Partie 1 : la conférence
1 - Conférence
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2 - Débat avec le public
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3 - Et pendant ce temps...
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Première partie
Merci à vous de venir si nombreux. On ne s’y attendait pas. On a été obligés de pousser les murs ! Je remercie aussi la puissance invitante. Ça aurait été dommage que la moitié des gens repartent. Je veux remercier Genève Non Conforme qui a organisé cette conférence. On m’avait dit d’ailleurs : « Fais attention quand même, ils ont mauvaise réputation. Tu ne devrais peut-être pas accepter. » Alors je leur ai fait remarquer quand même qu’il y a Ahmadinejad, Faurisson, Dieudonné, Soral. Je suis dans le top 5. Je suis passé maintenant devant Le Pen chez les diabolisés. Donc je n’allais quand même pas refuser de venir parler au côté de Genève Non Conforme sous prétexte qu’ils ont mauvaise réputation. Je pense que maintenant, avoir mauvaise réputation, c’est plutôt la preuve d’une réputation respectable. Donc je veux les remercier et dire que leur réputation ne me pose pas de problème. Je juge sur pièce comme on dit, je juge aux actes.
Alors je pense que les gens qui sont ici me connaissent déjà. Je pense que pas mal de gens ont lu mon bouquin Comprendre l’Empire qui justifie cette conférence. Je pense que pas mal de gens aussi suivent les vidéos, vont sur le site Égalité & Réconciliation. Ce qui veut dire que je pense que les trois-quarts de gens ici savent à peu près de quoi je vais parler, ce que je vais dire. Donc je ne vais pas faire un long monologue où je vais répéter des choses que vous avaient déjà entendues vingt fois. J’ai envie d’improviser un peu, parce qu’en fonction des évènements quotidiens. J’ai regardé par exemple à l’hôtel où j’étais, j’ai regardé France 24 ce matin, ce qui était assez intéressant. J’ai vu aussi ce qui s’était passé. C’est peut-être comme ça que je vais commencer parce que c’est bien d’aller du particulier au général.
Censure et intimidations
Au départ, nos camarades qui nous invitent et qui sont un groupe de jeunes avec peu de moyens avaient demandé et obtenu une salle à l’université de Genève. Je pense que vous êtes au courant, plus ou moins. Et bien sûr, ça avait été accepté puisqu’on a même mis d’ailleurs le papier comme quoi il avait un avis favorable. Et puis au bout d’un moment effectivement, c’est : « Non finalement c’est une erreur. Il n’y a pas de salle pour vous ». Donc, c’est des choses qui se répètent assez souvent. En France, c’est systématique. Bon je remarque qu’en Suisse, enfin à Genève, parce que Genève c’est peut-être pas toute la Suisse, je constate que c’est pareil. C’est-à-dire qu’au début, des étudiants, des jeunes m’invitent à venir parler parce que j’écris des bouquins, une raison de m’inviter, et puis assez rapidement, ça se bloque, et on n’a pas de salle. Si on est là aujourd’hui – d’ailleurs je remercie aussi l’hôtel qui nous accueille contre rémunération mais qui nous accueille quand même ; je crois que nos camarades ont beaucoup souffert pour trouver une salle –, on remarque qu’il devient très difficile de pouvoir simplement parler, s’exprimer. On en est plus au stade où on nous apporte la contradiction. En général, on nous empêche de parler sous prétexte de : en général c’est « lutte antifasciste », c’est-à-dire « antifasciste » consistant aujourd’hui à empêcher quelqu’un de parler, à le menacer. Donc ça, c’est un constat.
En fait je me suis renseigné. Il semblerait qu’au départ, on avait la salle, et puis que des associations communautaires ont fait pression pour que la salle soit refusée. Et les gens de l’université, c’est un peu toujours le même mécanisme, au lieu de dire : voilà, il y a des pressions, on vous retire la salle parce qu’on se sent un peu menacés, sur la sellette, vous disent en général que c’est une erreur administrative. Il y a toujours un mélange de mensonge et de lâcheté. C’est ça qui est très déprimant, c’est que c’est toujours la pression de tout petits groupes en général qui ne représentent qu’eux-mêmes et parfois même pas eux-mêmes. Donc pression et derrière : soumission, mensonge, lâcheté. Donc je ne vais pas rentrer dans les détails, mais je crois que le fait que je n’ai pas pu parler à l’université est dû en partie aux pressions d’une association communauté qui s’appellerait la CICAD, je crois. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais on a la même chose en France. Je suis allé voir leur site, pareil, c’est assez explicite. On voit la défense inconditionnelle d’un pays du Moyen-Orient qui démontre en permanence son antifascisme militant qui s’appelle Israël. Après on a un lien mécanique qui est fait avec une période sombre de l’histoire comme si l’un avait généré l’autre, ce qui est un peu déjà plus qu’une demi-malhonnêteté. Puis après on a un truc sur les agressions. Et on a l’impression qu’en Suisse aujourd’hui, des gens rasent les murs et sont agressés en permanence. Enfin, on a là, la démonstration, simplement par une page d’accueil d’un site, d’un système de pressions, de domination, de manipulation, par le mensonge relatif, l’abus, la pression, qui est assez pénible, assez malsain. Et je l’ai subi et nous l’avons subi une fois de plus comme nous le subissons en France.
Donc on a réussi à se replier ici. On est aussi très nombreux sans doute pour ça, parce qu’il y a eu un petit buzz grâce à ça. Parce qu’il y a eu quelque chose qui ne se serait pas passé en France. Il y a eu un élu local qui a trouvé anormal que je ne puisse pas m’exprimer.
Je vous garantis qu’en France, personne n’aurait jamais osé faire ce genre de remarque. Donc, ça prouve que la Suisse est encore un pays un peu plus indépendant et courageux que la France. Sans doute, tout ça est lié à la notion d’Empire et de position par rapport à la domination impériale.
Il y a eu d’ailleurs, je l’ai amené là – puisque je digresse sur ce sujet – un contre-article qui a été fait après puisque la presse suisse n’a pas été très méchante avec moi, je l’ai remarqué. Parce que j’ai vraiment l’habitude de traitements horribles en France. Moi, Dieudonné et d’autres, on est vraiment traités à chaque fois comme si on était des réincarnations d’Adolf Hitler. J’ai amené – est-ce que je l’ai apporté ? – parce que c’est assez intéressant. Je l’ai fait pour la prochaine vidéo du moi. C’était l’article en question. En fait, comme il y a eu des protestations et des gens qui ont trouvé que ce n’était pas très normal de ne pas me laisser m’exprimer à l’université alors que le Hamas avait eu le droit de s’exprimer à l’université quelques jours avant. Ce qui veut dire que sur l’échelle de la diabolisation et de la menace, je suis au-dessus du Hamas. C’est flatteur. Et là, on a un exemple, parce que j’aime bien rebondir sur le concret, le réel. On a finalement pour clore le débat quelqu’un, un volontaire, il s’appelle Michel Audétat – je ne sais pas s’il est là ? Non ?! – qui est comme je l’ai dit : un journaliste aujourd’hui est soit un chômeur, soit une pute. Lui, il travaille. Je n’ai pas besoin de vous dire plus loin ce que j’en pense. Et alors lui, il a fini le boulot, comme on dit.
Donc c’est : « Alain Soral, gaucho-macho à la dérive. » Alors ce qui est marrant c’est que – je ne vais pas entrer dans les détails – à aucun moment on ne parle de politique, d’idées, de concepts, de ce que j’ai pu faire ou écrire. C’est : je suis un paumé, un pauvre type. Je n’aime pas les homosexuels. Enfin on est toujours dans le psychologisme, et c’est de l’injure. C’est : je suis un paumé, un pauvre type, pas drôle. Je n’ai pas de public. Ah ça c’est marrant aussi, c’est de dire : plus personne ne veut m’écouter et tant mieux. Alors c’est marrant, c’est : « Alain Soral ne s’exprimera donc pas à l’université de Genève qui a refusé de l’accueillir. » Ce n’est pas tout à fait vrai d’ailleurs mais :
« Les propos de cet expert en provocation sont souvent dénoncés à juste titre. »
Le type, on sent qu’il sait qu’il y a un œil qui le regarde. Et il faut qu’il fasse le travail jusqu’au bout. Et après il dit :
« Mais on devrait aussi réfléchir à ce que son itinéraire politique révèle. »
Il a fait un article de trois colonnes, mais il ne l’a pas fait, ça. On ne sait pas ce que ça révèle à part que je suis un abruti. Et donc, vous êtes tous des abrutis par conséquent pour venir écouter un abruti. Et alors le type m’insulte sur trois colonnes, et à la fin il dit :
« Mais on devrait se garder de trop diaboliser Alain Soral, ce qui revient à lui servir la soupe. »
Connard, fallait pas pondre un article de trois colonnes parce que c’est ce que tu viens de faire. Tout est comme ça. C’est pour ça, moi, je m’entends bien avec Dieudonné parce je pense qu’aujourd’hui, on est plus dans le combat politique. C’est tellement au-delà de tout ce qui est acceptable et respectable, que c’est devenu drôle. Alors des fois, ça peut même être drôle et triste.
