Bonjour M. Soral,

Fils d’immigrés ayant débarqué en France dans les années 60-70, je souhaite vous faire part de mon parcours personnel, vous qui semblez fier de voir des jeunes Français de « branche », et notamment des quartiers populaires, être capables de s’élever intellectuellement pour peu qu’on leur inculque un minimum de culture historique et politique.

Alors voilà, j’ai grandi dans la campagne en région parisienne, dans les Yvelines, non loin de la forêt de Rambouillet pour vous situer. Ma mère s’est liée à un Français de souche lorsque j’avais 2 ans à peine. J’ai donc suivi une scolarité dans une petite école de campagne où j’étais le seul enfant « issu de l’immigration ». Vous pouvez imaginer dès lors que j’ai subi dès l’école maternelle le racisme de certains de mes camarades qui n’hésitaient pas à me traiter entre autres de « sale Arabe », mais ils étaient heureusement minoritaires.

Cependant, j’ai eu en réaction à ces humiliations la volonté de démontrer que j’étais aussi français que les autres en refusant par exemple d’apprendre la langue maternelle de ma mère (voyez-vous, je considère toujours que ma langue maternelle est le français) et en faisant partie des meilleurs élèves de toute ma scolarité. Je suis aujourd’hui diplômé, je travaille dans le secteur paramédical et je suis plutôt satisfait de mon parcours professionnel.

Mais reste le parcours intellectuel. La politique m’a toujours passionné depuis tout petit et encore plus aujourd’hui. Je me suis « automatiquement » porté sur des valeurs de gauche, anti-FN, pro-immigration ou plutôt défenseur des immigrés vivant en France depuis des années et la nuance me semble importante. J’ai voté Hollande en 2012 par opposition à la dérive droitière de Sarkozy qui tout en pointant du doigt les immigrés et leur intégration, se satisfait de l’immigration de travail cher au grand patronat français. J’ai presque honte de le dire maintenant, mais j’ai cru également que François Hollande voulait s’attaquer au monde de la finance dérégulée.

Comme Valérie je me suis retrouvé cocu, et c’est en autodidacte et grâce à Internet que je me suis informé sur la crise de 2008 et ses conséquences pour finalement commencer à croiser le nom de Soral, qui n’était d’ailleurs pas aussi cité qu’aujourd’hui dans les médias mainstream.

Là j’ai découvert un bonhomme seul, assis dans un canapé rouge, qui tape sur beaucoup de monde mais qui délivre aussi des analyses intéressantes de l’histoire, de la politique et de l’actualité. Apparemment, selon Aymeric Caron, policier maternaliste de la pensée, vous seriez à moitié fou. Eh bien moi, j’ai choisi de prendre la bonne moitié si tant est que l’autre existe réellement.

Je ne l’assume pas encore pleinement, même si je partage énormément de contenus Égalité & Réconciliation. Peut-être comme d’autres jeunes Français de « branche », je me demande s’il ne s’agirait pas d’une habile manipulation favorable au Front national, vos analyses concluant souvent que Marine Le Pen est la mieux placée pour prendre le pouvoir (ce qui est indiscutable soit dit en passant), et comme les Chevènement, Asselineau, Dupont-Aignan, sont minoritaires, pour faire bouger les choses rapidement, le vote FN semble le plus efficace.

Jamais je n’aurais imaginé voter un jour pour le parti de Jean-Marie Le Pen, et quelque part j’en ai toujours peur, mais mon analyse personnelle m’amène aussi à penser que la nation est le socle constituant le plus adapté pour défendre les intérêts de la population, que l’euro est une monnaie inadaptée à des économies profondément différentes, et que le sociétal et la défense des minorités a pris le pas sur le social et la lutte des classes « authentique ».

Alors j’ai espoir, l’espoir que la réconciliation nationale est possible et indispensable. Et quand je vous vois au bord des larmes en évoquant votre influence positive sur des jeunes de banlieue, quand je vois des jeunes des quartiers populaires qui habituellement agitent des drapeaux étrangers, brandissent cette fois le drapeau bleu blanc rouge et chantent La Marseillaise en soutien à un humoriste lynché médiatiquement, quand je vois le rapprochement entre chrétiens et musulmans sur le « mariage pour tous » et les Journées de retrait de l’école..., eh bien j’ai moins peur et avec ou sans vous, je militerai en ce sens et serai toujours fier d’être français !

R. S

Voir aussi, sur E&R : « Conférence d’Alain Soral à Bordeaux » (8 février 2014)

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