Bonjour M. Soral,
Je souhaitais, dans un premier temps, vous remercier pour toute l’énergie sincère et clairvoyante que vous déployez pour notre pays et pour l’humanité, au sens spirituel du terme, que l’ont souhaite voir étouffer au profit d’enveloppes corporelles uniquement droguées à la futilité matérielle, au sexe, à l’individualisme et à la bêtise.
Je souhaitais également témoigner de mon expérience personnelle concernant le racisme. Je dois tout d’abord vous avouer ceci : la première fois que j’ai entendu parler de vous, c’était pour me prévenir de votre toxicité en temps que négrophobe et que, par conséquent, il était totalement inacceptable de vous écouter et d’écouter quelqu’un qui vous soutiendrait, ce serait forcément un discours manipulateur. Cependant voilà, je suis très têtue. C’est souvent un défaut, parfois une qualité : je déteste qu’on m’impose un avis, encore moins sans l’étayer. Du coup, je me suis intéressée à vous et à Égalité & Réconciliation, afin de voir par moi même ce qu’il en était. Il en est que vous avez raison et si je n’ai pas votre culture du monde, de son fonctionnement, et de son histoire, les vérités que vous exposez résonnent dans les sentiments que j’éprouve au quotidien.
Je suis métisse, de sang blanc et français d’une part, et de l’autre, eh bien à la fois blanc, par l’intermédiaire des planteurs esclavagistes, noir par celui des esclaves africains, et aussi jaune par celui des Indiens qui résidaient aux Antilles, et que l’on oublie systématiquement, tant dans les livres d’histoire que dans les consciences, favorisant ainsi le sentiment de non-appartenance aux Antilles françaises des Antillais, qui se tournent naturellement vers le continent africain, sans savoir qu’ils portent dans leurs gènes ce qu’il reste des peuples indiens, premiers habitants de ces îles.
Si j’expose tout ça, c’est pour que vous puissiez percevoir ma physionomie, on ne sait jamais vraiment quelles sont mes origines et on se trompe bien souvent, ce qui m’a amenée à subir tout un tas de racismes différents : de la part des Blancs, qui me prennent pour une Arabe ou une Noire selon les situations, de la part des Arabes, qui me prennent pour une Noire et de la part des Noirs, qui me trouvent trop blanche, je passe les cas particuliers, souvent comiques par leur ridicule. Vous comprendrez que, dans pareille situation, j’ai du mal à croire que tel parti politique, telle couche sociale, telle confession religieuse, ou telle couleur de peau ait le monopole du racisme.
Malheureusement, la bêtise est insidieuse et entretenue la plupart du temps par les médias, et j’ai beau raconter mes histoires pour appuyer mes convictions, rien n’y fait, la pensée unique, garante d’un bien-être social, est la plus forte. La majorité des personnes que je côtoie se tirent la couverture et rejettent la faute sur les autres. À mon sens, il faut que chacun d’entre nous fasse l’effort (certes difficile dans certains contextes et dans la nature constante que nécessitent ces efforts) d’être juste dans ses actes de tous les jours, d’être honnête avec soi-même et de traiter autrui de la même manière que nous souhaiterions être traité, c’est la condition essentielle pour sortir de ce système manipulateur.
Changer le monde commence par se changer soi-même, j’y travaille et je souhaite du courage à ceux qui s’y emploient et à ceux qui arpentent le chemin de la sagesse. Je remercie encore une fois les gens, dont vous faites partie, qui sont le courage ; dont la définition est, à mes yeux, la force d’être juste quelles que soient les conditions ; et qui ne le cache pas dans les coins mais le mette au centre de la pièce, comme la chandelle éclaire dans l’obscurité, faisant bénéficier tout le monde de sa lumière.
Avec toute ma sympathie et ma reconnaissance,
M.