Les syndicats de policiers ont de nouveau rendez-vous, lundi 9 octobre, avec Gérard Collomb. Il s’agit de tenter de sortir du conflit qui oppose les CRS au ministre de l’Intérieur. Les policiers des Compagnies républicaines de sécurité sont en colère depuis plusieurs semaines contre le projet du gouvernement de fiscaliser leurs indemnités de déplacement (Indemnité journalière d’absence temporaire – IJAT).
Quel est le quotidien, quelles sont les conditions de travail et les revenus d’un CRS ? Farid, CRS dans une compagnie de banlieue parisienne, a accepté de répondre à franceinfo. Il y a 14 ans, le Bac en poche, il a passé un an à l’école de police. Il y a appris le sang-froid indispensable au métier, dit-t-il, loin du cliché du policier « bête et méchant qui ne sait que taper ».
« Ce qui nous incombe c’est la sécurité de nos concitoyens. Ce n’est pas simple. Il faut être fort psychologiquement, ne pas céder à des insultes ou à des jets de projectiles derrière votre bouclier », explique-t-il, « fier » d’appartenir à ce corps de la Police nationale.
Des policiers devenus des cibles
Farid a été mobilisé lors des émeutes de 2005 et 2007, a passé des mois à Calais, mais c’est au cœur des villes, dans des manifestations toujours plus tendues depuis deux ans, qu’il a eu le plus peur. « On a passé un cap de violence gratuite, avec des jets de cocktails Molotov, témoigne le policier. On ne sait pas ce qu’on va devenir dans les minutes qui suivent une attaque-éclair comme ça. »
« Quand ça explose à côté d’un collègue et que vous voyez le collègue prendre feu, vous vous dites le prochain c’est peut-être moi. »
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200 jours par an en déplacement
Depuis 2015, les CRS composent aussi avec le risque terroriste. Le moindre rassemblement nécessite une sécurisation, sans que les équipements suivent, déplore Farid, qui nous montre les véhicules « très fatigués » de sa compagnie. « Celui-ci doit frôler les 300 000 kilomètres. Les sièges ne se rabattent plus. » L’équipement de protection individuelle est aussi au centre des préoccupations. « Parce qu’on a pleuré, on commence à avoir des gilets pare-balles lourds, nouvelle génération. Mais ce n’est pas encore ça », dit le policier.
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« On est beaucoup sur les routes », résume le policier qui accepte ces obligations liées à la fonction des CRS. « C’est le jeu », dit-il. « Mais tous les acquis, on essaie gentiment de nous les sucrer. Et on se retrouve à se demander si maintenant ça vaut le coup de se sacrifier financièrement, moralement, physiquement », poursuit-il.
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Le Monde diffusait cette vidéo le 3 mai 2016 après les manifestations contre la loi Travail :