De la boucherie tradi’ à la boucherie Hallal
Il y a quelques années, dans le cadre de mon activité professionnelle, je reçois un jeune retraité du monde de la boucherie. Rapidement, l’immense bonhomme commence à s’épancher sur ce métier qui l’avait tant passionné : la vente de son commerce n’avait pas été facile pour des raisons à la fois sentimentales et conjoncturelles.
Je feins l’intérêt : mon rougeaud interlocuteur m’informe alors qu’il avait vendu à un boucher arabe. Toujours plus en confiance, il avoue :
« le problème c’est que ces gens-là, ne savent pas travailler ! »
Car pour notre boucher, ne pas faire apparaître le porc, sous toutes ces formes (et Dieu sait que le porc est une source, quasi miraculeuse, de production gastronomique...) est une infamie ! « Sans porc, ça n’est plus de la boucherie ! Mais un ridicule étalage de carcasses, et puis cette histoire de Hallal, ça n’est pas sérieux ! »
Cela fait bien trente ans que disparaissent lentement mais sûrement les petits commerces au profit des grandes surfaces : notre boucher aurait plutôt dû être content de voir quelqu’un reprendre l’affaire dans le même domaine d’activité que lui !
Que nenni, glouton carnassier ! C’est du Hallal !
Que notre boucher se rassure, bientôt il n’y aura plus de petits commerces du tout, Hallal ou pas... Ceux ci seront relégués dans la vitrine des ’’vieux métiers d’autrefois’’ (ainsi dans dix ans, Jean Pierre Pernault pourra alimenter son JT de 13h avec des sujets tels que « nous avons rencontré Mohamed, qui perpétue dans le Val d’Oise, la tradition de la boucherie Hallal de quartier... »)
Le beur et l’argent du beur
Les grandes surfaces, déjà positionnées sur ce marché de l’alimentation communautaire, proposent déjà toutes sortes de produits dans des rayons spéciaux pour les musulmans ; certains y verront un énième ’’triomphe de l’islam conquérant’’ : en fait, une simple adaptation du marché à la demande...
Il est même étonnant qu’il ait fallu tant de temps pour que les boss de l’agro-alimentaire et leurs complices de la grande distribution ciblent ce marché de 5 à 7 millions de consommateurs potentiels. Il se trouvera peut-être un ’’Pierre Poujade musulman’’ , ou plutôt un ’’Pierre Mourad’’ pour fonder un mouvement Mouradiste, de petits commerçants mahométans, luttant contre les ravages des produits Hallal à bas prix dans les grandes surfaces ?
Récemment, un ami d’enfance, tendance islamophobe, me dit entre deux bières : « Putain, (ils) font chier avec leur Hallal ! » Je lui fais remarquer que les capitalistes n’ont ni Dieu ni maître, sauf le profit, et que si demain, 5 à 7 millions d’inuits s’installaient dans l’hexagone, on verrait des rayons ’’grand Nord’’ dans nos super et hypermarchés qui proposeraient alors, de la viande crue de phoques, de rennes ou d’ours polaires...
Plus près de toi, Amérique : demain tous obèses !
L’équation des businessmen du fast-food est simple : les jeunes aiment la junk-food, parmi les jeunes il y a beaucoup de musulmans, donc les jeunes musulmans se trouveraient naturellement attirés par des burgers Hallal.
La récente campagne contre une chaîne de restauration rapide et ses ’’sandwiches islamistes’’ (sic) ne fut qu’un trompe-l’œil destiné à alimenter l’islamophobie ambiante, j’en veux pour preuve, la liste pléthorique des établissements qui proposent uniquement du Hallal : pizzerias, restaurants à sushi, traiteurs chinois et autres ’’chickens délices’’...et qui ne suscitent aucunement l’ire de certains milieux médiatiques et politiques !
Car tout le monde fait ou fera dans le Hallal, business oblige !
Il est d’ailleurs étonnant de constater qu’au lieu de crier ’’haro sur les burgers Hallal’’, nul n’a crié ’’haro sur les burgers’’ tout court, car n’est-il pas navrant de constater l’engouement pour la cuisine de l’oncle Sam au pays de la gastronomie ?
Que va-t-il donc se passer ?
Il faudra sûrement élargir les portes des mosquées pour laisser passer sans entraves, tous ces musulmans devenus obèses par l’émigration massive vers leurs estomacs de burgers Hallal et autres kebab bien gras, à l’image de l’ensemble de la population hexagonale qui n’en finit pas d’enfler !
Plus sérieusement, la paupérisation et une certaine paresse des masses ont accéléré la destruction du tissu économique composé de petits commerces, pour le plus grand bonheur des grandes enseignes. Aucun n’y échappera à part peut-être quelques boucheries et boulangeries, devenues ’’boucheries du terroir’’ ou ’’boulangeries de tradition’’ où s’agglutineront bobos amateurs de tranches de jambon, boudins aux deux pommes ou pain bio aux olives... au prix de l’or !
Si un quelconque label communautaire suffit à valider un mode de consommation importé d’outre-Atlantique du ’’manger vite et gras’’ pour le plus grand bénéfice des chaînes de fast-food ou des grandes surfaces, ne serait-il pas plus amusant et plus sain de proposer demain des ’’kebab au porc’’ ou de revenir à des pratiques alimentaires plus respectueuses de notre santé, à l’image de ce qu’a pu être l’alimentation, Hallal ou pas, de nos grand-parents ?