Bonjour Alain,
Je me permets de vous écrire pour vous livrer mon sentiment à propos de votre travail, depuis que je vous « connais » (c’est-à-dire depuis environ un an et demi).
J’ai 42 ans, de père indonésien et de mère française, mes parents avaient 18 ans en 68, cela trace déjà un peu le décor...
Ayant grandi en France, à la frontière de la Savoie et de l’Isère, dans une famille à tendance politique de gauche (grand-père communiste résistant dans le Vercors, issu d’un milieu ouvrier), j’ai baigné dans tous les poncifs du gauchisme, dans ma jeunesse : lutte contre le FN, génération Canal+, culte de Mai 68 avec la musique (découverte de tous les styles et groupes musicaux que vous aimez : Hendrix, Creedence, Beatles, Stones, Cream, blues, pop rock 60’s-73...).
Depuis que je vote, mes choix se sont orientés entre Robert Hue, Noël Mamère, Jospin et... celui que je regrette le plus, Hollande !
Étant musicien, guitariste et chanteur de blues, soul, j’ai commencé à avoir mes premiers doutes sur la diabolisation du FN en jouant le 1er mai à Grenoble en 1995 pour le compte de « Ras l’front ». Devant plusieurs centaines de personnes, juste avant le début de notre concert, une personne de « Ras l’front » avait fait un discours. Ses mots étaient tellement convenus, simplistes, l’approbation de la foule tellement systématique que j’en avais été mal à l’aise. Au moment de bredouiller moi-même quelques mots au micro, j’avais alors déclaré, de manière semi-ironique : « Oui, c’est bien connu que Le Pen est un méchant mais nous, on est les gentils. » Phrase assez maladroite qui avait déclenché un murmure étrange parmi la foule !
La deuxième étape marquante dans mon parcours de gauchiste repenti fut le fameux sketch de notre bon Dieudonné chez Fogiel. J’avais été marqué par la réaction de ce dernier puis par celle des médias les jours suivants. Rien de choquant à mes yeux dans ce sketch, qui parlait d’« axe du bien, l’axe américano-sioniste » en réponse à l’« axe du mal » que Bush avait défini quelques temps auparavant. Je m’étais dit qu’il y avait un truc dans les médias qui ne tournait pas rond. La réaction même du système médiatique, disproportionnée, validait en quelque sorte la position de Dieudo par rapport à la communauté organisée « à l’avant-garde de la république », comme la définit notre Premier ministre catalan.
J’ai depuis cette époque suivi Dieudo, toujours frappé par la mauvaise foi des médias, les préjugés de mes amis bien-pensants de gauche à son sujet. Puis je vous ai découvert, par le biais d’une vidéo... Puis d’une autre et ainsi de suite...
Et c’est là que je voudrais vous remercier : merci pour m’avoir ouvert les yeux. Merci pour avoir lentement déconstruit ma vision des choses figée et forgée par des années d’endoctrinement médiatique. Merci pour m’avoir redonné le goût de la culture politique. J’ai depuis longtemps un intérêt pour les lectures spirituelles, ésotériques, scientifiques, religieuses et mystiques (des ouvrages bouddhistes, en passant par Le matin des magiciens de Jacques Bergier et Louis Pauwels, excellent bouquin introduisant au monde magique et sa convergence avec la science et la politique, jusqu’aux ouvrages de David Icke sur la conspiration mondiale...). Jusque-là, je n’arrivais pas à faire le lien entre tout cela. Mais grâce à vous et votre vision trans-courants, je commence à articuler tout cela de manière logique !
J’ai retrouvé chez vous, dans votre pensée, votre logos, quelque chose de cohérent, un raisonnement, une logique implacable que je ne trouvais chez aucun personnage public télévisuel. Je sentais chez tous les autres une mauvaise foi, un manque de logique, une lâcheté intellectuelle...
Donc un grand merci et d’énormes encouragements, car je sais que votre combat est difficile et combien il faut avoir le « cuir épais » (selon vos propres termes) pour le mener.
Pour autant, je n’ai jamais aimé idôlatrer quelqu’un. Je réponds
toutefois à vos nombreux détracteurs qui vous attaquent sur vos supposés
« troubles de la personnalité », emportements et autres excès de langage, affaires, la chose suivante.
Bien souvent, les grands hommes de ce monde le sont en partie grâce (ou à
cause diront certains) d’une personnalité à part. Un artiste développe
son art souvent à partir d’un manque ou d’un quelconque déséquilibre
affectif ou psychologique. C’est ce qui le motive, lui donne la force
d’aller au bout de ses idées et inspirations, cela peut même les créer.
Je dirais presque, peu importe les causes, cela ne remet pas en question la
qualité du travail d’un musicien, peintre, journaliste, écrivain,
penseur... Ne sommes nous pas heureux d’avoir pu bénéficier du génie d’un
Beethoven, d’un Hendrix, d’un Einstein, d’un Baudelaire sans pour autant se préoccuper de ce qui les a amenés à cette excellence ?
Je ne suis pas là pour flatter votre ego et vous placer au panthéon des génies de ce monde mais je vous remercie d’avoir amené à tous votre pensée. J’ai écouté dernièrement votre interview radio à « Sarbacane », où vous disiez mettre à disposition pour les autres votre pensée, c’est exactement ça : vous pouvez être un guide, on peut se servir de votre travail titanesque et éclairé pour mieux comprendre et éventuellement changer les choses.
Pour conclure, j’ai été agréablement surpris de constater, à l’écoute de cette émission (au passage, animateur radio horripilant dans son ton et son propos), que nous partageons certains goûts en commun : la musique bien sûr mais aussi les films que vous avez cités, dont l’excellent District 9. Curieux, je suis allé voir la saison 1 de True Detective dont vous parliez. J’ai beaucoup aimé ! Le dialogue de la séquence finale entre Marty et Rust sera ma conclusion :
« Y a qu’une histoire, la plus ancienne de toutes : la lutte entre lumières et ténèbres.
– Les ténèbres couvrent bien plus de territoire.
– Je vois les choses d’un autre œil à propos du ciel. Au début, y avait que les ténèbres, alors je dis que la lumière est en train de gagner. »
Tenez bon et continuez de parler également de fraternité, de paix, de justice et d’humanisme (pas au sens droit-de-l’hommiste). Je trouve que votre discours est encore meilleur lorsque vous montrez votre côté compassionnel, convivial, drôle et humain. Je sais personnellement que c’est parfois compliqué, en étant pudique...
Amicalement.
J.