La Banque Centrale Européenne vient de choisir son camp, et c’est – qui s’en étonnera – celui de l’Allemagne. Par la mesure qu’elle vient de prendre contre la Grèce, elle envoie un signal très clair au nouveau gouvernement : restez dans le cadre du plan d’aide décidé par la « Troïka ».
Mais, elle vient de déclencher un processus qui peut aboutir à l’inverse de ce qu’elle recherche. Loin de faire céder le gouvernement grec, cette mesure pourrait le forcer à prendre des mesures radicales qui, à terme, provoqueraient une rupture définitive entre la Grèce et ses créanciers et conduiraient ce pays à sortir de l’Euro. Telle est la logique du jeu de « poulette » (chicken) que l’on a décrit dans la note précédente.
Les mesures de la BCE
La BCE a donc décidé le mercredi 4 février au soir de suspendre l’exception qu’elle consentait à la Grèce, le fait d’accepter temporairement les obligations d’État grecques en collatéral pour des prêts des banques grecques. Les raisons de cette exception étaient l’adhésion de la Grèce au plan d’aide élaboré par la Troïka, et dont les conséquences ont été si désastreuses, que ce soit pour les Grecs ou pour les finances de l’Etat.
En soi, cette mesure n’est nullement décisive. Mais, il y a peu de doutes qu’elle provoque dans les jours qui viennent à Athènes une panique bancaire, ce que les économistes appellent un « bank run ». Les banques grecques auront désespérément besoin de liquidités. Elles pourront en demander à la BCE dans le cadre d’un programme d’aide urgent à la liquidité bancaire nommé ELA. Mais, ce programme est soumis aux règles de la Troïka et il n’a été renouvelé que jusqu’au 28 février.
Concrètement, cela équivaut à mettre un pistolet sur la tempe d’un gouvernement nouvellement élu pour exiger de lui qu’il renonce à des mesures approuvées par son électorat. On appréciera le sens aigu de la démocratie des dirigeants de la BCE et plus généralement des autorités européennes.