Est-ce le racisme des Français et de son sélectionneur national qui a gâché la carrière de Samir Nasri ou son attitude « racaille » dans les clubs, la presse et les vestiaires ?
À 4’37, le journaliste évoque la relation de Nasri avec Deschamps.
« J’ai du mal avec les gens qui ne sont pas entiers, qui ne sont pas francs. »
Et quand à 10’13 il demande à Nasri pourquoi Benzema est dans l’œil du cyclone, il répond :
« Ses origines, bien sûr. C’est clair, j’l’ai vécu aussi, donc je peux dire la même chose. Hatem [Ben Arfa] il l’avait vécu aussi... Après il [Benzema] a eu des déclarations malheureuses [« Deschamps a cédé sous la pression d’une partie raciste de la France »]... C’est pas une question de valeur sportive, c’est pas vrai, c’est pas possible. Et puis normalement un entraîneur doit prendre les meilleurs joueurs, les joueurs qui vont le faire gagner et aujourd’hui on ne peut pas me dire qu’une équipe avec Karim Benzema est moins forte qu’une équipe sans Karim Benzema. »
Le journaliste à 11’19 : « Mais toi tu penses qu’il y a un fond de racisme ambiant qui a joué... » Nasri : « Pour moi c’est oui, pour moi oui. »
La force et la faiblesse du foot, à part le jeu et son économie, c’est qu’il cristallise tous les problèmes de société. Et particulièrement celui du racisme. Or le foot n’est pas raciste, c’est même le domaine qui a montré avant tous les autres que l’intégration était possible et profitable à tous. On ne va pas refaire l’histoire de l’équipe de France avec ses Noirs et ses Arabes, mais quand l’équipe d’Angleterre laissait les joueurs noirs à sa porte, la France faisait déjà jouer les siens.
Aujourd’hui, que cela plaise ou non, les Noirs et les Arabes sont avec les Blancs en équipe de France, et cela donne une des meilleures équipes du monde. Sauf quand le gauchiste antiraciste Raymond Domenech la dirigeait, avec les résultats que l’on sait. La direction des hommes et du jeu, tout est là. Or les joueurs qui par leur comportement n’entrent pas dans un schéma de jeu cohérent avec le souci du collectif, ne sont pas les bienvenus en équipe de France. Ceux qui suivent les matches des Bleus savent que Benzema n’y foutait plus rien, se consacrant uniquement à son club le Real de Madrid, qui le payait, et grassement. Benzema se servait de ses sélections en bleu uniquement pour ne pas perdre sa cote internationale. Sur le terrain, il faisait le minimum syndical. Quand Deschamps a vu ça, il a réagi à la Deschamps : avec autorité, et tranchant.
Que Samir Nasri, footballeur très doué mais à motivation variable dans tous ses clubs successifs, et Karim Benzema, footballeur très doué mais à motivation variable chez les Bleus, pensent qu’il s’agit de « racisme », c’est une manière de ne pas voir leurs manquements au collectif, à l’autorité, et à tout ce que représente l’équipe de France, qui est une sorte de transcendance. Et personne n’a jamais vu Benzema se transcender pour les Bleus. Il a d’ailleurs dit lui-même qu’il se sentait plus algérien que français. La chose à ne pas dire dans une France qui retrouve sa fierté et son patriotisme !
Le Monde du 10 décembre 2016 est revenu, dans sa défense de Karim Benzema, un Benzema défendu par Maître Jakubowicz dans l’affaire du chantage à la sextape de Valbuena (faut-il y voir un rapport ?), avec un article des Décodeurs intitulé « les citations déformées de Karim Benzema sur l’équipe de France et l’Algérie ».
Voici ce que serait la déformation :
Et voici le contexte, rapporté par le journal, une interview de Benzema dans l’émission Luis attaque sur RMC le 6 décembre 2006 :
Luis Fernandez : « Karim, alors, la sélection algérienne, est-ce que pour toi c’est possible ou c’est plus possible la sélection française… »
Karim Benzema : « Ben… Non… Tout à l’heure j’ai eu une discussion avec le président [et] l’entraîneur, on a bien parlé maintenant moi je dis l’Algérie, voilà… C’est le pays de mes parents, c’est dans le cœur. Mais bon après sportivement, c’est vrai que je jouerai en équipe de France. Je serai là toujours présent pour l’équipe de France. »
Luis Fernandez : « Si j’ai bien compris t’as fait un choix, ton choix à toi se porte sur l’équipe de France. »
Karim Benzema : « Ouais voilà. »
Luis Fernandez : « C’est pas l’Algérie... »
Karim Benzema : « Non. »
Florian Genton : « À un moment donné vous vous êtes posé la question quand même Karim ou directement vous vous êtes dit c’est l’équipe de France pour le côté sportif ? »
Karim Benzema : « Ben… C’est plus pour le côté sportif, parce que l’Algérie c’est mon pays, voilà, mes parents ils viennent de là-bas. Après, la France… C’est plus sportif, voilà. »
C’est sûr qu’on ne sent pas un patriotisme (français) forcené chez Karim ! Ce que les supporters de l’équipe de France ont ressenti, à la fois sur le terrain et dans les déclarations du joueur. Dernière chose : la Fédération française de football, qui a pris le problème du racisme très au sérieux, s’appuie sur des sondages d’opinion pour savoir si tel ou tel joueur plaît aux gens, car le foot est une affaire de cohésion nationale, pas seulement un divertissement. Et tous les joueurs clivants étaient rejetés par les interrogés. En faisaient partie Jérémy Ménez, Hatem Ben Arfa, Samir Nasri et Karim Benzema, cette fameuse génération « 2007 ».
D’excellents joueurs qui n’étaient pas rejetés pour leurs origines (Ménez n’est pas d’origine maghrébine) mais bien pour leur comportement de « racailles » en dehors du terrain, dans les vestiaires et avec la presse. Franck Ribéry en a fait l’amère expérience, lui qui s’est pris pour le « caïd » de l’équipe de France et qui l’a menée dans le caniveau en 2010. Depuis, le sélectionneur des Bleus ne donne plus les clés du camion à des joueurs qui ne montrent pas d’amour pour le maillot bleu (même si ce n’est qu’une attitude, mais en matière médiatique, c’est ce qui reste), et qui ne se transcendent pas pour lui.
Zidane et bien d’autres ont montré que ni l’équipe de France ni son sélectionneur ne sont, ne peuvent être racistes.