« Aux nouvelles générations, aux apprentis, à tous ceux qui veulent s’engager dans la SNCF, nous disons qu’ils bénéficieront des conditions de travail de tous les Français, celles du Code du travail. À l’avenir, à une date qui sera soumise à la concertation, il n’y aura plus de recrutement au statut. »
C’est donc la fin d’un statut, d’une époque, d’une France. La France du rail, du service public, de la protection sociale. Ce que ni Sarkozy ni Hollande n’ont pu faire en 10 ans, le couple Macron-Édouard l’a réalisé en quelques mois. Les cheminots, comme chacun sait, sont tous de satanés millionnaires privilégiés qui se les roulent quand les autres suent sang et eau pour gagner leur croûte, leur casse-dalle SNCF, selon l’expression populaire.
- Millionnaires au turbin
Ce faisant, le Premier ministre libéral déterre la hache de guerre sociale, ce qui ne veut pas dire qu’elle aura lieu. À la place du statut de cheminot, il y aura quoi ? Eh bien c’est le déjà fameux rapport Spinetta qui le dit.
Au fait, pourquoi mettre à mort ce système social ? Parce que la concurrence arrive. En jargon enculo-libéral ça donne : « Afin de placer l’opérateur historique dans une situation concurrentielle équitable vis-à-vis des nouveaux entrants, et d’adapter la protection des salariés aux risques et aux opportunités du nouveau contexte concurrentiel ».
Mais pourquoi la concurrence arrive-t-elle ? Parce que l’Union européenne, messieurs dames. Mais pourquoi l’Union européenne alors, si c’est pour déglinguer la France ? Spinetta ne répond pas à la question, mais propose les pistes de sa « réforme ». Aujourd’hui la SNCF compte 130 000 employés sous ce statut décrié par la droite depuis toujours, avec régime spécial de Sécurité sociale et de retraite.
Les autres employés de la grande maison sont des contractuels, et c’est la même chanson à la Poste, où plus personne ou presque n’est embauché sous le statut très protégé de titulaire (fonctionnaire). Les nouveaux arrivants, plus malléables car en CDD, sont des « contrats privés », révocables à souhait, ou presque.
Ainsi bouleversée, selon le rapport Spinetta, la SNCF pourrait voir sa compétitivité augmenter rapidement en se débarrassant de 5 000 employés grâce à un plan de départs volontaires. La SNCF sera socialement détricotée, les employés sous statut protégé seront déprotégés lentement mais sûrement et migreront vers de nouvelles entreprises privées qui verront le jour. Dans les nouvelles structures imaginées dans le rapport, les ex-employés SNCF pourront conserver quelques prérogatives basées sur l’ancienneté, le niveau de salaire et les billets gratuits aux familles.
De manière plus concrète pour les usagers, les Français qui prennent le train, on va assister à la disparition programmée, calculée, des « petites lignes » considérées comme non rentables. Autant dire que les cars Macron vont se multiplier. Cela représente quasiment la moitié du réseau mais un tout petit pourcentage de clients. Donc adieu nos petits trains. La concurrence, elle, débarquera en 2019 et touchera deux marchés, ceux des TGV (en janvier 2019) et des TER (en décembre 2019).
Au fait, qui est Jean-Cyrille Spinetta ?
« Ancien président du Conseil de Surveillance d’AREVA et ancien président-directeur général d’Air France-KLM ; il a aussi siègé aux conseils d’administration d’Alcatel-Lucent, de Saint-Gobain et de Engie. Il était en 2008 le 41e patron le mieux payé de France avec 1,5 M€. » (Source : Wikipédia)
C’est le privatiseur numéro un, le défonctionnarisateur de la France, le tueur de coûts des grosses entreprises dans la droite ligne de Balladur et ses noyaux durs.
Le rapport Spinetta par Anasse, délégué Sud-Rail :