Nous avions vu dans un article précédent [1] comment toute une certaine tradition authentique américaine se situait à l’opposé de la réalité impériale, belliciste et financiarisée de l’Amérique d’aujourd’hui. Tout comme l’éloignement que l’on peut remarquer entre la structure politico-médiatique française actuelle et la France « réelle », pour reprendre les mots de Maurras, il existe un fond culturel américain que des élites judéo-protestantes ont trahi et manipulé. Mais cette Amérique basée sur la liberté individuelle, la rigueur morale, méfiante vis-à-vis des pouvoir impériaux politiques ou bancaires [2] s’est toujours manifesté via des organisations politique dissidentes, et ceci jusqu’à aujourd’hui.
Nous proposons ici un rapide coup d’œil sur une période cruciale de l’histoire politique américaine, dont l’issue, moins évidente que ce que l’on veut nous faire croire, a posé les bases de l’État américain nouveau, impérial et expansionniste : l’entre-deux-guerres.
Notons tout d’abord que l’interventionnisme militaire américain a connu un essor progressif (Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale, conflits liés à la Guerre froide puis conflits au Moyen-Orient), qui a d’ailleurs suivi l’essor de l’impérialisme économico-financier (création de la FED, de la SDN, plan Marshall, accord de Jamaïque puis règne total des grandes banques de Wall Street). Les manuels scolaires d’histoire, bases de l’histoire telle qu’il est souhaité qu’on la perçoive, placent le grand tournant à l’après-45, et parlent seulement d’une prise de conscience du rôle de « gendarme du monde » que devait tenir la première puissance économique démocratique.
En ce qui concerne l’entre-deux-guerres, on entend peu parler du rôle actif des organisations et intellectuels juifs, parfois fraîchement débarqués de l’étranger, qui ont activement mené une contestation communautaire contre les États fascistes, et en particulier l’Allemagne dès 1933. Cette contestation s’est peu à peu transformé en une large propagande anti-nazie, puis en actions cherchant à impliquer la nation américaine toute entière dans le conflit mondial.
- La fameuse une du journal britannique Daily Express, le 24 mars 1933 : « La Judée déclare la guerre à l’Allemagne. » L’hostilité précoce, extrême et mondiale des organisations juives les rendront suspectes d’avoir tout fait pour empêcher la paix et provoquer la guerre totale.
- Roosvelt entouré de cadres du National Jewish Welfare Board, une organisation de soutien aux engagés militaires juifs (1943)
Au-delà des attaques directes et organisées contre les intérêts allemands (sabotages [3], organisation de boycott [4]), différentes méthodes ont été empruntées pour influencer progressivement l’opinion publique (consentement populaire à rentrer dans le conflit) ou les décisions gouvernementales (livraisons d’armes aux alliés puis implication militaire directe) : manifestations publiques [5], politisation des milieux artistiques [6], activisme dans la littérature et la presse, et enfin influence au plus haut niveau du gouvernement fédéral, comme on peut l’imaginer en observant l’entourage du président Roosevelt, très dense en personnalités juives officiellement membres d’organisations communautaires et/ou sionistes, comme par exemple le « philanthrope » Bernard Baruch, le futur président de Goldman Sachs Sidney Weinberg, ou le syndicaliste Sidney Hillman.
- Germany Must Perish !, de Theodore N. Kaufman, publié en 1941, propose la stérilisation des peuples germaniques et le démembrement de l’Allemagne
- L’un des rassemblements au Madison Square Garden, organisé par des associations communautaires, avec La Guardia, le maire de New York, comme intervenant (1937)
Face à ce militantisme belliciste, aux cotés de l’opinion américaine franchement et tardivement neutraliste (96 % des Américains étaient opposés à l’intervention américaine en Europe en 1939 [7]), l’univers politique dissident s’est fortement densifié et diversifié au cours des années 30, faisant écho au ressentiment populaire.
Deux tendances générales se distinguent alors. D’une part les groupes politiques nationalistes classiques, économiquement à droite et d’inspiration protestante, qui ont connu un essor important. Sans délaisser complètement leurs idées anticommunistes, anticatholiques et ultralibérales (au sens authentique du terme), ils ont alors intensifié leur dialectique neutraliste et judéo-critique. Les mouvements des shirts, avec en premier lieu les Silver Shirts de Pelley (candidat sous l’étiquette Christian Party aux présidentielles de 1936) ont ainsi donné une dimension militante et politique aux arguments qu’Henri Ford avait popularisé au cours des années vingt.
