Le seuil de pauvreté, c’est quoi ? 1 000 euros par mois. Tous ceux qui, seuls, en couple ou en famille, gagnent moins de cette somme sont considérés officiellement comme pauvres. En France, cela correspond à 9 millions de personnes. Et dans ces presque 10 millions, plus de 2 millions vivent avec moins de 670 euros par mois. Eux, ce sont les « minimum social ». Ce mardi 17 octobre 2017, c’est la journée mondiale de la Misère. Ça a été décrété.
« Le taux de pauvreté moyen en France est d’un peu plus de 14% (dans la moyenne des pays de l’UE). Mais le taux atteint près de 20% chez les enfants et les jeunes (3 millions d’enfants, soit 1 enfant sur 5 vit dans une famille sous le seuil de pauvreté), ainsi que 36% chez les familles monoparentales et 70% dans ces familles quand les mères sont inactives. » (BFM TV)
L’emploi, un rempart contre la misère
Souvent, ces très pauvres sont des femmes seules qui ne travaillent pas et qui ont des enfants à charge. Elles touchent alors l’allocation de solidarité spécifique d’un peu plus de 16 euros par jour, plus l’aide personnalisée au logement, calculée en fonction de l’habitation et des revenus. L’APL prend en charge une partie du loyer, pas tout. Au bout du compte, ces foyers vivent sans gras, en jonglant avec les promos dans les supermarchés pour arriver à nourrir tout le monde. Inutile de dire qu’il n’y a pas de vacances, pas de week-ends, pas de dépenses hors survie. Cependant, la société, à travers les services communaux, offrent des tarifs préférentiels sur les loisirs à de telles familles. Parfois le dénuement est tel que des tickets restaurant, des appareils ménagers sont donnés aux nécessiteux.
Souvent, l’État devient de fait le tuteur des familles les plus défavorisées, et les assistantes sociales peuvent y faire des visites, pour voir par exemple si les enfants ne manquent de rien, une à deux fois par mois. Ces familles cumulent des handicaps plus lourds, comme l’alcoolisme, la drogue, le manque d’instruction (analphabétisme). Mais ne tombons pas dans la caricature à la Zola.
Cependant, il y en a qui passent sous les radars sociaux, qui ne réclament ni ne geignent. Ceux-là sont souvent plus atteints par la misère, car ils restent « dignes » ou silencieux dans leur situation. Non que les autres seraient indignes, mais ces derniers n’hésitent pas à faire appel à la générosité publique, parfois de manière vindicative. Tout le monde a déjà vu des mères de familles s’énerver à la sécurité sociale...
Le paradoxe en France, c’est que l’État a trouvé des dizaines de milliers de places de logement pour les migrants, clandestins et autres réfugiés, mais que des centaines de milliers de familles françaises sont mal logées. Idem pour les aides sociales. Tout dépend donc de la politique de redistribution.
L’emploi n’est plus un rempart contre la misère
Dernière chose, soulignée par Marie-Aleth Grard, la vice-présidente de l’association ATD-Quart Monde : la grande pauvreté touche des gens qui travaillent, mais en situation de grande précarité. Des jobs mal payés et payés à la tâche, ce qui rend ces employés non permanents extrêmement malléables et soumis aux aléas du marché, c’est-à-dire du profit. C’est la tiers-mondisation de notre pays, un des effets de la mondialisation, mais aussi du mondialisme.
La mondialisation est un processus économique d’ouverture des pays et de développement des échanges mondiaux, avec des heurts inévitables entre niveaux de protection sociale, tandis que le mondialisme est l’idéologie qui a pour but de profiter de ces différences. Une façon d’exploiter la misère des pays en voie de développement (pré-industrialisés) pour limiter les appétits sociaux légitimes des peuples des pays industrialisés. C’est jeter la misère (migrants économiques) contre les pauvres ou moins pauvres afin de détruire les régimes de protection sociale qui sont l’un des derniers obstacles au profit absolu, universel, généralisé. La protection sociale est la dernière frontière que le profit doit faire sauter. Et il s’y emploie !
Chez nous la casse sociale est évidente, visible, elle saute aux yeux. Et pourtant, les bénéfices de nos 50 plus grandes entreprises n’ont jamais été aussi élevés. Est-ce à dire que ces sociétés sont à l’origine de la misère des autres ? Non, mais la redistribution ne se fait plus comme avant, il y a même captation : les grandes entreprises qui le pourraient ne participent pas ou de moins en moins à la solidarité nationale. Normal, elles se considèrent comme inter ou multinationales. Pour les autres, pour le peuple, pous les pauvres, il y a le multiculturalisme et tout ce qui va avec. Si les unes profitent avec délectation des différentiels sociaux, les autres encaissent durement les différentiels culturels...
Cet égoïsme économique est un des signes majeurs de notre temps. Et le président que les Français ont choisi ne va pas dans le sens d’une correction de cette tendance, bien au contraire. 66% des (suffrages exprimés des) Français ont voté pour lui, croyant se protéger du danger national ou « fasciste ». Ils se retrouveront de plus en plus le cul dans l’eau, sans vraiment comprendre le rapport entre leur choix électoral et la précarisation de leur situation.
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