Au lendemain de l’Holocauste, certains intellectuels et humanistes juifs ont exprimé l’idée que « les Juifs d’Auschwitz doivent se situer au premier plan de la bataille pour humaniser l’humanité et pour combattre toutes les formes d’oppression ». C’est un idéal héroïque fondé sur des principes respectables, mais la réalité sur le terrain a été quelque peu différente.
Trois ans seulement après la libération d’Auschwitz, l’État juif a nettoyé ethniquement la grande majorité des autochtones palestiniens. Deux ans plus tard, en 1950, la Knesset israélienne a adopté la loi du retour, une loi raciste qui établit une distinction entre les juifs qui ont le droit de « retourner » sur la terre d’autrui, avec pour conséquence des centaines de milliers de réfugiés palestiniens expulsés de leurs villes et villages.
Dans les sept décennies suivantes, l’Etat juif a commis toutes les violations possibles des Droits de l¹homme. Il a fait de Gaza la plus grande prison à ciel ouvert de l’histoire et a lancé à plusieurs reprises des bombes sur le site le plus densément peuplé de la planète. Récemment, l’État juif a déployé des centaines de tireurs d’élite contre des Gazaouis non armés qui manifestaient à la frontière. Israël en a tué des dizaines et en a blessé plus de 13 000, la plupart gravement, et plus de 1 400 Palestiniens ont été touchés à plusieurs reprises par ces tirs ciblés.
Si l’Holocauste a donné aux Juifs la mission de « sauver » le monde, l’État juif a fait le contraire. Ses crimes contre l’humanité peuvent être considérés comme un déni complet du message de l’Holocauste. Certains juifs qui ont survécu à l’Holocauste ont consacré leur vie à une bataille universelle pour un monde meilleur. Parmi ces héros, il y avait Hajo Meyer, un survivant hollandais d’Auschwitz qui, pour des raisons évidentes, avait vu des similitudes entre ses propres souffrances et le sort des Palestiniens.
En 2003, Meyer a écrit La fin du judaïsme, accusant Israël d’usurper l’Holocauste pour justifier ses crimes contre les Arabes. Il a participé à la tournée 2011 « Never Again – For Anyone ». Il a correctement observé que le sionisme était antérieur au fascisme et il a également confirmé que les sionistes et les fascistes avaient collaboré. Meyer a illustré la promesse humaniste juive post-shoah [Holocauste].
Après Auschwitz, Meyer se situe à l’avant-garde de la lutte contre l’oppression. Meyer a dénoncé Israël. En 2010, lors du « Jour de la Mémoire de l’Holocauste », Meyer a été invité à une cérémonie au Parlement britannique à laquelle participait le député Jeremy Corbyn. Meyer a comparé la politique raciale israélienne aux lois de Nuremberg. Pendant la même cérémonie, Haidar Eid, un universitaire palestinien de Gaza, a déclaré que « le monde avait absolument tort de penser que le nazisme avait été vaincu en 1945. Le nazisme a gagné parce qu’il a finalement réussi à noyer la conscience de ses propres victimes. »
Eid n’a pas « comparé » le sionisme au nazisme, mais il a décrit un continuum idéologique entre l’idéologie nazie et la politique israélienne. Il a soutenu que l’idéologie raciale discriminatoire des nazis avait été reprise par l’État juif et sévissait depuis dans l’État juif.
Récemment, Jeremy Corbyn a été attaqué par le lobby juif pour sa présence à cette cérémonie qui explorait ces principes éthiques universels. Notre candidat travailliste au poste de Premier ministre n’a pas manqué de rappeler que lors de l’événement en question, certains points de vue n¹avaient pas été « acceptés ou tolérés ». Corbyn s’est même excusé « pour les inquiétudes et l’anxiété que cela aurait pu provoquer ».
Je me demande pourquoi mon candidat préféré doit exprimer des regrets pour avoir participé à un échange d’idées sur l’humanisme. Je me demande pourquoi notre prochain Premier ministre ressent le besoin de se dissocier des personnes qui défendent « le plus grand nombre, pas le petit nombre ».
Le message pour nous tous est dévastateur. La bataille pour un monde meilleur ne peut être laissée à Corbyn seul. Inutile de dire que l’État juif et son lobby ne sont pas vraiment à l’avant-garde de l’humanité. Ce sont en fait les Palestiniens qui ont été poussés à la tête de ce combat frustrant. Ne pas voir cela, c’est nier leur holocauste.