Vous faites erreur, l’homme ne craint que ce qui pourrait le priver de son plaisir.
Il met toute son énergie dans le fait de fuir son opposé : la douleur et pour cela il s’appuiera sur toute possible action de manipulation de l’Autre et, si besoin, la renforcera d’automanipulation.
Il y a diverses sortes de plaisirs matériels, du plus dense au plus subtil (plaisirs sexuel, intellectuel, spirituel... ) qui s’opposent au fait d’en être privés ; pourtant tous sont induits par le même mécanisme provenant de la pensée et de la mémoire.
Seuls quelques êtres exceptionnels sont capables de prendre une grande distance par rapport à eux-mêmes. Ceux-là ont saisi le mécanisme et sont saisis non plus par le mouvement du désir qui réagit au contact de la perception, mais par le mouvement authentique qui anime la vie : l’amour véritable, qui répond rarement à l’imaginaire.
Et ceux-là savent bien que la réalité n’offre aucune récompense ici ou ailleurs. Parce que l’ailleurs est ici pour qui sait le voir dans ses multiples aspects, fonctions et dimensions.
D’ordinaire, ceux-là on les appelle Les Fous. Les plus intelligents d’entre eux ont appris il y a bien longtemps à se taire. Ils savent bien que parler c’est se mettre en grand danger.
Parfois, l’un d’entre eux oublie la consigne > Qu’il faut oublier de révéler.
C’est un mal nécessaire, comme une piqûre de rappel pour toujours dire au groupe > qu’il faut oublier de révéler.
Pour éviter les piqûres, il y a longtemps furent créées des Ecoles des Mystères, bien que cela fut absurde... Aucun Mystère n’a besoin d’un gardien pour se préserver lui-même.
En vérité ces écoles ne gardaient rien. Elles se contentaient d’accueillir et de transmettre le mouvement authentique qui anime la vie.
A l’extérieur, privé de l’intérieur on a fini par appeler ce mouvement Sacré : Dieu. Fallait bien lui donne un p’tit nom... de quatre lettres. C’était plus court, donc plus rapide que de dire "Le mouvement qui anime la vie".
Faut croire que de l’avoir réduit à quatre lettres l’a fait se retirer. Lorsqu’on ne le sent plus là, on sait qu’il est ce qui manque le plus à la vie. C’est un peu comme un impossible deuil.
Comment se résoudre à l’absurdité de croire que "Le mouvement qui anime la vie" soit mort...