Bonjour M. Soral,
C’est au nom d’un ami et de moi-même que je vous écris aujourd’hui. Nous tenions à vous raconter succinctement notre histoire, qui je le pense porte un message d’espoir au nom de la France que vous aimez et que nous aimons nous aussi, jeunesse de France.
Nous avons tous les deux 22 ans, nous nous côtoyons depuis nos 9 ans et avons grandi en Bretagne dans deux univers pour le moins très différents mais parallèles, mon ami ayant eu une éducation stricte militaire, un père votant FN pour la simple et bonne raison que l’immigré musulman représentait une menace pour lui et pour Sa France, même s’il n’en avait jamais côtoyé. Pour ma part, depuis ma plus tendre enfance j’ai été bercé par la morale de mon père, une éducation sous le signe du respect d’autrui et de sa différence.
Ce qui nous amènera à l’adolescence à penser comme nos parents, d’un côté mon ami se disant de la jeunesse identitaire, résumant tous les problèmes de la France à l’immigration maghrébine avec cette célèbre réplique « ils nous piquent notre travail ! » et qui, je m’en rendrai compte bien plus tard, n’est que la résultante de tout ce que les médias et la presse ont voulu véhiculer. En temps de crise, il faut toujours trouver un coupable et on le voit aujourd’hui. Qui est le méchant ? C’est le musulman. De mon côté n’ayant pas encore les arguments pour contredire mon ami, je me suis caché derrière une lutte antiraciste. Pour moi le FN s’apparentait au fascisme, voire au nazisme… Anal +, pardon, Canal + était devenu ma référence en matière d’idéologie politique (c’est dire maintenant le gouffre qui me sépare de mon ancien moi). Évidemment que c’était beau Canal+ pour un ado comme moi, des Maghrébins à la télé, on stigmatise le FN et ses votants, on se moque des politiciens, etc. Pour être sincère, Canal+ représentait tout ce qu’un ado naïf comme moi souhaitait consommer :
une morale facile à comprendre ;
on ne pousse pas trop le raisonnement politique pour garder la jeunesse
éveillée (ou endormie, en réalité…) ;
on vous présente tous les jours un nouvel humoriste (de couleur
évidemment, car c’est le progrès) qui fera un sketch sur le mariage gay,
le racisme ou Dieudonné...
En résumé, un condensé de la pensée et de l’humour faciles qui amène le téléspectateur naïf que j’étais à cette conclusion : « C’est drôle, donc c’est vrai. » Ma pensée était en fait aussi sectaire et à contre-courant que l’était celle de mon camarade, pourtant si éloignée de la mienne.
D’un côté la haine de mon ami pour l’immigré et la religion et de l’autre ma haine de ce courant de pensée qui était le sien, sectaire et contraire à mes valeurs. C’est pour cela qu’entre nous, nous ne parlions jamais politique ou philosophie car tout nous opposait et nous n’étions pas assez matures pour comprendre que le seul vrai débat d’idées réside dans l’opposition de deux visions distinctes, contrairement à nos chers politiciens qui se retrouvent à la cantine après avoir « débattu » sur France Télévision.
C’est alors que chacun de notre côté, sans nous consulter, nous avons commencé à regarder vos vidéos, pour ma part en 2011 et pour mon ami un an plus tard. Un soir où nous parlions autour d’une bonne bière de Dieudonné (lui en bien et moi en mal, esprit Anal + oblige), de fil en aiguille nous nous sommes surpris à apprendre que l’un comme l’autre nous vous suivions sur Internet, sans pour autant savoir que les médias vous stigmatisaient. Nous étions juste deux ados, deux jeunes esprits opposés impressionnés par vos raisonnements et votre éloquence. C’est alors que je me suis mis à faire des recherches sur vous et sans vous le cacher je vous ai pris au premier abord pour un véritable connard. Normal après tout... Alain Soral, militant du parti communiste puis membre du Front national, se considère comme national-socialiste (que j’amalgamais au nazisme), éminence grise de l’humoriste Dieudonné, révisionniste, négationniste, et en plus d’être une girouette il est antisémite ! Et j’en passe, ils auraient pu ajouter pédophile que ça ne m’aurait pas plus choqué... Et puis si ça se trouve Thierry Lévy, en bon avocat du diable, vous aurait défendu pour une fois…
Mais nous sommes comme vous, des Français et même abrutis par le système, inconsciemment nous gardons une certaine liberté intellectuelle. C’est pourquoi nous avons continué à vous suivre sur Internet jusqu’à ce que petit à petit notre vision du monde change, la mienne vers la droite, la sienne vers la gauche. « Et si Soral avait raison ? Après tout on est peut être jeunes et cons mais l’éloquence de ce personnage mérite qu’on y prête attention ! » Ce sont sur ces mots que nous avons débuté nos lectures et aiguisé notre savoir.
L’ado de « gauche » sauce Canal, étroit d’esprit et fermé au débat d’idées que j’étais a laissé sa place à un homme, ouvert, curieux et passionné de sociologie. Il en va de même pour mon camarade et malgré nos chemins à la base séparés, nous nous sommes rejoints au carrefour de l’égalité et de la réconciliation nationale. Grace à vous et à votre association E&R, nous nous cultivons par nous-mêmes, nous raisonnons comme des hommes dans tout ce que cela comporte et surtout nous avons appris que dire la vérité aujourd’hui peut avoir des conséquences terribles.
Mais qu’importe ; si vous vous battez pour la vérité alors il en sera de même pour nous. Même si nous ne sommes pas en accord sur tous les points, Alain Soral, nous tenions à vous remercier pour votre courage, votre franchise et pour l’énorme travail de pédagogie que vous faites. Sachez que nous sommes de plus en plus nombreux à vous soutenir et que par ce message, nous espérons vous avoir montré une fois de plus que la réconciliation est possible peu importent nos origines idéologiques et le milieu d’où l’on vient, le plus important étant de comprendre et d’analyser notre environnement et le monde qui nous entoure pour apprendre cette notion de respect sans laquelle le vivre-ensemble serait impossible.
Monsieur Alain Soral ainsi que toute l’équipe d’E&R, nous vous remercions et sachez que l’on continuera d’emmerder avec vous ce gouvernement.
Nous vous adressons nos plus respectueuses salutations.
Et vive la France, quand même !
Yohan M. et Vincent B.
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