Mais il y a quand même une dimension très, très comique aujourd’hui dans cette espèce de dernier lambeau d’effondrement de ce qu’a pu être le combat antifasciste authentique, du temps où il y avait des fascistes. Après on est passé d’un combat antifasciste sans fascistes à une combat antifasciste où les antifascistes ont tous les stigmates et les comportements des fascistes. Alors qu’en face, on a des Africains, des Métis, les militants de la cause palestinienne qu’on essaie tous de déguiser en Ordre Noir de la SS.
C’est pour ça d’ailleurs que Dieudonné a poussé l’humour jusqu’au bout en se grimant lui-même en nazi pour montrer qu’il y avait quand même quelque chose de très comique.
Et en face, on a ce système – si on veut faire un peu d’analyse – qui est une minorité agissante qui se font passer pour des minorités opprimées – ce qui est très ambigu – qui finalement passent leur temps à diaboliser et à insulter des gens qui sont plutôt de la majorité silencieuse, c’est-à-dire qui en étant le plus grand nombre, finalement ne sont rien, ne sont que des individus, par des réductions ad hitlerum de plus en plus ridicules. Parce que pour moi, c’est crédible, parce que malheureusement, je suis chauve – mais pour des raisons de testostérone : je suis viril, donc j’ai perdu mes cheveux assez jeune – et j’ai des yeux bleus. Donc moi, on peut facilement me nazifier. Mais quand on voit des camarades combattants pro-palestiniens, qui eux sont d’authentiques sémites, qui ne viennent pas d’Europe de l’Est, on les traite quand mêmes de nazis. Dieudonné est devenu aujourd’hui. C’est Bernard-Henri Lévy qui avait dit que c’était le fils naturel de Jean-Marie Le Pen. Depuis, il est montré d’un cran : c’est même pas Jean-Marie Le Pen, c’est Adolf Hitler.
On est effectivement dans des espèces de constructions totalement inversées qui sont drôles et qui, ça me rassure quand je vous vois, ne marchent plus en réalité en dehors du monde de ce que Debord appelle « spectacle », c’est-à-dire ce monde entièrement verrouillé de la domination. Puisque je vous garantis que si aujourd’hui, il y avait une conférence de Michel Audétat – je vais le redire, puisque lui – sur la lutte contre le fascisme et Alain Soral, il y aurait trois personnes qui viendraient pour lui. Et là, effectivement. S’il est là d’ailleurs, ça serait bien qu’il se montre. J’irais lui parler après en privé, lui expliquer ce que c’est que ma conception de la déontologie journalistique. Et il serait assez embêté de voir qu’il y a du monde et qu’il n’y a pas que des nazis. Les gens ont un QI en réalité plutôt supérieur à la moyenne des gens qui consomment du média de masse. Donc tout ça est assez drôle. Et si je retrouve mes notes. Pour résumer ça, pour m’amuser, j’ai trouvé ces deux citations qui résument bien la situation actuelle. Alors je vais vous lire deux citations sans vous dire de qui elles sont. Et je vous dirai après de qui elles sont. J’aime bien maintenant être dans la pédagogie amusante.
« Les blancs ont toutefois apporté quelque chose à ces peuples colonisés. Le pire qu’ils puissent leur apporter, les plaies du monde qui est le nôtre : le matérialisme, le fanatisme, l’alcoolisme et la syphilis. Pour le reste, ce que ces peuples possédaient en propre étant supérieur à ce que nous pouvions leur donner, ils sont demeurés eux-mêmes. Une seule réussite à l’actif des colonisateurs. Ils ont partout suscité la haine, cette haine qui pousse tous ces peuples réveillés par nous de leur sommeil à nous chasser. Il semble même qu’ils ne se soient réveillés que pour cela. »
Très belle phrase anticolonialiste. Après, j’en ai une autre. D’un autre genre.
« Hitler était un géni militaire inégalé. Le nazisme a fait passer l’Allemagne d’un bas niveau à un niveau physique et idéologique fantastique. Les jeunes loqueteux ont été transformés en une catégorie propre et ordonnée de la société, et l’Allemagne a disposé d’un régime exemplaire, d’un système de justice adéquat, et de l’ordre public. Hitler aimait la bonne musique. Il pouvait peindre. Les nazis n’étaient pas une bande de voyous. »
Alors, la première citation sur le colonialisme est tirée du testament politique d’Adolf Hitler noté par Martin Bormann, préface de Trevor-Roper, édition Fayard, 1959. Donc ce qui veut dire d’ailleurs que cette phrase d’Hitler, très peu connue, pouvait sortir dans un livre édité chez Fayard, qui est un éditeur français qui a pignon sur rue, en 1959. Pour vous dire comme le climat s’est dégradé aujourd’hui. C’est que normalement, plus la guerre s’éloigne, plus on devrait pouvoir analyser calmement la situation. Or, plus ces temps de violence s’éloignent, plus l’hystérie augmente. C’est ça qu’il faut comprendre.
La deuxième phrase, sur le génie d’Hitler, etc., est une citation de Monsieur Moshé Feiglin, donnée au quotidien israélien Haaretz. Et ce Monsieur Feiglin a obtenu, le 31 janvier dernier, 23 % des voix, soit près d’un quart des suffrages aux élections internes pour la direction du Likoud, parti majoritaire et au pouvoir en Israël.
Donc là, vous avez deux citations qui vous situent bien l’inversion des valeurs à 180 degrés que nous vivons actuellement, et qui fait que c’est tellement énorme et violent que ça produit un effet comique certain. Et que je pense que la meilleure chose que nous devons faire, c’est d’en rire, parce qu’il serait même assez maladroit finalement et malvenu, d’en être agacés. Nous vivons une époque comique, mais au sens je pense shakespearien du terme.
Donc j’ai fini sur cette petite introduction pédagogique.
L’Empire
Tout ça s’explique quand même – si je veux me raccorder à ma conférence de base – avec quand même un processus global, qui n’est pas une succession de hasards et d’accidents, que j’appelle, moi, l’Empire, qui ne se réduit pas à l’Empire tel que le décrivent les marxistes, c’est-à-dire le processus impérialiste qui est la dérive de l’accumulation capitaliste. Ce n’est pas que ça. Ce n’est pas non plus la définition classique de l’empire qui est une nation qui s’étend et qui prend le pouvoir sur d’autres nations.
C’est quelque chose en fait d’assez spécifique, et qui correspond à ce que nos maîtres appellent eux-mêmes le nouvel ordre mondial et le désir et la volonté d’aller vers un gouvernement mondial unifié, et qui nous est présenté comme quelque chose d’inéluctable, de logique et de bénéfique pour l’ensemble de l’humanité.
C’est une question importante parce que si c’était réellement profitable à l’ensemble de l’humanité, je ne vois pas pourquoi il y aurait des raisons a priori d’être contre. Et ce processus impérial et dénoncé par des intellectuels et des gens considérés comme un peu farfelus depuis des années et qu’on traitait encore il y a quelques années de théoriciens du complot, est aujourd’hui le projet officiel et permanent de nos dirigeants. Ils en parlent tous, ils le revendiquent tous, ils nous le promettent tous. Ils disent d’ailleurs qu’ils iront à marche forcée, d’une manière ou d’une autre. Et on ne peut plus douter de cette volonté, de ce processus d’unification mondialiste sous un seul gouvernement.
Et la question est de savoir, en gros, quels sont les moteurs, la vision du monde, comment s’accomplit ce processus.
Et après, quand on comprend ce processus qui est un processus de domination impériale, ça nous donne les moyens, à mon avis, de comprendre qui résiste et qui se soumet à ce processus, et de pouvoir juger de situations très complexes, qu’on ne peut juger, à mon avis, sérieusement, qu’à partir de ce point de vue, de ce prisme ; notamment si on parle de la question syrienne actuelle, de la question libyenne il y a quelque temps, de la question très complexe des différents courants qui s’opposent à l’intérieur du monde lui-même très complexe musulman, et de la question aussi des politiques intérieures de nos propres pays et gouvernements. La Suisse étant d’ailleurs un pays dont je ne veux pas parler en spécialiste, mais qui est très à part puisque la Suisse, contrairement à la France, n’est pas dans l’Union européenne, et a encore un petit statut de nation indépendante, même si c’est rogné de manière subtile et chaque jour un peu plus, idéologiquement et techniquement. Mais c’est ce processus qu’il faut comprendre.
