Qu’on ne s’y trompe pas : c’est le vrai fond de la politique Macron. Le reste n’est que poudre aux yeux.
Les services publics vont être désossés un à un, le grand capital y découpera les meilleurs morceaux, laissant le reste à un État en difficulté, sans moyens ni rentrées. Ce que Darmanin achève a déjà été initié à La Poste, à savoir la fin de l’embauche de fonctionnaires au profit de contrats dits privés.
Darmanin justifie la surtaxation des Français avec la pollution... Pour voir l’émission entière, cliquez ici.
Le ministre de l’Action publique était donc l’invité du Grand Rendez-Vous d’Europe 1 le 28 octobre 2018. À 8’16 il met cartes libérales sur table :
« Excusez-moi de vous dire que le président de la République et sa majorité parlementaire a été élu sur la promesse de transformer profondément le pays, pas pour regarder effectivement les choses se passer et ne mécontenter personne, parce que qui fait quelque chose parfois on mécontente. L’objectif c’est la prochaine génération, en effet, ce n’est pas la démagogie de l’instant. »
Le mécontentement des uns (une majorité de particuliers), c’est le contentement des autres (une minorité de grandes entreprises). Cependant, les baisses des charges concédées aux entreprises (baisse de l’impôt sur les sociétés, suppression de l’ISF) n’ont jamais produit une baisse du chômage. Ces pseudo-réformes de structure n’ont pas l’effet escompté par les libéraux macroniens. Les entreprises en ont profité et en profiteront toujours pour améliorer leur trésorerie, sans prendre le risque de l’embauche tant la conjoncture est fluctuante.
À 16’40 le sujet de la réforme de la fonction publique est abordé. Quand le journaliste Darmon lui demande s’il a toujours « l’ambition de réformer l’État », il faut comprendre affaiblir l’État, qui perd chaque jour du pouvoir sur le CAC 40 et les lobbies bien que là, on ne parle que d’économie. Quand Darmanin explique qu’il va porter une réforme de la fonction publique « extrêmement courageuse », c’est que le « sang » social va couler. Bien sûr, c’est une image.
Le ministre veut limiter les embauches de fonctionnaires au profit des contrats privés, qu’il veut carrément « généraliser ».Il annonce qu’il va « rémunérer les agents au mérite », soit la tarte à la crème de Sarkozy il y a 10 ans. En gros les nouveaux entrants dans la fonction publique auront des contrats de 5, 10 ou 15 ans, seuls pourront conserver leur statut de fonctionnaire – et les avantages qui vont avec – ceux qui travaillent dans les « fonctions les plus régaliennes ».
Il s’agit de dégraisser les effectifs de l’État de 50 000 fonctionnaires d’ici 2022, ce à quoi Macron s’est engagé (auprès de ses sponsors du grand patronat et de la Banque ?) et ce qui a été approuvé, sans en imaginer les conséquences, par 66% des électeurs en mai 2017. Aujourd’hui, 72% des Français estiment que leur pouvoir d’achat a diminué... Seuls 6% des sondés estiment que leur pouvoir d’achat a plutôt augmenté, selon un sondage IFOP pour le JDD.
« C’est la fin de l’emploi à vie », résume une journaliste. Un moment historique dans la politique sociale française d’après-guerre (l’esprit du CNR) et une « ligne rouge » à ne pas franchir pour les syndicats, qui ont déjà réagi par la voix de leurs représentants, mais qui n’ont plus beaucoup de pouvoir : la plupart des réformes ultralibérales macroniennes sont passées presque comme une lettre à la Poste. Une Poste dont les bureaux ferment à grande vitesse...