Nous avons assisté à une vaste farce avec le mouvement d’opposition à la loi d’Orientation et Réussite des Étudiants (ORE) et à Parcoursup. Une farce qui a totalement occulté la nature de ce projet : une étape de plus dans la destruction de l’université. Pendant que bloqueurs et anti-bloqueurs rivalisaient de bêtise dans leur bataille de sous-marin dans un bocal à poisson rouge, la jeunesse française s’enfonce dans sa précarité et sa résignation. À Rébellion, nous pensons qu’il est grand temps de sortir des clowneries et de proposer du concret à cette génération.
Le syndrome du poisson rouge
Dès les premières annonces du projet, les diverses facs françaises ont été mises en ébullition. Mais la mobilisation dans les universités a très vite débouché sur une agitation en vase clos. Enfermée dans les amphis comme dans ses fantasmes, la marge la plus décomposée du gauchisme universitaire s’est retrouvée à tourner en rond comme des poissons rouges dans un aquarium.
Elle s’est offerte en spectacle au Spectacle, ne négligeant rien pour se couvrir de ridicule et se décrédibiliser. Des AG hystériques aux réunions non-mixtes interdites aux « mâles blancs dominants », ce vaste cirque s’est produit sans autre public que les clowns tristes qui l’animaient. Car à la différence de mouvements plus anciens (comme le CPE ou la Loi travail), les étudiants de « base », plus ou moins politisés, n’ont absolument pas participé, la bureaucratie syndicale et l’extrême gauche étudiante étant définitivement morte, et avec elles leurs cadres, leurs manipulations des masses étudiantes et leurs folklores. Il ne reste plus comme animateurs du conflit qu’une vaste galaxie de doctorants maoïstes, de pseudos autonomes en chambre, de communautaristes de toutes les minorités et d’épaves du gauchisme.
Force est de constater qu’en dehors d’un petit noyau politisé et radical, la majorité de ce marigot n’a pas brillé par son intelligence et son sens de l’agit-prop. Retranchés dans leur zone de confort, ils ont tout fait pour y rester, avec le saccage enfantin des lieux occupés comme comble de la stupidité. Pour avoir observé ce genre d’individu et discuté avec, on se rend vite compte de leur coupure avec la réalité et de leur vide intérieur. On n’est pas loin de la « zombification » décrite par Lucien Cerise. On constate aussi chez eux une fascination inquiétante pour le nihilisme et la violence gratuite.
Le royaume des aveugles
Naturellement, les étudiants « normaux » fuient ce repoussoir. Ce mouvement qui n’avait que les mots convergence des luttes à la bouche a loupé sa jonction avec sa génération.
Basant leurs revendications sur des minorités, ils ne proposent rien à la majorité des jeunes. Parlant plus des problèmes des communautés sexuelles ou ethniques, ils n’évoquent jamais les légitimes interrogations et attentes de la jeunesse précarisée, périphérique et populaire qui va être la vraie perdante de cette réforme.
Les « gauchistes tendance RSA » vivent dans une marginalité voulue. Déconnectés du peuple et le méprisant au fond, ils ne pouvaient que poursuivre leurs chimères, l’une des plus ridicules étant le fantasme de faire sa jonction avec « la révolte des cités ». On a vu ainsi quelques pauvres totos distribuer des tracts appelant à l’unité contre les répressions policières dans les quartiers toulousains dans l’indifférence générale des habitants.
Quand on sait que la plupart des récentes émeutes dans les cités sont le résultat de tensions dans le trafic de drogues, on comprend pourquoi les « apprentis insurgés » du Mirail auront du mal à se faire reconnaître comme des alliés par les caïds locaux. Il est drôle d’imaginer un gamin de 14 ans qui chouffe pour les dealers en bas de son HLM apprendre pourquoi la police est son ennemi de classe de la bouche d’un aspirant sociologue…
Circulez, il n’y a rien à voir
Au final, même l’échec du mouvement n’a pas ouvert les yeux des « bloqueurs » sur leurs propres aveuglement. La psychose interne des occupants était fixée sur la menace de l’intervention policière et des « anti-bloqueurs » pour les évacuer. L’épisode du « déblocage » la fac de Droit de Montpellier par des individus non identifiés à entretenu la fantasmagorie. Les anti-bloqueurs ont rendu un service immense aux bloqueurs et à Macron. Ils ont renforcé les occupants en leur donnant un ennemi imaginaire de plus et ont permis au gouvernement de laisser moisir la situation pour ne pas « envenimer les choses ».
Dans le camp des anti-bloqueurs, les arguments étaient encore plus courts que ceux de leurs adversaires. De la « défense de la liberté d’étudier » de l’UNI (qui se fiche bien de l’impact de la privatisation et de la sélection sur les étudiants) à l’envie de « casser du gauche » en mode guerre des gangs, on était face à une « réaction » plus qu’à une réflexion politique.
Pour sa part, le gouvernement Macron a fait preuve d’un vrai talent politique. Il avait une stratégie depuis le début et l’a mise en pratique avec méthode. Il a joué sur la provocation pour déclencher une contestation qu’il savait dès le départ stérile. Il a ensuite laissé pourrir les choses pour discréditer l’opposition et ensuite sonner la fin de la récréation quand la mobilisation s’essoufflait d’elle-même avec les partiels et les vacances à venir. Macron gagne en jouant sur les faiblesses internes et les contradictions de l’opposition qu’il soulève. Il a parié sur sa bêtise et a gagné !
Proposons une alternative pour la nouvelle génération !
Rien dans la réforme Macron n’est favorable ni aux étudiants ni à l’université. Cette réforme renforce la dégradation de la qualité et des conditions d’enseignement sans remettre en cause la sclérose de cette institution. La sélection à l’entrée à l’université et la pré-orientation des lycéens avec le nouveau bac vont dans le même sens : réserver l’enseignement de qualité ou celui qui rapporte à ceux qui en ont les moyens et rabattre les autres vers des facs de seconde zone. Cette réforme est l’application de la volonté de détruire un des derniers moyens d’ascension sociale des classes populaires et périphériques. Macron défend une vision libérale de l’éducation. Une vision qui ne supporte plus le principe d’une université publique accessible à tous et échappant encore, pour partie, à l’économie capitaliste.
Nous avons une autre vision de l’université pour notre part. Nous voulons une éducation au service du peuple. Notre but n’est pas la recherche du profit, mais de permettre à tous de recevoir un enseignement qui pousse vers le haut l’ensemble de la société et permet l’épanouissement des talents de la jeunesse française.