La démission de Bruno Le Roux vient conclure un quinquennat qu’avait inauguré la démission de Jérôme Cahuzac. Un scandale de plus, après l’affaire Thévenoud et quelques autres ; un scandale de trop. On dira qu’il était normal que le roux vire au marron. Mais n’oublions pas que l’homme était ministre de l’intérieur, un poste décisif dans les circonstances actuelles.
Alors qu’il ne reste plus que quelques semaines à vivre à ce gouvernement, le voici à nouveau éclaboussé par ce qui aura été décidément la marque de fabrique du quinquennat de François Hollande : le mensonge, la rapine, le goût de l’argent et le mépris du peuple.
L’exemple vient de haut
Car, l’exemple vient de haut. Le président de la République ne s’est jamais complètement relevé de l’incident des « sans dents », lui qui n’hésitait pas à jeter des beefsteaks à la poubelle quand ils ne lui convenaient pas. Ces incidents furent révélés par son ancienne compagne, certes toute à la colère d’une femme outragée, mais elle n’eut pas à noircir le tableau.
Oui, l’exemple vient de haut, et l’on s’en est rendu compte avec la publication, en 2016 du livre Un Président ne devrait pas dire ça, qui révélait un homme vantard et faible à la fois, tenant des propos plein de mépris en privé pour les couvrir de la plus hypocrite bien-pensance dès qu’il était en public. Ce livre surtout révélait en François Hollande un homme plus soucieux de paraître que d’être, un homme plus intéressé par les discussions avec les journalistes que par les taches de l’État.
Le scandale originel
Ce nouveau scandale conclut donc le quinquennat. Mais, il n’est que le prolongement logique, quoique anecdotique, d’un autre scandale. Élu pour combattre la « finance », François Hollande s’est fait son plus fidèle serviteur. Élu sur le projet d’une renégociation du traité dit « Merkozy » (Merkel-Sarkozy), il n’a eu de cesse, à peine élu, de le faire ratifier sous la forme du TSCG. Dans Le Roi s’amuse, Victor Hugo fait dire à Triboulet, le bouffon du Roi « Sire, je ne viens pas redemander ma fille/Quand on n’a plus d’honneur/On n’a plus de famille... ». Il y a là une terrible vérité. Quand les hommes politiques n’ont plus d’honneur, et l’honneur ici est de servir le bien commun et la communauté nationale, ils n’ont plus de probité.
On perçoit mieux, alors, le rôle fondamental de la souveraineté. Elle lie les dirigeants à leur peuple, elle leur confère le pouvoir mais elle les oblige aussi à la responsabilité devant ce même peuple. C’est cela le sens très profond de la souveraineté, sens qui s’exprime de manière particulièrement évidente dans la forme moderne prise par ce principe de souveraineté populaire. Mais François Hollande n’est même pas Triboulet, et ses saillies ne font rire que ses obligés.
François Hollande, comme Nicolas Sarkozy avant lui, a mis la souveraineté du peuple à l’encan. Et c’est là la racine profonde, la racine cachée, mais la racine évidente des multiples scandales qui ont entaché les quinquennats de l’un comme de l’autre.
Clarification
François Hollande, devant son bilan désastreux, a décidé de ne pas se représenter. Mais, aujourd’hui, il fait tout pour favoriser celui qui est son héritier réel, même s’il n’est pas son héritier politiquement légitime : Emmanuel Macron. Ce dernier fait partie du sérail hollandiste depuis des années, comme conseiller d’abord, ministre ensuite. Il porte une large part de responsabilité dans la politique économique catastrophique de François Hollande, une politique qui a mis le chômage au plus haut. Son élection signifierait la répétition des mêmes maux, mais aussi des mêmes scandales. Il n’y a qu’à voir la nature de ses soutiens politiques. Est-ce cela que les français veulent ?
Commencé par un scandale, ce quinquennat fut fondé sur un scandale et il s’achève par un scandale. Au moins, les choses sont claires…