À l’occasion du 95ème numéro de L’Heure la plus sombre, Vincent Lapierre et Xavier de Faits & Documents ont reçu Félix Niesche et Alain Soral pour une émission spéciale consacrée à Mai 68.
Écouter l’émission :
Le texte lu par Félix Niesche en début d’émission
Il était une fois une période idyllique que l’on appela les trente glorieuses. Là tout n’était qu’ordre et travail, nation, famille et capital entrepreneurial. Une alliance entre la Droite des valeurs gaulliste et la Gauche du travail communiste, maintenait notre pays dans un heureux compromis : patrons et ouvriers marchaient main dans la main dans l’exception française. Le grand parti de la classe ouvrière d’un bras prolongé d’un manche de pioche indiquait aux ouvriers la route électorale vers l’égalité. Un grand général, si haut que sa tête chenue touchait presque aux étoiles de David offrait l’Algérie française aux assassins du FNL dans un geste vers la réconciliation.
Un jeune juif allemand, ennemi des familles, et ami des petites filles, fut le Juda Iscariote payé trente denier pour enterrer ces illustres Trente. Le 22 mars, hilare, joufflu et reboutonnant sa braguette ouverte par les fillettes, il déclara aux jeunes français du quartier latin qu’eux aussi étaient tous des juifs allemand ! Aussitôt, transportés par cette révélation, les zazous, les yéyés, les jeunes-filles existentialistes, les fils à papa des amphithéâtres, laissant là les flippers, les juke boxes, les œuvres complètes à la langue fourrée de Simone de Beauvoir, décidèrent de refaire une république de Weimar à Paris, et pour commencer de transformer les dortoirs des étudiantes en des lupanars social- démocrates défendus par les nouveaux corps francs, les peaux brunes que l’on ferait pénétrer par dizaines de millions. L’exaltation provoquée par ce programme coloré fut telle que les étudiants mirent à sac la rue Louis Joseph Gay-Lussac et sous les pavés cherchèrent le ressac de la plage. Il n’y trouvèrent que la Grève, mais elle fut si générale, que le vieux général en chu.
Pour contrer ce conte pour gens à valeurs de sabre et de goupillon, ceux du travail, les sociaux anti sociétaux, mettent en avant la grève générale de 10 millions d’ouvriers ; la plus grande grève générale de l’histoire de France et même d’Europe, qui dépasse Mai 1936 par le nombre. Grève que personne n’avait prévu, ni appelé, qui manifestait l’autonomie du prolétariat, avec ses comités d’usines. Ce caractère éminemment prolétaire permet de mettre au second plan l’agitation des étudiants qui jouaient à la révolution bolchévique, comme les antifas d’aujourd’hui jouent à Mai 68. Mai 68 est aussi près de 1917 que nous de Mai 68. Un demi siècle c’est généralement le retard moyen de la conscience par rapport à la réalité.
Marx dit quelque part que tous les grands événements historiques se répètent pour ainsi dire deux fois, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. Les « gauchistes » de 68 étaient des révolutionnaires de comédie. Ils l’ont largement prouvé par la suite, lors du retournement des années 80. Là, presque tous ont capitulés. Leur bagage intellectuel fut épousseté comme une vile poussière sur des livres qu’on a jamais ouverts. Les Maos muèrent en néo cons et les détritus trotskards furent ramassé par la benne à ordure mitterrandienne et jeté dans la fosse puante de SOS Racisme. Leur masque révolutionnaire tomba et leur vrai visage bouffi, effondré parut. A l’image du Gros Lard effiloché qui a fait du lard dans la sociale-démocratie, dont Rosa Luxembourg disait déjà en 1920 qu’elle n’était « qu’un cadavre puant ».
Auparavant, ce caractère parodique éclata lors de la révolution rose, classée orange, car elle avait ses époques, du MLF. Les M.L [marxiste-léninistes] mâles se précipitèrent pour porter leur pancarte réclamant le Droit à l’Orgasme, afin qu’elles aient les 2 mains libres pour imiter un méat vaginal. Elles couinaient à fendre l’âme pour réclamer ce que l’état leur offrait bien volontiers pourtant : la Pilule, inventée dès le début des années 1950, commercialisée à partir de 1960, et autorisée en France à partir de 1967 (loi Neuwirth)...
