C’est reparti, non comme en 40 mais comme en 95, date des dernières grandes grèves nationales et date, on peut le dire, du dernier soubresaut social sérieux en France. Résultat de cette lutte qui clôt un cycle démarré à la fin des années 70, celui du début de la crise industrielle ? Alain Juppé perd son autorité de Premier ministre, et c’est tout.
Deux decennies plus tard, un prédateur libéral mieux adapté aux croyances populaires (le « progrès », la « paix », la « liberté ») emporte le morceau et impose un traitement de choc libéral définitif à la France. De manif monstre, point. La France a-t-elle perdu ?
La SNCF et ses cheminots symbolisent la France d’avant (ce qui ne veut pas dire retardée), la France de l’économie mixte, celle d’un État central fort qui retient les chiens capitalistes affamés en laisse, la France sociale et nationale sortie du Conseil national de la résistance (CNR) d’après-guerre. Une France qui a fait la preuve de son efficacité et dont tous les agents économistes placés dans les médias nous disent qu’elle est inefficace dans une économie-monde mondialisée. La mondialisation aurait eu raison du modèle français.
Pas sûr. En tous les cas, la dé-socialisation et la dé-nationalisation de notre pays va avoir des conséquences qui d’abord retomberont sur les Français passifs, ou peu conscients (on pense aux retraités qui ont voté Macron en masse et qui se sont fait niquer sur la CSG parce qu’avec eux, le pouvoir est sûr de ne pas avoir de révolte), mais ensuite sur les responsables de cette « réforme ».
En agriculture, la vache de « réforme » est celle qui a donné du lait toute sa vie et qui, à la fin, est sacrifiée... en viande. De mauvaise qualité d’ailleurs. La vache laitière finit en bête à viande. Métaphore à méditer...
Voici, en ce mercredi 28 février 2018, les premières réactions au traitement de choc libéral du couple Macron-Philippe.
D’abord, une pensée pour ces putain de cheminots milliardaires qui n’en branlent pas une :
Ils appellent ça des fainéants. Les cons !
Solidarité avec les #cheminots ! pic.twitter.com/tUVOxic2pK— Antigone_75020 (@Antigone_75020) 26 février 2018
Des cheminots qui jouissent de tous les avantages acquis de leur régime spécial, dont le burn out et le suicide :
Sinistre preuve que les #cheminots ne sont ni des privilégiés ni des nantis : il y a un gros problème de suicides à la #SNCF. https://t.co/769T4HnKSd
— Thomas Guénolé (@thomas_guenole) 27 février 2018
« Tu comprends le problème de la SNCF c’est le statut des cheminots » pic.twitter.com/FJWfKtTxPq
— Guillaume Blardone (@gblardone) 28 février 2018
Ensuite, une pensée pour le pauvre François de Closets, qui a voué sa vie à la destruction du modèle français, et qui marche sur une mine :
En plus de remettre les choses au clair sur le statut de cheminot, ce syndicaliste –qui était au Bataclan– inflige une énorme baffe à l’éditorialiste François de Closets qui compare la grève à « une prise d’otage des français ».
Merci.pic.twitter.com/qt5gDIozQ4
— Max (@MaximeHaes) 27 février 2018
Petit focus sur la question-réponse qui brûle les lèvres des journalistes aux ordres :
Une question pas du tout orientée. Purement pédagogique (Pujadas) avec Dominique Seux (pédagogue). pic.twitter.com/zFUU9q2VnV
— Henri Maler (@HMaler) 27 février 2018
Pour info, Le Parisien nous annonce que la grande grève n’aura pas lieu avant le 22 mars. On va peut-être voyager gratuit dans trois semaines ! Un peu d’humour ne nuit pas, et n’empêche pas le combat :
Réforme de la SNCF : les trains seront désormais conduits par des coursiers Deliveroo https://t.co/9yGHQRSbra
— Le Gorafi (@le_gorafi) 27 février 2018
Quatennens, le petit révolutionnaire qui monte, envoie une salve à Darmanin :
"Chacun des français, qui prend ou pas le train, paie chaque année 340 euros pour faire fonctionner la SNCF", dit @GDarmanin dans #RTLMatin avec @EliMartichoux
— RTL France (@RTLFrance) 27 février 2018
Infect. Il va nous la faire pour tous les services publics (hôpital, école etc...) ?! Et les milliards d’euros de cadeaux que #Macron fait aux riches, ça coûte combien chaque année à « chacun des français » ? #SNCF https://t.co/nhwxMAvC2s
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 27 février 2018
Même les mecs de droite s’y mettent, serait-ce l’union sacrée autour du Rail français ?
#SNCF Les usagers sont les "grands absents" du rapport Spinetta pour Xavier Bertrand "il n'y a rien sur les investissements pour la sécurité, pour que les trains arrivent à l'heure, il n'y a rien de rien" #8h30Politique pic.twitter.com/SF7tsWfUqc
— franceinfo (@franceinfo) 28 février 2018