Donc moi, j’ai fait beaucoup de boulot déjà là-dessus. Je pense que vous connaissez pas mal de conférences sur ce sujet. Et j’essaye d’aller au plus simple. Et je me dis : à quoi peut-on résumer ce processus impérial ?
Déjà, il correspond à une vision du monde qui est en fait, je le dis aujourd’hui calmement, c’est la vision de l’Ancien Testament. C’est ce qui est promis dans l’Ancien Testament tel que le lisent, on va dire, les protestants et les juifs. Puisqu’en fait, l’Ancien Testament se lit différemment selon qu’on soit catholique ou protestant – et dans le protestantisme, sans doute avec des variations très importantes entre un luthérien stricto sensu et un néoconservateur américain, ça change énormément, c’est-à-dire que c’est une situation complexe – et aussi tel que le lit un juif sachant que c’est le Talmud qui vous dit comment vous devez lire l’Ancien Testament, qu’on appelle nous le Pentateuque, qu’eux appellent la Torah, qui est une compilation de cinq textes sur lesquels je ne digresserai pas. Certains pensent que c’est Dieu qui l’a écrit, s’ils sont religieux. D’autres pensent que c’est des hommes, que ça a été réécrit, écrit plusieurs fois, que c’est plus ou moins apocryphe, traduit, retraduit. C’est pour ça que n’étant pas religieux et sachant qu’on ne rentre pas dans les débats théologiques avec l’arme du logos – ce qui ne veut pas dire grand chose puisqu’après, c’est une question de croyance –, moi je reste un peu extérieur à tout ça et je me dis quand même, qu’il y a aujourd’hui dans le processus impérial un fondement qu’on peut aller chercher – si on va chercher au plus profond – qui est l’Ancien Testament, et qui est partagé globalement, on va dire, par les juifs et les protestants.
Ce qui veut dire que ne sont pas dans ce projet, strictement, les catholiques, qui sont plutôt sur les Évangiles.
Ça c’est une distinction que les Suisses peuvent faire facilement, puisqu’il y a des protestants et des catholiques. Mais dans d’autres sphères, les gens sont tellement aujourd’hui déchristianisés que quand on leur dit « chrétiens », ils peuvent mélanger, les lefebvristes catholiques et les néoconservateurs, les évangélistes américains. Ce qui n’a strictement pas plus de rapport que si on compare aujourd’hui le chiisme du Hezbollah et l’islam du Qatar. Voyez, c’est à peu près aussi divers. Et c’est important d’admettre la diversité du monde chrétien comme on admet la diversité du monde musulman.
Parce que dès que vous avez admis cette diversité et cette complexité, le conflit de civilisations, la stratégie du choc de civilisations, s’effondre immédiatement. Il ne peut pas y avoir un monde chrétien uni contre un monde musulman uni. Ça n’existe pas. Parce que les chrétiens n’ont jamais été unis et les musulmans non plus. Donc en réalité, c’est une partie des chrétiens alliés à une partie des musulmans contre une autre partie des chrétiens alliés à une autre partie des musulmans. Avec des juifs aussi qui sont dans tout ça, des Chinois qui regardent et qui eux sont un empire qui est très intéressant, car c’est un empire qui est en train de montrer sa puissance et qui ne fonctionne pas sur les religions.
C’est le seul empire, je crois, areligieux de la planète. Et les valeurs de la Chine sont essentiellement des sagesses. Ça ne fonctionne pas sur des religions révélées. Donc ça, ça peut marcher aussi, sans religion révélée. Il y a le monde chinois qui est un peu en dehors et le monde indien des Indes qui est un système de castes, qui est aussi un autre monde.
Donc on est quand même là dans ce combat impérial compliqué qui se situe quand même à l’intérieur de ce que j’appelle moi la sphère abrahamique post-méditerranéenne, c’est-à-dire quelque chose qui a à voir avec l’histoire de la Méditerranée, avec trois religions monothéistes qui a la fois ont le même substrat, et qui donc s’engueulent.
Et je ferai remarquer qu’on s’engueule d’autant plus fort qu’on a les mêmes bases, parce qu’on n’est pas dans l’exotisme ou l’exogène : on est dans le combat à partir des mêmes bases. Ce qui est toujours le combat le plus violent. Pour vous dire que les plus grandes haines sont dans les familles, voyez. Pour haïr quelqu’un, il faut le connaître, et finalement partager beaucoup. Il faut être d’accord sur les prémisses et s’engueuler sur les conclusions, d’une certaine manière. Ce qui fait qu’effectivement, la question à poser, c’est comment le monde chinois ou le monde indien des Indes voient cette espèce de combat interne à l’intérieur du monde monothéiste, parce qu’en réalité, ce dont nous parlons en ce moment, ce processus impérial qui est un processus de domination et de résistance, se passe essentiellement à l’intérieur du monde monothéiste abrahamique. Voilà ce qui est intéressant.
Donc, nous avons cette vision du monde effectivement qui est ce que j’appelle le monde judéo-protestant de l’Ancien Testament qui est, si on prend le messianisme, le prophétisme juif ou américain, qui est quand même une vision, comme le disait de Gaulle, de « peuple sûr de lui et dominateur », que ce soient les Américains du Mayflower ou les juifs qui sont sur leur idéologie dominante que j’appelle le judaïsme talmudo-sioniste.
Parce qu’en fait, n’étant pas essentialiste et religieux, je crois que les religions évoluent doucement selon les périodes, et s’adaptent. Et qu’il y a plusieurs judaïsmes selon les époques. Et ce qui est intéressant, c’est de juger du judaïsme d’aujourd’hui, comme de juger du protestantisme d’aujourd’hui. C’est-à-dire que le protestantisme qui est au cœur de l’idéologie de domination américaine est un certain protestantisme qui n’est pas le luthérianisme ni le calvinisme, mais ce qu’on appelle la pensée néo-évangélique américaine, et qui s’accorde très bien avec le judaïsme que j’appelle talmudo-sioniste qui est l’ancien judaïsme, qui ne peut pas se pense au XVIIIème siècle, à mon avis, et qui ne peut se comprendre qu’à partir de l’émancipation des juifs d’Europe, des juifs des Lumières et puis de la contre offensive sioniste qui est une réaction au judaïsme des Lumières. Faut bien le comprendre ; donc qui peut se comprendre géopolitiquement qu’après la déclaration Balfour, etc., et qu’après effectivement cet évènement que certains appelle magique qui est le fait qu’après deux mille ans, l’Israël rêvé, « l’année prochaine à Jérusalem » existe à nouveau.
Donc on est dans ce monde-là. Nous avons effectivement une convergence de deux groupes humains qui se fondent sur ce que j’appelle moi un système de valeurs ou une idéologie – mais qui pour eux est une religion révélée – et qui sont deux peuples qui sont messianiques et dominateurs, et qui veulent, soit par le libéralisme de marché, soit au nom d’une révélation et d’une élection, imposer leur vision au monde qui, si on creuse un peu plus – et c’est là qu’on voit que l’Empire a plusieurs articulations –, est une domination qui s’accomplit par le processus bancaire. Il faut bien le comprendre.
En travaillant et en essayant d’aller au plus simple, à force de travailler, travailler, je me dis aujourd’hui que le processus impérial est la coalition de deux alliés, une coalition judéo-protestante, qui se retrouve sur l’Ancien Testament et qui sont finalement le collage de deux puissances qui sont la puissance militaire anglo-saxonne – c’est-à-dire cette tradition de violence qui nous vient des Anglais et qui culmine aujourd’hui vers le lobby militaro-industriel américain, c’est-à-dire cette puissance militaire qu’ont les Américains ; qui est d’ailleurs le seul domaine où ils restent supérieurs au reste du monde ; d’où leur tentative d’en abuser puisque c’est la seule force réelle qui leur reste –, qui est couplée à un autre système de domination qui s’appelle le système bancaire que je définis dans mon bouquin et qui est assez difficile à définir.
Car la seule chose qu’on n’étudie pas quand on va à l’école. On ne nous apprend pas ce qui permet de comprendre la domination. Et en fait, c’est quelque chose qu’on n’apprend jamais. C’est ce que c’est que la monnaie et ce que c’est que la logique de la domination par le système du prêt à intérêt et cette espèce de fiction et d’escroquerie qui s’appelle la stratégie de la dette.