Pour ma modeste part, à l’époque, convaincu de la nécessité d’une révolution prolétarienne, ce thermidor féministe m’a poussé « à déserter » le combat que je croyais politiquement essentiel, à « trahir » le camp de la révolution, parce que décidément je ne pouvais pas, je ne voulais pas être avec « ça », participer un tant soi peu à ça, à cette chose que je voyais poindre, qu’il me faudra bien des années pour savoir nommer, et qui n’est ni la « féminisation », ni l’émancipation des femmes, ni le pouvoir grandissant des femmes... mais ce que je pressentais sans savoir le nommer, la subversion de la raison, une lutte non plus contre le Capital mais contre la Réalité. J’avais horreur de ce que je voyais. Je croyais que la révolution sociale était nécessaire, mais qu’elle devenait impossible, anthropologiquement impossible, à cause de cette race abjecte, le connard barbu et chevelu, qui n’était là que par les phéromones, pour être au cul des gonzesses. Je haïssais tout en bloc ; la Gauche prise comme un bloc, dans lequel je nous voyais nous fondre. J’avais vingt ans. Et je ne laisserai personne dire que le gauchisme des années soixante dix était le plus bel âge de ma vie. [note]
Sur la misère intellectuelle gauchiste tout a été dit. Je ne vais pas perdre mon temps avec l’autopsie d’un cadavre. Mais au moins son apparition coïncidait avec une nouveauté. L’inédit d’une époque ne doit pas être confondu avec son image spectaculaire. Ceux qui aujourd’hui font du gauchisme un pschitt à l’agent orange, fomenté et fermentée par l’oligarchie, feront demain de bons policiers. (C’est d’ailleurs leur vocation et leur phantasme)
Les « événements » de Mai 68 devraient plutôt être nommé un avènement. L’année 68 et suivantes inaugurent le plus grand renversement de paradigme du monde moderne. L’avènement du monde post moderne. Fondamentalement Mai 68 fut un mouvement mondial, total, idéaliste et utopique. Dans son essence il est hippie, donc chrétien, goy. Changer la vie. Ici et maintenant. Un mouvement utopique contient l’utopie sexuelle, le désir Libération sexuelle. La substance même de notre être générique c’est l’Eros. Le premier des rapports de production c’est la reproduction de la vie, le rapport de reproduction, le rapport entre les sexes. Le cœur, le centre, l’essence, de cette révolution utopiste, est là, et nulle part ailleurs. Il est à Woodstock. Le fondement de mai 68 n’est pas l’économie politique mais l’économie libidinale.
Le désir de révolution sexuelle implique le désir d’émancipation de la femme de son hypergamie. Là gît le fondement, la cause finale de son retournement, de son échec obligatoire. Le féminisme étant la haine anti sexuelle, « l’ antisexisme », étymologiquement. L’envie du pénal et de répression sexuelle à l’image du mental des gougnottes levantines névrosées qui l’ont fondé.
Si Mai 68 est le moment de la crise, de la fièvre, on ne peut pas en faire le père du post moderne. Certes il l’est dans un sens chronologique, mais César est aussi le père de Brutus. C’est sur son cadavre, sur le cadavre des illusions de Mai que va s’édifier le nouvel ordre impérialiste. Mais 68 fut si mondial, si nouveau, si total qu’il portait en lui même sa propre négation. Ce n’est pas le vieux monde qui triompha des utopistes, c’est l’utopie qui changea de signe, de sens. L’enjeu était ou bien enterrer le capitalisme putréfié ou bien la putréfaction du monde. Ou bien changer le sens et le but bourgeois de la vie, ou bien changer la vie et le look des bourgeois.
Il est erroné de faire d’un mouvement aussi mondial, aussi imprévisible, une révolution orange. C’est une projection du crétinisme contemporain qui fait suite à une longue période de déconnaissance.
« Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, — qu’il n’en est rêvé dans toute ta philosophie »
La réalité sera toujours plus dense, plus dansante, plus foisonnante, plus étonnante, que toutes les constructions des petits ego. Que tous les systèmes issus du mental. Hormis le situationnisme, aucun ne fut à la hauteur de ce qui naissait. Aucun aujourd’hui n’en rend compte.
Dupés par les bacchanales électrifié du techno fascisme LGBT certains nommèrent libéral libertaire ce monde post moderne répressif, castrateur, policier, ou Tout, ou à peu près, est interdit. Les dandinements convulsifs synchronisés, les Tam Tam africains, les féministes hystériques, la communauté des Lumières Reine de la fête, tout paraît le contraire du fascisme. Ce n’est qu’un fascisme contraire. Un fascisme femelle, juif, homosexuel paraît une ineptie. Pourtant il correspond aux nouveaux impératifs catégoriques de l’Impérialisme décomposé. Il pousse le marché jusque dans le ventre des femmes.
Le féminisme, intégral irrationalisme, qui postule que la réalité n’existe pas, mais seulement des représentations qui sont autant de "stéréotypes" forgés par le Patriracat, convient très bien comme philosophie fondamentale de ce néofascisme de la pourriture. Ce qui n’est pas rationnel, n’est pas réel. La réalité n’est pas forcément l’attribut d’un état de chose existant
Arthur Rimbaud :
« La vraie vie est absente. »
Gottfried Benn ( poète expressionniste allemand, national-socialite) en 1929 :
« Il n’y avait plus de réalité, tout juste sa caricature. »
Jésus a comparé le monde et sa pseudo réalité à un « cadavre ». Il nommait « le Père » le Vivant. Le monde post moderne est post mortem, comme le disait Bernanos son agitation n’est que l’agitation des vers du cadavre.