Le gouvernement vient de décider de mettre les drapeaux en berne pour trois jours en signe de deuil national en la mémoire des victimes du vol AH5017 Ouagadougou-Alger, vol qui transportait, entre autres, 54 Français sur un total de 112 passagers et de 6 membres d’équipage.
Si le premier sentiment à l’annonce de la nouvelle de cette catastrophe fut une immense compassion pour les victimes, mais aussi – et surtout – pour leurs proches, on est en droit de se demander à quoi jouent le gouvernement et le Président de la République, qui fut très présent, bien plus que sur le front du chômage, en la matière. Transformer une somme de drames personnels en un drame national a une signification forte. Ce geste implique que la catastrophe aurait touché plus particulièrement la communauté nationale. Il est vrai qu’il y eut des précédents. Les drapeaux avaient été mis en berne lors crash au Venezuela, en 2005, d’un avion de la compagnie West Caribbean Airways reliant le Panama à la Martinique, une catastrophe qui avait fait 160 victimes, dont 152 Français. Le geste n’est donc pas tout à fait hors du commun. Mais, il apparaît, ici, disproportionné.
Bien entendu, les accidents d’avions sont rares, et toujours spectaculaires. Mais, il y aura sur les routes en ce grand week-end qui marque le départ des vacanciers d’août et le retour d’une partie de ceux de juillet, sans doute autant de victimes. Et l’on ne mettra pas les drapeaux en berne pour autant. On peut, d’ailleurs, exprimer sa compassion de mille et une autres manières, en allant signer un registre de condoléances, ou en recevant, ce qui fut fait, les parents et les proches des victimes. Bref, pour le dire crûment, on a le net sentiment que le Président et le gouvernement en « font trop », et que ceci n’est pas sans dessein. Qu’ils cherchent, par une présence insistante sur un terrain incontestablement dramatique, mais heureusement fort limité, à faire oublier leur tonitruante absence sur un terrain bien plus important.