Alors là, c’est pareil, pour ceux qui vont sur Internet – parce que je pense qu’il y a très peu de gens qui sont arrivés ici par hasard en se trompant de salle… parce qu’il y a l’anniversaire d’un petit garçon à côté –, ils ont vu les vidéos de Paul Grignon sur l’argent dette, ils se sont intéressés aux travaux d’ailleurs que nous diffusons à travers notre librairie Kontre Kulture, sur le bouquin d’Eustace Mullins, sur l’histoire de la Réserve fédérale. Nous sommes assez fiers, nous et d’autres, d’avoir aidé à diffuser ces idées qui sont fondamentales, de comprendre ce que c’est que la stratégie de domination par le prêt et le prêt forcé. C’est : je te tiens parce que tu me dois de l’argent et je t’oblige à m’emprunter de l’argent. Et je veux que tu m’en doives toujours. Ce qu’il faut bien comprendre.
Ce qui veut dire que l’Empire pour arriver à une définition simple, c’est cette double pression et ce double pouvoir. C’est : tu dois absolument être endetté auprès de ma banque et si tu n’es pas d’accord pour être endetté, je te fais casser la gueule par l’armée américaine.
C’est-à-dire que si on a fait Sciences Po, normalement, et qu’on est honnête, et qu’on a un cerveau qui marche bien, au bout de trois ans, on en arrive à cette phrase très courte et limpide : la domination impériale, c’est ça. Le pouvoir mondial, c’est ça : c’est l’alliance de la Banque, c’est-à-dire Wall Street – qui renvoie selon Attali au « génie juif ». C’est pas moi qui le dit, mais par contre il n’y a que lui qui a le droit de le dire. Là je renvoie pareil aux travaux de Sombart qui ont été un peu masqués par les travaux de Weber. On a beaucoup poussé Weber et son éthique protestante du capitalisme pour cacher les travaux de Sombart qui disait qu’avant d’être protestant, le capitalisme était d’abord juif.
Et là, ça permet de faire une petite remarque. Effectivement, selon quelqu’un qui savait très bien de quoi il parlait, qui était Henry Ford, il y a à l’intérieur du capitalisme effectivement un capitalisme plutôt entrepreneurial et frugal qui serait d’inspiration protestante – et que les Suisses connaissent assez bien et qui correspond un peu à leur idiosyncrasie historique. Et puis il y aurait un capitalisme plus compradore et spéculatif qui serait juif – celui dont parle plutôt Sombart.
Ce qui est sûr, c’est que ces deux capitalismes ont marché ensemble et qu’aujourd’hui, l’un est en train de prendre le pouvoir sur l’autre pour des raisons déjà de logique interne au capital. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, le capitalisme est essentiellement financier, hautement spéculatif et anti-producteur. C’est-à-dire qu’il ne fonctionne plus sur la création de richesses, qui pouvait être l’alibi moral d’une certaine bourgeoisie entrepreneuriale qui pouvait à la limite combattre le marxisme en disant : « Oui, mais nous créons de la valeur ajoutée, de la richesse, et nous ne faisons pas qu’exploiter la plus-value. Nous aussi produisons de la valeur ajoutée. » Là on est dans un débat effectivement sur la valeur ajoutée et la plus-value qui sont finalement un débat moral d’équilibre. Quid de l’extension de la plus-value ? Quid de la création de richesses ? C’est une question intéressante qui reste posée.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, cette question était la question, je dirais, morale d’un capitalisme qui a cessé d’exister à mon avis depuis le virage mondialiste, et qui expliquait en gros ce qu’on a appelé la France des années soixante, des Trente Glorieuses, qui était un équilibre entre créations de richesses et extension de la plus-value, c’est-à-dire entre communistes et gaullistes, main dans la main, qu’on a appelée l’« exception française », les Trente Glorieuses, le libéralisme et la planification, et ce qu’on a appelé l’État-providence, qui était un équilibre de libéral et de social qui quelque part.
Moi, en vieillissant et qui viens du marxisme-léninisme, je me dis que c’était quelque chose de pas si mal, finalement, par rapport à ce qu’on a vécu depuis, qui s’est appelé le néolibéralisme, et qui en fait est une dérive progressive vers le capitalisme purement spéculatif et financier qui lui est un capitalisme de haut rendement à très court terme et qui ne fonctionne que par la destruction de richesses. Ce qui d’ailleurs produit un effet mécanique évident aujourd’hui qu’on constate au niveau des États-Unis : c’est que ça produit une très grande de richesse de gens de moins en moins nombreux et un appauvrissement, de plus en plus, de la masse, c’est-à-dire du prolétariat puis de la classe moyenne, parce que c’est un effondrement économique qui ne profite qu’à quelques uns. Mais aujourd’hui, le pouvoir aux États-Unis, qui est la puissance impériale dominante, étant dans les mains de Wall Street qui s’enrichit chaque jour un peu plus par le capitalisme financier ultra-spéculatif et destructeur et qui se maintient au pouvoir par la corruption – c’est-à-dire cet argent qu’elle crée en détruisant de la richesse, elle s’en sert pour corrompre les élites politiques représentatives pour qu’elles ne mettent pas un frein à leur domination – ce capitalisme produit, en termes de rapports de classes, quelque chose de très explosif où il y a – Emmanuel Todd le dit d’ailleurs très bien – de plus en plus de gens de moins en moins nombreux qui captent une énorme richesse avec de plus en plus de gens, en bas, de plus en plus pauvres.
Ce qui se traduit en ce moment par les émeutes que vous avez aux États-Unis – beaucoup moins relayées que l’affaire syrienne dans les médias mais quand même assez importantes –, ces émeutes des 99 % contre les 1 %, qui expriment exactement ce nouveau rapport de classe entre l’hyperclasse mondialisée nomade spéculative financière dont s’enorgueillit de faire partie Monsieur Attali – ce qui est bien, c’est qu’il suffit de pendre les arguments chez l’ennemi. Y’a pas de spéculation là-dedans. Il suffit de prendre leurs revendications et leurs spéculations – et en face vous avez la horde des gueux, des dominés, des nouveaux serfs du mondialisme, ceux qu’on appelait avant les « exclus de la croissance », les perdants des restructurations, enfin on avait des mots comme ça pour nous amener à ce constat. Et là, on est effectivement dans une société ultraviolente, ultra-inégalitaire tenue par des gens qui se prétendent libéraux.
Mais là aussi, petite digression : des gens [qui se prétendent des libéraux] mais qui sont, en fait, des oligarchiques intégraux. C’est-à-dire que là aussi – petite parenthèse – il faut comprendre qu’on subit un double processus croisé. C’est qu’à la fois, le monde est de plus en plus libéral au sens idéologique : c’est-à-dire l’expansion de la logique marchande qui se répand de plus en plus de la sphère marchande initiale à tout ce qui est au-delà de la marchandise. C’est-à-dire les produits culturels, puis le corps, les organes, l’air. Donc c’est l’extension de la logique marchande. Donc ça veut dire que c’est une extension de l’idéologie libérale.
Mais de l’autre côté, nous ne sommes plus du tout dans le libéralisme de marché, c’est-à-dire une société de concurrence. Nous sommes dans une dictature oligarchique de gens qui ont le pouvoir économique en ne respectant aucune loi du marché. C’est-à-dire que les États-Unis imposent leur domination économique, non pas par leurs performances économiques sur les marchés, mais par la violence militaire et, autre chose, toujours pareil, la fausse monnaie dollar.
C’est-à-dire qu’ils vous obligent finalement à acheter – d’ailleurs ce n’est même plus acheter parce qu’ils n’ont plus rien à vendre –, ils vous rachètent vos entreprises avec de la fausse monnaie et ils vous empêchent de vendre vos marchandises en interdisant la concurrence. Alors ça se voit très visiblement sur les marchés de l’armement. Mais après on peut pousser et voir que c’est pareil et que ça devient de plus en plus évident dans l’agroalimentaire. Ça s’étend de plus en plus.
Donc on est dans une société de plus en plus libérale au sens idéologique – c’est-à-dire que tout est marchandise –, qui est une société de désacralisation intégrale et donc de déshumanisation. D’où les réactions religieuses évidentes de gens qui appellent ça le satanisme. Ce qui est normal.
Une société où le sacré n’existe plus, une société d’horizontalité et de relativisme intégral – qui est une société qui a été décrite selon ces critères par toutes les sagesses du monde comme une société qui va vers sa destruction – est une société de type satanique. Donc ça c’est une évidence : l’extension de la logique marchande à tout est la définition matérialiste du satanisme.
