Dimanche le 28 octobre 2018, Jair Bolsonaro vient d’être déclaré le nouveau président du Brésil. Il remplacera officiellement le président actuel, Michel Temer, le 1er janvier 2019. Désormais l’extrême droite est au pouvoir avec « Dieu au-dessus de tout ». Jair Bolsonaro, le capitaine de 63 ans, a remporté la victoire avec 55,5 % des votes contre 44,5 % pour Fernando Haddad.
Le Brésil demeure divisé alors que Bolsonaro l’a emporté dans 15 états, dominant toutes les régions sauf le Nord-Est et l’état du Para (Nord) qui sont demeurés fidèles au candidat du PT. Haddad a conquis 11 états lors du deuxième tour. Sao Paulo (67,97 % des votes) et Rio de Janeiro (67,95 %) sont des états majoritairement bolsonaristes. (source : em.com) La géographie électorale est demeurée sensiblement la même qu’au premier tour pour l’ensemble des états.
L’annulation du vote a fortement augmenté au cours de ces élections : 7,4 % des Brésiliens (augmentation de 60 % par rapport à l’élection de 2014 ont annulé. « En tout, 42 millions de Brésiliens n’ont choisi aucun candidat » (30 % de la population). »(incluant les abstentions, les votes annulés et en blanc)
Cette campagne électorale s’est traduit par des comportements haineux de la part des partisans de Bolsonaro, la peur de l’autre, l’incertitude et la colère de plusieurs. Les réseaux sociaux ont également joué un rôle fondamental dans cette campagne. Une période électorale n’a jamais été aussi « émotionnelle » selon beaucoup de Brésiliens, particulièrement ceux qui ne voulaient surtout pas voter pour LUI (Bolsonaro). Des familles, des amis, des collègues de travail se sentaient divisés entre eux alors que l’extrême droite-droite prenait de l’avance dans les intentions de vote. De plus, le débat politique entre les candidats a été inexistant puisque Bolsonaro a refusé de débattre ses idées avec le candidat du PT, Fernando Haddad.
Après l’annonce de sa victoire Jair Bolsonaro a lu un discours en se disant pour « la démocratie et la liberté » et pour le respect de la Constitution. Mais Dieu aura-t-il un rôle à jouer dans ce gouvernement ? Bolsonaro a mentionné plusieurs fois le nom de « Dieu »,avec les mêmes expressions utilisées lors de sa campagne, comme « Dieu au dessus de tout ». Le nouveau président (évangélique) a prononcé son discours de sa maison à Barra Tijuca à Rio de Janeiro en commençant ainsi :
Vous saurez la vérité et la vérité vous rendra libre. Je ne me suis jamais senti seul, j’ai toujours ressenti la présence de Dieu et la force du peuple brésilien, des prières d’hommes, de femmes, d’enfants et de familles entières qui, devant la menace de suivre un chemin qui n’est pas ce que les Brésiliens veulent et méritent, Le Brésil avant tout. Je fais de vous mes témoins en disant que ce gouvernement sera un défenseur de la Constitution, de la démocratie et de la liberté. Ceci est une promesse non pas d’un parti, ce n’est pas la parole de l’homme, c’est un serment à Dieu. La vérité libérera ce grand pays et nous transformera en une grande nation. La vérité fut le phare qui nous a guidés ici et continuera à éclairer notre chemin. (Discours de Jair Bolsonaro)
La fin de son discours a été suivi d’une prière récité par le sénateur Magno Malta (PR-ES). Jair Bolsonaro était entouré de ses partisans et un noir avec le t-shirt jaune se tenait debout à l’arrière de celui-ci, comme si on voulait faire oublier le racisme du nouveau président. L’élection de Bolsonaro renforce ainsi l’influence des évangéliques au sein du pouvoir.
Au sujet de l’économie, on peut s’attendre à des négociations prochaines avec les créanciers, le FMI et Washington. Éliminer la dette publique à tout prix…
L’emploi, les revenus et l’équilibre fiscal font partie de notre engagement en nous rapprochant des opportunités et en travaillant pour tous. Nous briserons le cercle vicieux de la croissance de la dette pour le remplacer par le cercle vertueux de la réduction des déficits, de la réduction de la dette et de la baisse des taux d’intérêt. Cela stimulera les investissements, la croissance et la création d’emplois. Le déficit public primaire doit être éliminé le plus rapidement possible et converti en excédent, tel est notre objectif. (Discours de Jair Bolsonaro)
Le gourou du président, Paulo Guedes, a déjà été nommé le futur ministre des Finances. Guedes envisage la privatisation massive des entreprises d’État. Il prétend mettre à la fin de la crise économique. Cependant il est certain que de nouvelles mesures d’ajustement structurel risquent de fracasser davantage l’économie nationale et le Brésil pourrait connaître une crise beaucoup plus profonde.
Bolsonaro a indiqué qu’il avait l’intention de proposer l’indépendance de la Banque Centrale, « ce qui donnerait plus de liberté pour définir l’ensemble de la politique monétaire du pays » (nexojournal). L’indépendance de la Banque Centrale pourrait se résumer à un contrôle total de l’extérieur, soit Washington. À suivre de près…
Bolsonaro a terminé son discours en évoquant une fois de plus le nom de Dieu :
Nous sommes un grand pays et maintenant nous allons, ensemble, transformer ce pays en une grande nation, une nation libre, démocratique et prospère. Le Brésil avant tout et Dieu au dessus de tous. (Brasil acima de tudo e Deus acima de todos.) (Discours de Jair Bolsonaro)
Les Brésiliens qui ont voté « EleNao », Non, Pas Lui, ont vécu ce moment historique, élection d’un gouvernement d’extrême droite, comme une défaite pour la véritable démocratie, celles de tous les Brésiliens. Les Brésiliens devront s’organiser de nouveau et créer de nouvelles forces face à l’État qui a pris un virage radical vers la droite (voire extrême droite). Les Brésiliens, les activistes et tous les mouvements sociaux devront continuer leurs luttes et la résistance.