République ?
Il semble que cela veuille dire quelque chose comme « l’entité du dessus qui décide souvent contre les intérêts du peuple », et l’administrateur territorial ne fait, en bon (haut) fonctionnaire soumis, que relayer. Pour entamer encore le crédit démocratique de cette décision d’ordre supérieur, la visite du 13 octobre prévue par le préfet Inglebert sur le site de Chapoly (lieu d’atterrissage des Roms à Saint-Genis-Les-Ollières), devant la fronde des habitants, particuliers et professionnels, a été courageusement annulée. L’égalité des chances, elle repassera.
La République, c’est le nom collectif de ceux qui l’ont volée ?
La République, avions-nous écrit un jour, lors d’une invitation de Manuel Vals à l’émission politique de France 2 Des Paroles et des actes (le 6 février 2014), un mois après les « émeutes » pro-Dieudonné de Nantes, c’était l’euphémisme pour le noyau dur qui décide de notre politique, qui va de moins en moins dans le sens des gens. De leurs besoins , et on ne parle même pas de leurs aspirations. Ainsi, la France s’en va-t-elle en guerre contre des entités nébuleuses qu’elle fait mine de bombarder, fraye avec les régimes les plus ignobles ou impopulaires (Arabie saoudite, Qatar, Israël), se colle au cul du camion israélo-américain, piétine une indépendance si chèrement acquise, compte sur un chômage de masse pour complaire au grand patronat, qui voit ainsi ses marges grandir et les employés du pays fermer leur gueule, laisse entrer des clandestins en nombre dans le pays, déséquilibrant un peu plus l’ordre fragile des communautés en place, déjà pas très bien dans leur peau, et dans la peau française.
La République, c’est devenu ce machin qui nous coûte à tous points de vue, et qui ne nous rapporte rien. Un faux bien public, qui n’existe plus, puisque la République a été volée. En dénonçant cette république, on n’attaque pas la communauté nationale qu’elle est censée protéger, et représenter, mais ceux qui ont mis la main dessus, et qui se cachent derrière pour monter leurs coups fumants.
Combien faudra-t-il de Saint-Genis-les-Ollières pour que les Français comprennent qu’on les prend pour des abrutis a-réactifs ? La léthargie nationale, à laquelle E&R ne souscrit pas, est un chèque en blanc accordé à la caste dominante. Nous ne sommes pas contre la domination – il y en a d’éclairées – mais contre cette caste-ci.
« Ont été relevés des problèmes sanitaires posés à des enfants mordus par des rats. Mon pays ne peut pas tolérer ça. Ce n’est pas digne de la République. »
On souhaite beaucoup de courage à Delpuech, coincé entre le chien et l’os, le chien de la Caste et l’os du Peuple, qui ne s’entendent décidément plus. Et au milieu, ces Roms moyenâgeux – soutenus par des associations d’extrême gauche à l’humanisme compréhensif manipulé par un pouvoir cynique – qui sont le symbole de notre déliquescence. Eux n’y sont pour rien, ils vivent comme ils peuvent, c’est-à-dire mal, nous rappelant que la barbarie (le retour à l’état de nature) est à nos portes, celle de nos villes, et que la civilisation n’est pas éternelle. Ces 300 êtres humains ne sont pas en cause – pas besoin d’être raciste pour analyser la situation –, le combat dont nous parlons les dépasse, et on parie déjà que les fenêtres des mobile-homes ne vivront pas longtemps. Pas parce que les Roms cassent tout, halte au cliché, mais parce qu’ils ont besoin d’air, et qu’ils ne tiendront pas longtemps dans cette cage même pas dorée. La solution douce du préfet et de notre pouvoir, c’est d’essaimer des petits camps bien gardés un peu partout, avec des baraques peintes en blanc ! Alors là, si Libé ne reprend pas ce papier, c’est à désespérer de l’antiracisme.
Pour info, quand les Algeco ont été installés en 2013 par l’entrepreneur Alain Sitbon, qui travaille avec Forum réfugiés, à Rillieux-la-Pape, pour héberger les premières familles de Roms expulsées du centre de Lyon (70 individus), aucun des habitants n’a été prévenu. Le camp des Roms a été construit contre – c’est le cas de le dire – un lotissement. Là, les habitants de Rillieux sont devenus nettement moins socialistes.
A bientôt pour un nouvel épisode de votre série « Comment Hollande fabrique des électeurs frontistes avec des électeurs de droite ». Un apprenti sorcier dont Zemmour disait, en substance, qu’il était le roi des coups de billard à trois bandes, mais que parfois, la boule lui revenait dans la gueule.