C’est-à-dire que c’est la destruction de la morale qui nous amène à une logique, par exemple, à la fin, évidente : il n’y a plus de service public. Donc on paye pour avoir des pompiers si on a les moyens de payer. Et si vous n’avez pas payé l’assurance-pompier, les pompiers ne viennent pas arrêter l’incendie chez vous. Ce qui pose un problème même de dysfonctionnement collectif, parce que le feu peut se propager à l’immeuble d’à côté. Après la question c’est : il n’a pas payé sa cotisation, mais si on n’éteint pas l’incendie, ça va cramer l’immeuble d’à côté, qui lui a payé.
Ce qui veut dire que ce processus libéral intégral est totalement dysfonctionnel sur le plan de la gestion collective. Et ça on le vit chaque jour un peu plus. On l’a vécu avec la privatisation du ferroviaire en Angleterre.
Et là, je viens de parler avec un type de la SNCF en descendant du train. J’ai dit : « Comment ça se fait que le TGV met trois quarts d’heure de plus pour arriver qu’il mettait l’année dernière ? » Il me dit : « Parce qu’on a dû privatiser les voies. C’est une catastrophe, elles sont toutes en voie d’effondrement. On est en train de tout racheter, en douce. » C’est-à-dire que la SNCF rachète toutes les voies. Et il y a deux ans de travail à mort pour pas que les trains ne déraillent pas tellement c’est une catastrophe. Et ça, vous n’en attendez pas parler. C’est-à-dire que la SNCF est en train de racheter les voies qui avaient été privatisées.
Ce qui veut dire qu’il y a des dysfonctionnements dans le système libéral qui prouvent que c’est au niveau anthropologique quelque chose qui est une aberration quand ça devient un plein pouvoir.
Et d’un autre côté, en réalité, nous ne sommes plus du tout en situation de marché. Il est pratiquement aujourd’hui impossible de monter une PME PMI. Vous êtes étranglés par les impôts. Il suffit de regarder les statistiques de dépôts de bilan de la moyenne entreprise. La classe moyenne s’effondre et tout le système de marché aujourd’hui est oligarchique. C’est-à-dire est un privilège de castes qui fonctionne sur la dette obligatoire, le racket monétaire et le racket bancaire, avec les stratégies d’endettement, etc., et en dernière instance, si vous ne voulez pas vous soumettre, sur la menace par l’armée américaine.
Et vu comme ça, on peut comprendre, quand on voit la contradiction de ce système libéral et ce mensonge néolibéral, ce racket bancaire et cette violence, que pour aller à l’exemple : les guerres actuellement que l’Empire met en place selon un calendrier, et qui ont donné notamment l’écrasement, la destruction de la Libye – quel que soit le jugement qu’on pouvait porter sur Kadhafi – sont aussi des processus militaires pour aller intégrer de force des gens qui ont des fonds souverains parce qu’ils fonctionnaient un peu hors économie bancaire mondialisée, pour aller en fait leur voler leur argent. Parce qu’en fait, le système bancaire hautement spéculatif financier américain est en voie d’effondrement. C’est une certitude. On réinjecte de la fausse monnaie en permanence pour cacher une faillite. Mais plus on rajoute de la fausse monnaie, moins elle ne vaut quelque chose.
Donc, c’est comme quand il manque un peu de vin dans la barrique parce qu’on a picolé. On met un peu d’eau. Ça peut marcher quand il y a 5 % d’eau. Mais quand on arrive à 90 % d’eau dans une barrique de vin, c’est plus du vin.
Et aujourd’hui, on est dans ce problème-là d’une fuite en avant exponentielle de fausse monnaie dont on sait tous qu’elle aboutit à une pyramide – on dit de Ponzi ou je ne sais pas quoi – et qu’on va vers l’effondrement. Et pour ne pas admettre cet effondrement ou pour survivre à cet effondrement, qu’est-ce qu’il y a derrière ?
C’était le sujet de ma conférence de Toulon : il y a la guerre. On déclenche une guerre. Donc c’est pour ça que nous sommes dans une situation objective d’avant-guerre parce que la solution à toutes ces aberrations, c’est soit ce qu’on appelle l’atterrissage en douceur, l’aveu de ses mensonges et de ses faiblesses, et c’est les bourgeois de Calais. Ça veut dire que toute l’oligarchie mondialiste avance vers nous en pleurant avec une corde autour du cou en demandant que pour des raisons morales, on ait la gentillesse de les pendre pour qu’ils puissent accéder au paradis. On peut rêver !
Mais comme ce sont plutôt des adorateurs de Satan, je le dis de façon métaphorique et sans doute peut-être de façon moins métaphorique que ça, ils vont nous coller sans doute la Troisième Guerre mondiale parce qu’ils ont joué à un jeu qu’ils nous ont imposé. Ce jeu, ils ont triché, et ils sont en train de perdre. Et comme ils sont en train de perdre, ils vont casser le jeu comme un enfant mal élevé quand il voit qu’il est en train de perdre au Monopoly. Il donne un grand coup de pied dans le jeu de Monopoly.
On découvre finalement que ces gens qui se présentent comme le sommet de la civilisation judéo-chrétienne, – autre escroquerie inventée au XIXème siècle : il n’y a pas de civilisation judéo-chrétienne ; il y a une civilisation helléno-chrétienne mais pas de civilisation judéo-chrétienne –, ces gens-là se comportent comme des gens mal élevés et des voyous au moment où ils perdent la main, où ils perdent le contrôle.
Ça fait penser un peu aux élections françaises en ce moment. Ils ont fait monter un peu Marine le Pen comme ils avaient fait pour le père quand ils en avaient besoin. Elle monte trop haut. Ils essaient de l’empêcher d’avoir les signatures parce que même à ce jeu, pour imposer qui contrôle, quand ils voient qu’ils perdent selon les règles imposées, ils trichent. C’est un monde de tricheurs violents et d’enfants mal élevés. Et c’est ça qui est tragique.
Quand on voit un discours d’Ahmadinejad et de Sarközy, on a une espèce d’adulte qui a au fond de lui, quand il s’exprime, toute la sagesse de la civilisation perse. Et en face, on a un petit voyou immature plein de tics, bourré sans doute de bêta-bloquants. Et on nous explique, à nous qui sommes quand même le fruit d’un long processus civilisationnel, qui avons étudié les Grecs, l’humanisme français, etc., on nous explique que celui qui représente la civilisation, le bien, le progrès, c’est Nicolas Sarközy et que Ahmadinejad est un monstre qui est le nouvel Hitler ! Y’a pas que moi comme nouvel Hitler, ou Dieudonné. Y’a Ahmadinejad. Enfin, il y en a toute une série.
Et pour que ce soit crédible, on traduit, exprès, entièrement de manière fallacieuse, le discours d’Ahmadinejad. Parce que si on le traduisait correctement, si les gens lisaient le discours correctement traduit, ils adhéreraient à tout ce qui est dit, à 100%. C’est la sagesse même, c’est l’humanisme même, c’est une idéologie du partage et de la bonté. Enfin c’est ça qui est hallucinant.
Donc on est dans cette situation-là de domination impériale, par des gens qui ont comme livre de référence et de valeur l’Ancien Testament qu’il faut relire. Je vous invite à le relire. C’est un bain de sang et une purification ethnique permanente, il faut le dire. C’est le livre sans doute le plus violent et le plus dégueulasse que vous pouvez lire, à part évidemment, là c’est un autre sujet.
Il y a sans doute dans l’Ancien Testament, d’abord plusieurs façons de le lire, et sans doute quelque chose d’à la fois préchrétien et d’antichrétien. Je me base là-dessus sur mes valeurs à moi. Alors, il y a des marcionites – les anciens marcionites –, il y a des gens qui vous disent que l’Ancien testament est le contraire absolu du Nouveau Testament.
De toute façon, moi, en tant que chrétien catholique, mes valeurs, c’est le Nouveau Testament. Donc de toute façon, ça ne me pose pas de problème. Y’a des gens qui vous disent – ce qui est forcément vrai – qu’il y a quelque chose de préchrétien dans l’Ancien Testament et quelque chose d’antichrétien dans l’Ancien Testament. Alors que soit ça cohabite de manière synchronique, c’est-à-dire c’est tantôt préchrétien, tantôt antichrétien. C’est-à-dire qu’on a Jérémie qui serait préchrétien dans ses sorties, puis d’un seul coup, on a Ezéchiel qui serait très antichrétien. Isaïe qui serait tantôt préchrétien, tantôt antichrétien. Et c’est vrai qu’il y a tout ça dans l’Ancien Testament. Car je crois que dans les textes religieux, il y a souvent à boire et à manger, la chose et son contraire, ce qui permet d’ailleurs d’avoir réponse à tout, très longtemps. C’est une facilité.
Donc ce qui est sûr, c’est que le Christ est là pour nous dire comment on doit lire l’Ancien Testament. Sans doute d’ailleurs que le prophète Mohammed est là pour nous dire aussi comment on doit le lire.
