Bonjour,
Tout d’abord un grand merci pour votre travail de recherche mais aussi de mettre en avant les propos de personnes telles que Jacob Cohen.
Je suis issu d’un milieu assez simple. Mon père est juif mais a décidé lors de son arrivée en France de se détacher de la religion. Il s’est s’ailleurs marié à une « goy » (ma mère), qui, elle, a été élevée dans l’éducation catholique.
Attention, mon père reste tout de même respectueux du côté spirituel de la religion. Il serait en quelque sorte un « juif du quotidien » comme vous les appelez. Mon père parlerait même plus de mouvement essénien...
Effectivement, mon père reconnait le message de Jésus, et pour lui les « marchands du temple » ont dévié le judaïsme de son aspect spirituel premier.
J’ai vécu toute ma jeunesse dans le 18e arrondissement et ai entendu toute ma vie au collège le couplet « touche pas à mon pote »... J’étais d’ailleurs moi-même un antiraciste mais je me rendais compte déjà, au sein de ce collège, qu’au final cette chanson nous montait les uns contre les autres. C’était un collège très métissé, et tout le monde au départ s’entendait plutôt bien. Collège que j’ai d’ailleurs dû quitter lors de ma seconde troisième car ils ne voulaient pas de moi pour redoubler chez eux (je n’étais pas assez mauvais, ni assez bon).
Pour info, je découvre à cette époque les écrits de Platon et m’intéresse énormément à la vie de Socrate. Je redouble ma troisième dans un lycée privé hors contrat laïque, ce qui m’oblige à prendre des petits boulots pour aider mon père à payer le prix exorbitant de la scolarité. Mais dès les premiers jours, je me rends compte que le lycée est rempli de jeunes branleurs juifs que j’appelle les « Chalalas ».. Vous savez, ces juifs qui portent la Magen David bien apparente sans rien comprendre à la religion. Ces mêmes juifs qui étalent la thune de papa, qui se disent du Betar ou encore de la LDJ... Bref, je me suis retrouvé pendant 3 ans témoin d’un judaïsme « de mode » que je ne comprenais pas, et que mon père lui-même rejetait.
Plus tard, mon frère se fait monter le cerveau par son ancien patron (sioniste) et rencontre une fille, qui lui fait comprendre qu’ils ne se marieront que si ce dernier se convertit au judaïsme ! (La blague est que cette fille était elle-même une Chalala qui couchait à droite à gauche mais a ressenti à 35 ans un besoin de faire « juif sérieux ».)
S’ensuit une vraie division au sein de ma famille. Ma mère (la Goy) retrouve une lettre de mon frère à son rabbin, lui disant que mon père « a fait une erreur » de se marier avec ma mère, et lui demandant d’accepter sa conversion...
Je me suis retrouvé au milieu d’un vrai déchirement familial dont je porte encore les cicatrices. D’ailleurs je ne vois aujourd’hui quasiment plus mon frère, avec qui je m’entendais vraiment bien, et avec qui j’allais voir de nombreux concert de rock. Non pas que l’on ne se parle plus, mais sa femme l’a fait rentrer dans un extrémisme qui nous empêche de nous voir... Et dont j’ai l’impression qu’il aimerait sortir (et devenir un juif du quotidien donc).
Bref, je vous ennuie sûrement à vous raconter ma vie et vais donc accélérer.
J’aimerais accoucher d’un essai racontant ces différentes experiences que j’ai vécues dans ce milieu tout en démontrant l’effet pervers du judaïsme « pharisien » envers les juifs du quotidien. Sans oublier certaines anecdotes de sionistes que j’ai entendues telles que « les juifs sont les chefs d’orchestre, les cathos les violonistes et les Noirs balayent derrière »...
À savoir que ma famille vit toujours aujourd’hui les séquelles de ce mariage, ma belle-sœur obligeant mon père (qui est tout de même le seul vrai juif de la famille) à se plier à leur mode de vie, quand ces derniers viennent chez mes parents...
Je ne sais pas du tout si ce genre d’histoire et de détails mériteraient un bouquin, mais votre combat de tous les jours me donne envie de donner quelques vérités. De plus je pense que vous pourriez me conseiller sur comment écrire ce livre.
Bref, dans l’attente de votre réponse,
Je vous remercie pour votre travail quotidien.
L. P.