Les dernières déclarations ou articles écrits ces derniers jours par plusieurs économistes et hommes politiques européens montrent que nous sommes entrés dans une phase aiguë de la crise de l’Euro.
En Grèce, la question d’un possible retour à la Drachme est ouvertement discutée. En Italie, c’est Stefano Fassina, un économiste du Parti Démocrate (parti de centre gauche dont Renzi est issu), qui fut vice-ministre à l’Économie et aux Finances dans le gouvernement Letta, qui a décidé sur la question de l’Euro de franchir le Rubicon [1] et [2]. La « conversion » de Fassina à des thèses critiques sur l’Euro indique bien que le débat est en train de prendre de l’ampleur en Italie.
Plus récemment, c’est Wolgang Streek, un sociologue et économiste, qui dans Le Monde a publié une longue tribune pour indiquer que l’Europe doit abandonner la monnaie unique [3]. Ces différentes prises de position, sans oublier celles de Podemos en Espagne sont un bon indicateur du fait que nous sommes actuellement à un point de rupture. Streek le dit sans ambages, le maintien de l’Euro est en train de tuer l’Europe et de provoquer une montée de l’antagonisme antiallemand.
Ceci était prévisible. Mais conduit à poser une série de questions. En effet, si la prise de conscience de l’effet néfaste, délétère, et pour tout dire destructeur de l’Euro devient aujourd’hui de mieux en mieux partagé, la séquence des événements qui nous conduira hors de cette machine infernale est loin d’être claire.
Quelle séquence pour la crise de l’Euro ?
Le premier point qu’il convient d’éclaircir porte sur les conditions d’une dislocation de la zone Euro. Serons-nous confrontés à une dislocation survenant à la suite de conflits (entre la Grèce et l’Eurogroupe par exemple) ou d’une série de décisions unilatérales (et l’on peut penser à l’Italie) ou bien cette dislocation surviendra-t-elle à la suite d’une décision commune des pays de la zone Euro ? Très clairement cette dernière hypothèse est en théorie la meilleure.
Si la zone Euro est dissoute, voire simplement « suspendue » (et l’on sait que l’on raffole à Bruxelles et dans d’autres capitales de ces euphémisme) sine die, les pays pourraient mieux gérer ce processus. Des décisions sur des « zones-cibles » en matière de taux de change pourraient être adoptées, créant une meilleure prévisibilité quant aux nouvelles parités. Des accords concernant les banques permettraient de limiter le choc, inévitable mais temporaire, qu’engendrera la fin de l’Euro. Mais, force est bien de constater que les discours politiques tenus par les différents acteurs ne vont pas dans cette direction.