D’autre part, et c’est là un élément notable, des formations économiquement à gauche, de sources plutôt catholiques, qui étaient pourtant des appuis de Roosevelt au début de la décennie, se placèrent en opposition (en « doublant » Roosevelt par sa gauche) et adoptèrent ensuite une ligne tout à fait dissidente en affirmant des positions judéo-critiques et antibellicistes. Ce fut en particulier le cas du père Coughlin, créateur de la National Union for Social Justice, qui, après différentes initiatives syndicales, médiatiques ou politiques, radicalisa ses positions vers 1937 [8].
Des rapprochements entre les deux tendances eurent même lieu. L‘exemple le plus frappant fut justement initié par le père Coughlin, qui, avec des homologues radicaux pourtant protestants et plutôt libéraux, lança l’idée du Christian Front : une alliance au nom de l’antiguerre, avec une dynamique très judéo-critique [9]. Un autre mouvement populaire neutraliste, extrêmement trans-courants (réunissant des sensibilités radicales ou non) eut un succès véritable en 1941 : l’America First Commitee. Bien que moins frontale, l’accusation lancée aux lobbies juifs de pousser l’Amérique à la guerre était aussi présente dans les tribunes de cette organisation, qui regroupa jusqu’à 800 000 adhérents. L’AFC avait parmi ses représentants le célèbre aviateur Charles Lindbergh.
- L’aviateur Charles Lindbergh et le père Coughlin, deux figures populaires emblématiques du neutralisme patriote
Cependant, le manque d’unité des groupes radicaux, dont les divisions persistantes retardèrent et limitèrent les actions communes, rendait les structures trop faibles et instables. Le choc de Pearl Harbor, fin 1941, étouffa complètement l’antibellicisme et les prises de conscience qui l’avaient accompagné, si bien que d’une simple réaction d’auto-défense contre le Japon, l’implication américaine ira jusqu’aux bombes atomiques de Nagasaki et Hiroshima et aux bombardements massifs des villes allemandes dans un Reich à l’agonie, deux aspects de la guerre dont de nombreux analystes douteront de la nécessité militaire.
Il faut au passage rappeler que les divisions internes et Pearl Harbor ne sont pas les seules difficultés rencontrées par les groupes dissidents patriotes de l’époque pour s’affirmer : la répression était aussi un poids supplémentaire. Ford avait dû cesser ces critiques ouvertes dans son Dearborn Independant suite aux multiples attaques économiques sur ses actifs, et s’est contenté ensuite d’actions clandestines et amoindries [10]. Le prêtre catholique Coughlin fut réduit au silence par la hiérarchie cléricale, sous demande discrète du gouvernement. Un grand nombre de dissidents neutralistes furent jugés et condamnés pour sédition lors du fameux grand procès de l’été 1942. Pelley, par exemple, fut condamné à 15 ans d’emprisonnement.
Ce qu’on peut remarquer, soixante ans plus tard, c’est que le paysage médiatique et politique américain semble plus que jamais sous influence. Aux commandes du pays par exemple, au cotés de dirigeants WASP au passif très douteux (Rumsfeld, Cheney…) on retrouve de nombreux juifs, parfois d’anciens « gauchistes » devenu étrangement des neocons ultra libéraux et va-t-en-guerre (Wolfowitz, Perle, Kissenger…) [11]. Face à eux, une panoplie de patriotes antibellicistes continuent à se dresser, considérant que la paix diplomatique de la nation – ainsi que le sang de ses civils (attentats) et de ses soldats (interventions militaires) – sont fallacieusement sacrifiés aux profits d’intérêts communautaires [12]. Les hésitations américaines récentes au sujet de l’Iran pourraient d’ailleurs bien être l’illustration de l’écartement grandissant entre l’intérêt national – même des élites WASP – et les intérêts sionistes [13]. De même, l’opposition nette de membres du Congrès à l’intervention en Syrie [14] témoigne peut-être d’une potentielle prise de conscience du noyautage sioniste constant dans l’appareil de décision des États-Unis.
- Georges W. Bush sous les regards de l’ancien patron d’industrie pharmaceutique Donald Rumsfeld (au centre) et de l’ex-trotskiste juif Paul Wolfowitz (à gauche)