Mais les juifs actuels lisent l’Ancien Testament comme le Talmud doit leur dire. Et cette lecture du Talmud de l’Ancien Testament n’amène pas vers le partage, l’amour et la fraternité. C’est un projet de domination politico-terrestre qui doit s’accomplir à partir d’une terre qui est promise. Ce qui veut dire que ce n’est pas la terre des ancêtres. C’est la terre promise. Déjà on la prend à quelqu’un d’autre. Elle est promise. Pas la terre des ancêtres. Justement, c’est pour ça qu’il faut déjà bien revenir à ça : donc terre promise. Et on règne sur l’humanité en tant que peuple élu ou choisi, ce qui veut dire la même chose. Dieu vous a choisi pour régner sur les Nations, dissoudre les Nations et les détruire.
Alors, c’est tantôt pour leur bien, tantôt pour les réduire en esclavage, parce qu’ils méritent d’être des esclaves, ça dépend de comment on nous vend la chose. Mais ce qui est évident, c’est que c’est un projet où vous, dans l’histoire, si vous ne faites pas partie de cette coalition d’élus qu’on appelle d’ailleurs la coalition des chrétiens sionistes aujourd’hui, cette coalition impériale, le destin est quand même pour vous de vous soumettre, de fermer votre gueule, d’obéir. Que ce soit pour votre bien ou pour votre mal, de toute façon, vous n’avez pas le premier rôle dans le film. Vous faites un peu de la figuration. Et dans la figuration du film, vous portez plutôt l’uniforme allemand. Vous êtes quand même là pour faire celui qui perd à la fin.
Donc ça, c’est cette question effectivement des valeurs. C’est-à-dire que nous sommes sur un projet de domination mondiale qui s’appuie sur une lecture terrestre, raciale, suprémaciste, belliqueuse, haineuse, violente de l’Ancien Testament – ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’autres lectures – et qui pour le moment, en tout cas, prétend soumettre la totalité du monde ayant lu le même Livre – ce qu’on appelle les « gens du Livre » – qui est le monde post-méditerranéen abrahamique, qui est ce qu’on appelle le monde occidental.
Nous sommes dans la séquence finale de cet accomplissement de ce projet biblique par deux vecteurs, par deux moyens, qui sont : le prêt bancaire obligatoire et la logique de la dette permanente – c’est-à-dire que vous devez toujours devoir de l’argent en permanence et votre soumission passe par la dette – ; et la domination militaire. C’est-à-dire l’alliance de Wall Street et du lobby militaro-industriel américain.
Et là, on a fait un résumé complet. Vous avez le programme et le projet : c’est l’Ancien Testament lu par ceux que j’ai dit. Et vous avez les moyens : la carotte qui est le prêt à intérêt, ce qui veut dire le crédit, c’est la carotte ; et le bâton, l’US Army.
Et quand vous avez été vision-là, vous comprenez à peu près tout ce qui se passe en ce moment de manière très visible parce qu’accéléré, parce qu’on est à la fin d’un cycle. Donc les choses se voient de plus en plus et vont de plus en plus vite, et sont de moins en moins cachées.
Et de ce point de vue-là, vous pouvez réfléchir à où vous, vous avez envie de vous situer. Soit en fonction d’une origine communautaire, je ne sais pas raciale, etc., soit en fonction – ce qui m’intéresse plus – de critères moraux. Parce que vous pouvez dire : moi de toute façon, je suis Américain. Je fais partie de la classe moyenne supérieure. Je suis plutôt un gagnant de la mondialisation. Je vais jouer ça. Je vais faire HEC, machin, et je vais faire un Master aux États-Unis et je vais faire ce qu’on appelle « suer le burnous » Et je vais me faire une vie agréable.
Alors après, c’est un problème. Comment peut-on avoir une vie agréable quand on est seul et qu’on jouit uniquement de faire souffrir les autres ?
Ça c’est des questions, chacun y répond comme il peut. Mais ça ressemble beaucoup au monde du coin VIP, du spa, et ça ressemble beaucoup à Genève au mois d’août.
Soit on se dit : je suis membre de la communauté élue, je suis né comme ça. Ma maman m’a dit qu’il fallait que je le fasse, et je le fais. Et on s’appelle Arno Klarsfeld. Bien que sa maman soit fille d’officier allemand, ce n’est pas grave. Là, c’est pour ça qu’il a un peu les fils qui se touchent, comme on dit. Mais bon, on peut dire : voilà je suis du peuple élu, c’est ma mission, Dieu l’exige, machin. Donc on fait son truc, on accomplit son projet de domination. C’est bien.
Et on peut aussi dire : voilà, moi je suis un humilié palestinien à qui on a volé sa terre, et je me bats pour essayer de la reconquérir.
Et puis aussi, quand on est des gens comme nous qui finalement avons le choix parce qu’on est des petits bourgeois français blancs, des petits bourgeois suisses, c’est-à-dire en conscience, en fonction de critères moraux qu’on m’a appris et qui semblent faire la distinction entre le bien et le mal, le haut et le bas, le juste et l’injuste et qui sont ce que j’appelle moi les valeurs helléno-chrétiennes, c’est-à-dire la charité, l’amour chrétien, et le logos grec, c’est-à-dire la logique, qui sont deux universaux.
C’est-à-dire les universaux de l’amour et de la charité et l’universel de la discussion possible par la pensée logique partagée, c’est-à-dire la logique d’Aristote. Parce que si on est pas dans la logique partagée, c’est-à-dire si on discute sans admettre qu’il y a des règles fondamentales de ce qui est logique et de ce qui ne l’est pas, on tombe dans des batailles de sophismes, dans ce que certains appellent le pilpoul, c’est-à-dire la casuistique dialectique, ce que Schopenhauer appelle l’« art d’avoir toujours raison », c’est-à-dire le mensonge, dont le plus grand champion actuel est Bernard-Henri Lévy, pour ceux qui veulent avoir un exemple : la guerre sans l’aimer, le mensonge sans l’aimer, le vol sans l’aimer, la mort sans l’aimer. Et ta sœur, enfin voilà ! « Sans l’aimer » mais tu le fais quand même de a à z. Qu’est-ce que ça serait si tu l’aimais ?
Donc l’escroquerie, ce qu’on appelle l’escroquerie, dont on voit les représentants en chef en France : Attali – chacun dans son secteur –, Minc, l’escroc de l’économie, l’escroc de la géostratégie.
Ce qui est très problématique actuellement, et je le dis, c’est qu’il y a beaucoup de juifs chez ces gens-là. Ce qui est très embêtant pour ce que j’appelle les juifs du quotidien, qui sans doute ne sont pas spécialement impliqués, mais qui sont entrainés là-dedans. Et c’est un des gros problèmes aujourd’hui : c’est comment faire le distinguo entrer eux et ces élites qui se réclament d’une lecture de l’Ancien Testament entièrement belliqueuse, raciale et dominatrice, et qui systématiquement dans leur vie de tous les jours, immergés chez nous, se comportent exactement à l’inverse de tout ce qui fait un honnête homme.
Comment cela ne peut-il pas avoir de conséquences sur ce qu’on appelle la question de l’antisémitisme ? Et quelles sont les causes de l’antisémitisme ?
Voyez, il y a un petit con là, qui a écrit un article. Il ne va pas bien au fond du sujet. Effectivement, il y a un gros problème en ce moment. Et on y répond en me virant de l’université de Genève en disant que je suis un « gaucho macho à la dérive ». Je pense que je suis un intellectuel honnête qui fonctionne selon les critères du logos grec et de la charité chrétienne bien comprise. Donc, je m’inscris dans la pure tradition humaniste française. Je me sens de ce point de vue-là parfaitement français.
Et au nom de ces valeurs qui sont universelles au sens où nous l’entendons, car elles sont celles au moins de l’Occident chrétien. Et elles sont, je l’ai vérifié, partagées par les musulmans, car il y a strictement les mêmes valeurs dans le Coran qu’il y a dans les Évangiles. J’ai pu le vérifier. Je l’ai encore sur moi, je le lis à chaque fois, dans le train. Voilà, c’est les mêmes valeurs. Au nom de ces valeurs-là qui condamnent l’usure d’ailleurs comme par hasard, qui condamnent le prêt à intérêt sans lequel il ne peut pas y avoir d’épopée bancaire et de logique de la dette.
Au nom de ces valeurs partagées, en mon âme et conscience, je me dis que le combat à mener est forcément du côté des résistants à l’Empire, que du côté du processus impérial.
Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, je me retrouve dans un combat fraternel avec Dieudonné à soutenir plutôt Ahmadinejad, à espérer que le régime syrien ne s’effondre pas, non pas parce que je suis amoureux du baasisme des Assad, mais parce que je pense que le destin de l’homme moyen syrien, si ça allait jusqu’au bout, serait ce qu’ont vécu depuis quinze ans les Iraqiens et ce que sont en train de vivre aujourd’hui les pauvres Libyens. Libye qui était le pays qui avait le plus haut niveau de vie d’Afrique et qui a sombré dans un chaos permanent par la faute, je le dis bien, de Bernard-Henri Lévy, qui est quand même passé au-dessus de Juppé pour déclencher une guerre. Et donc il a bien dit à Ruth Elkrief, qui ne comprenait pas tout : « Moi qui suis un ami inconditionnel d’Israël, je te le dis Ruth, c’est bon pour Israël. »
Et là, je m’adresse à certains salafistes belges qui visiblement ne comprennent pas tout. Quand Bernard-Henri Lévy dit que de donner le pouvoir à ces soi-disant islamistes qui sodomisent et assassinent un leader politique en criant « Allah akbar ! », que « c’est bon pour Israël », le bon musulman intelligent doit se poser des questions de savoir dans quel camp il faut qu’il se batte ou au moins qu’il s’abstienne d’être sur la photo.
Parce que je pense pas que ça va l’aider beaucoup dans les temps à venir quand on comprend que la domination impériale ayant besoin pour accomplir son projet, qui est un projet de souffrance et de domination, de trouver un bouc émissaire, un responsable à tout ça, il est évident que le responsable officiel vendu par les medias ne sera pas la coalition judéo-protestante de nos dominateurs américano-sionistes. Ce n’est pas eux qui seront montrés du doigt.
Ça sera par contre certains barbus qu’on est en train de recruter et d’armer en ce moment via l’argent du Qatar dans nos banlieues parisiennes. Ceux-là, on est en train de les former pour qu’effectivement, on puisse, quand le Français qui sera transformé en Grec, « grecquisé » jusqu’au bout, cherchera où déverser sa saine colère, je pense que là, d’un seul coup, on lui sortira une petite bande de barbus qui vendaient encore du shit il y a deux ans, à qui on a vite collé une djellaba et une fausse barbe, et qui malheureusement, vu leur niveau d’éducation, de colère, et les manipulations, et l’argent – c’est-à-dire la corruption, toujours pareil – seront très contents sur des petites vidéos filmées avec des portables, comme on a très bien su le faire en Syrie et en Libye, seront très bien faire de crier « Allah akbar ! », en égorgeant un ou deux français de souche en pantoufles pour être sûr que la colère populaire bascule bien dans le camp qu’il faut, et qu’elle soit bien déviée de sa destination légitime.
Et je pense que nous sommes à l’avant-veille, peut-être même à la veille de tout ça. D’où pour moi, l’urgence effectivement de faire de la pédagogie – c’est ce que je viens de faire – et maintenant de la discussion, puisque j‘attends vos questions. Merci.
Débat avec le public genevois
Vous dénoncez la loi de 73 en France en matière de souveraineté monétaire. Qu’en est-il de la Suisse ?
Alain Soral – Alors déjà, je n’ai pas la réponse à cette question, effectivement. Je sais juste que. Bon chacun a compris l’histoire de la loi de 73. C’est Marine Le Pen d’ailleurs qui en parle, avec aussi Dupont-Aignan, un peu. Il y a beaucoup de gens qui éludent la question.
Effectivement, c’est l’interdiction aux États de financer leurs projets à long terme par des prêts faits par la banque centrale – donc par eux-mêmes – à taux zéro, sous prétexte d’ailleurs que ça produit de l’inflation. Ce qui est un mensonge puisque l’inflation est la même avant qu’après et parce qu’en fait, ces gros investissements permettent également bien sûr de produire de la valeur ajoutée. Et donc cette valeur ajoutée résorbe l’inflation.
Donc en fait, l’alibi – donc, c’est des problèmes techniques – que c’était pour juguler l’inflation est un alibi qui ne tient pas. Parce que d’abord l’inflation n’a pas bougé entre la décennie avant et la décennie après. On l’a mis en ligne, c’est la même chose. Et en plus, parce qu’il y avait d’autres moyens effectivement d’empêcher que les politiques abusent de la planche à billets que de privatiser intégralement les prêts bancaires d’État.
On pourrait aller plus loin d’ailleurs. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, c’est la banque européenne qui prête aux banques privées, qui après reprêtent aux nations. C’est-à-dire que c’est globalement un montage qui, quand on va au bout, s’appelle du racket.
En fait, ce qui est assez marrant, c’est que ces montages assez sophistiqués de la haute bourgeoisie d’argent, quand on les ramène à leur simple expression, ça ressemble beaucoup aux voyous siciliens qui rackettent en vous menaçant de vous couper l’oreille. C’est-à-dire qu’en fait, c’est ce que je dis, c’est que les mafias ne font jamais que faire ce que fait l’hyperclasse, mais au niveau du sous-prolétariat, c’est-à-dire : prostitution, trafic de drogue. Et puis quand ils montent, c’est : politique, banque, finance. C’est la même chose.
Alors ce que je sais par contre sur la Suisse, que j’ai regardé hier, c’est que la Suisse a intégré le FMI. Et dans le FMI, il y a déjà des restrictions très précises sur ce qu’elle peut faire ou pas au niveau de sa liberté monétaire. Maintenant, si quelqu’un connaît la question ici, ben à la limite… Ben le jeune homme qui est près de moi, si vous voulez répondre, parce qu’effectivement, d’instinct, je pense que la Suisse n’en est encore pas au niveau de soumission qu’est la France. Mais elle est sur le chemin, à mon avis, forcément. Répondez, si vous voulez. Approchez-vous. C’est la vraie démocratie ici.
Dans le public – Alors non, la Suisse n’est pas comme la France. C’est-à-dire que la Suisse tout d’abord a un proficit [excédent budgétaire]. Donc n’est pas obligé d’aller sur les marchés se refinancer. Et d’un autre côté, elle n’a pas cette loi, on va dire, qui obligerait le Suisse à se refinancer sur les marchés. Donc elle peut toujours s’auto-prêter à zéro pour cent. Mais elle le fait pas, parce qu’elle fait du proficit. Donc elle n’a pas besoin d’émettre. Donc il n’y pas de titres obligataires. Il y en a, mais très peu. Donc, ce n’est pas un problème pour la Suisse encore.
Alain Soral – En revanche, la Suisse a intégré le FMI. Et le FMI est aussi un moyen de contrainte subtile. Je crois qu’il y a dans les pays de l’Est qui ont récemment intégré le FMI, l’obligation notamment de mettre leurs stocks d’or en vente sur le marché.
Et il faut bien savoir, quand on lit les travaux notamment de Fekete qu’on essaie de mettre en avant aujourd’hui, que l’or est quand même le bouclier de résistance à la manipulation, à la spéculation monétaire. Et qu’en général, on demande donc aux pays qui intègrent le FMI, qui est le nouvel ordre mondial bancaire en réalité, de se défaire de ce bouclier de protection qui est leur stock d’or.
Et il faut savoir que Sarközy depuis qu’il est au pouvoir, a vendu cinq fois d’énormes quantités d’or français pour soutenir le dollar, c’est-à-dire la fausse monnaie ennemie avec laquelle l’Amérique nous rachète. C’est-à-dire que toutes nos sociétés performantes aujourd’hui sont petit à petit rachetées par les États-Unis avec de la fausse monnaie dollar. Et que cette fausse monnaie dollar, dont la sa valeur va décroissant, est soutenu notamment par les ventes de stocks d’or de la France. Donc là, c’est ce qu’on appelle de la haute trahison, à un moment donné.
Non seulement j’espère que Sarközy sera sorti dès le premier tour par Marine Le Pen – c’est mon souhait profond – et qu’il ne sera pas au deuxième tour. Mais une fois qu’il ne sera plus protégé par l’immunité présidentielle, j’espère qu’on le traduira un jour en Haute Cour et qu’on le fera extrader, et qu’il terminera comme Pétain, à l’Île d’Yeu. L’Île du Diable, c’était Dreyfus. Il mérite. C’est de la haute trahison, bien sûr.
Nous avons, j’appuie là-dessus, des élites au niveau européen – peut-être pas encore totalement en Suisse – qui sont strictement, au sens gaullien du terme, des traitres à leur nation, et qui jouent systématiquement la domination impériale, le pouvoir impérial et le pouvoir oligarchique mondiale, contre l’intérêt bien senti de leur peuple sur le plan économique comme sur le plan géostratégique. C’est une évidence.
