Dans le nord de la France, à Roubaix, 46% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 980 euros bruts par mois. C’est 30 points de plus que la moyenne nationale, et cela en fait la commune la plus pauvre de France. En 2012, les Roubaisiens avaient voté à 67% pour François Hollande. Cinq ans plus tard, quelles sont leurs attentes ?
Emmitouflée dans son manteau, Djamila tire un cabas plein à craquer. Cette mère de deux enfants vient de terminer ses courses et s’apprête à rentrer chez elle. Comme d’habitude, Djamila s’en est tenue au strict nécessaire. « Pas le choix avec un salaire de 800 euros par mois », déplore la femme de ménage.
En 2014, une étude Compas plaçait Roubaix en tête des 100 grandes communes françaises les plus pauvres de France. Ce que Djamila attend des candidats ? « Des promesses sur le pouvoir d’achat », tranche-t-elle sans hésitation. Seize ans après le passage à l’euro, elle continue de tout convertir en francs. « Avant, avec 100 francs, on remplissait le cabas pour deux semaines. Aujourd’hui, même à Lidl, on n’a pas grand-chose ».
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Daniel a longtemps travaillé dans une filature de Roubaix. L’âge d’or du textile lui paraît bien lointain. Lorsqu’il en parle, le retraité semble un brin nostalgique. « Tout ça, c’est mort. A Roubaix, il n’y a guère plus que la CAF et Pole Emploi qui marchent. Par ici, le travail se fait rare ». Son regard se dirige vers un homme qui balaie le trottoir. « C’est pas un métier, ça. On a rangé les balayeuses automatiques pour les remplacer par des gens avec des cirés jaunes pour les faire sortir des statistiques du chômage », ironise le vieil homme.