Et le président Sarközy a été mis en place pour accélérer ce processus de soumission, en allant défaire ce que de Gaulle avait un peu fait entre 1958 et 1969 : c’est-à-dire réintégrer l’OTAN, détruire l’armée française en lui supprimant sa capacité de projection logistique, etc., etc. C’est-à-dire qu’il y a un vrai projet, il y a un calendrier.
La France est un pays important parce que c’est, quand on regarde – si on fait de la géopolitique – la domination de ce qu’on appelle le monde thalassocratique sur le nomos de la terre, c’est-à-dire le monde de la mer, sur la terre, le marchepied pour prendre le contrôle de l’Europe, c’est la France. Donc la France est un enjeu très, très important de cette domination de l’Empire thalassocratique américano-sioniste judéo-protestant – pour donner tous les qualificatifs – sur l’Europe, qui naturellement serait sur une logique qui était la logique que voulait de Gaulle : Paris, Berlin, Moscou ; on va dire même : Paris, Berlin, Belgrade, Moscou.
On voit bien qu’en fait, la soumission de l’Europe à la puissance thalassocratique est contre-nature. Parce qu’en fait, nous avons des choses à vendre aux Russes, qui ont les moyens de nous les payer. Et au lieu de faire ça, on se fait racheter nos entreprises par des Américains qui ne nous achètent rien et qui nous les rachètent avec de la fausse monnaie. C’est-à-dire qu’en réalité, nos vrais intérêts économiques sont vers la Russie. Or il est interdit pratiquement de dire que les Russes sont nos partenaires naturels et nous sommes entièrement tournés vers l’Amérique dont même Mitterrand disait à la fin de sa vie : « Les Français ne le savent pas, mais nous sommes en guerre contre l’Amérique. L’Amérique mène contre nous une guerre à mort, etc., etc. »
Ce qui est intéressant, c’est que chaque homme politique de haut niveau, une fois qu’il n’est plus au pouvoir et qu’il veut un peu sauver sa conscience – un peu comme Faust face à la mort qui approche – se met à balancer des vérités. On l’a vu avec Mitterrand dans ses mémoires. On la vu avec Raymond Barre, avant de mourir. On le voit assez systématiquement. Andreotti. Les types se mettent à balancer des trucs parce qu’ils sont. Ou Jospin : « L’antifascisme en France n’a jamais été que du théâtre. » Dès que les types sont sortis du pouvoir, ils se mettent à dire la vérité. C’est-à-dire qu’un homme politique au pouvoir est un menteur professionnel. C’est-à-dire que journaliste qui travaille égale pute. Homme politique en place égale menteur. On peut passer à une autre question.
L’emprise mondialiste sur les masses, symbole de l’illusion démocratique ?
Si la masse suit, c’est que la domination, c’est la domination de la masse. Et que donc, la domination est une technique, je dirais presque, une science empirique. C’est que la masse suit parce que tout est fait pour qu’elle suive. Ce n’est pas pour rien qu’on voit qu’à un moment donné, Rothschild rachète un journal comme Libération, alors que c’est un journal qui perd de l’argent. C’est qu’on voit bien qu’il y a des secteurs à perte dans lesquels on investit parce que c’est le moyen de contrôler les consciences.
Donc on voit bien qu’aujourd’hui, la totalité des journaux français appartiennent, soit au lobby bancaire, soit au lobby militaro-industriel. C’est vérifiable à 100 %. Et le lobby bancaire et le lobby militaro-industriel, c’est les deux lobbies qui main dans la main constituent l’Empire. Donc on voit bien que tout ça est mécanique.
Donc quelqu’un qui a été élevé à l’école républicain – on va parler de la séquence historique qui est la nôtre, c’est-à-dire après la Révolution française – à qui on a appris uniquement, finalement, l’innocence, quelque part, la naïveté : tu es un individu, tu exprimes ta volonté par ton « moi je », la société est une société de libertés, etc., etc., on en a fait un individu, c’est-à-dire déjà quelqu’un d’isolé, qui est seul – un individu, c’est quelqu’un qui est seul, donc fragile –, et on l’a éduqué à croire aux droits de l’homme. Et donc, c’est un long travail, dès l’école, d’apprentissage de soumission et d’éducation. Donc c’est le principe même de l’idéologie dominante.
Et puis derrière, on a tous les médias sous contrôle, effectivement, qui lui distillent une information, qui l’amènent…
Moi j’ai regardé ce matin, sur France 24, et hier soir, le traitement de l’affaire syrienne. C’est hallucinant, quand on est un peu initié. C’est 100 % de mensonges, avec des experts, machin, profs à Sciences Po, spécialistes en géostratégie, Madame [Martine] Laroche-Joubert. Enfin, tout est fait pour que le peuple qui a été élevé, éduqué là-dedans, ne puisse pas déchirer ce voile, et ne puisse pas accéder à la compréhension de la caverne de Platon. Donc il ne faut pas s’étonner que le peuple ne comprenne rien, quand tout est fait pour qu’il ne comprenne rien.
Et surtout que la problématique numéro un des gens du peuple, et qui s’exacerbe, c’est de gagner leur vie. C’est de survivre. C’est-à-dire trouver un travail, trouver un logement et réussir à payer leur loyer et leurs impôts. Donc plus leur domination s’exacerbe, plus se précarise la situation objective des petites gens, et plus le matraquage idéologique est violent. On voit bien d’ailleurs en ce moment qu’on est exactement dans ce processus.
Pendant les années des Trente Glorieuses, qui étaient des années de redistribution relative pour des raisons qu’il faut expliquer : Comité national de la Résistance – les gens avaient quand même vécu une guerre mondiale de 50 millions de mort et étaient près à un peu de réconciliation –, un peu d’État-providence – parce qu’effectivement, après la saignée, les gens redeviennent un peu raisonnables –, il y avait effectivement dans les médias, même dominants, une marge de contestation assez grande. Il pouvait y avoir des débats. Pour ceux qui ont regardé la télévision dans les années soixante-dix, quatre-vingt, il y avait des débats beaucoup plus ouverts, il y avait des opposants. Il suffit de regarder Apostrophe ou les émissions de Polac, encore dans les années quatre-vingt. Il y avait des opposants parce que comme il y avait encore de la richesse partagée et pas trop de la violence sociale, on pouvait discuter. Mais dès lors que la violence sociale augmente et que la souffrance du peuple augmente, en fait il faut empêcher la discussion parce que la discussion devient de plus en plus violente, et tend à désigner des coupables.
Donc en fait, finalement, la liberté de penser, la liberté de parole, est le luxe des périodes d’abondance. Et quand on rentre en crise, là c’est : tout le monde ferme sa gueule ! Et on voit qu’on a fermé les robinets de la libre discussion. Et il s’est passé ce que j’appelle moi la « centrifugeuse ». C’est-à-dire que tous les opposants et les gens qui avaient un discours un peu critique sur le système ont été progressivement chassés du débat. J’en fais partie d’ailleurs. Mais ça s’est fait très progressivement, à partir de 1985, c’est-à-dire à partir du moment où le projet néoconservateur a commencé à se mettre en place très sérieusement. On a vu l’effondrement de l’URSS qui arrivait, l’idée de la fin de l’Histoire…
Et là, en France – parce que je parle de la France – on a viré progressivement tous les gens qui pensaient, qui avaient les moyens de la critique du système et qui osaient encore l’exprimer. L’exemple le plus caractéristique étant d’ailleurs une personne avec qui j’ai travaillé et qui m’a aidé d’ailleurs dans mon éveil, qui était Jean-Edern Hallier, avec L’idiot international. Voyez, il y avait encore ce genre de truc. Aujourd’hui, ça a été remplacé par quoi ?
Par Canal +, Technikart, et au mieux Les Inrockuptibles, c’est-à-dire par les pires petits suppôts du système qui ne sont que dans des stratégies de privilège. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, il n’y a plus l’idéologie dominante avec les contestataires du système. Il y a simplement les positionnements au niveau du coin VIP des dominants. C’est-à-dire qu’il y a le coin de la droite bourgeoise classique, le coin du bling-bling juif ashkénaze ou séfarade, et puis le coin du branché Canal +. Donc vous avez Michel Gondry qui fait son petit numéro, Ariel Wizman qui fait son petit numéro et puis sinon, du côté du Figaro, c’est, je connais moins bien ces gens-là. Et en fait, il y a un consensus général. Ils adhèrent tous au néolibéralisme mondialisé. Et après, c’est de la segmentation de marché en fonction du look et du vocabulaire choisi.
Et pour pousser cette logique jusqu’au bout, aujourd’hui, il n’y a aucune différence sur le plan du fond idéologique et de la vision du monde, entre Libération et Le Figaro. Alors qu’à la fin des années soixante-dix, Libération était un journal d’extrême gauche lié aux prisons, etc., et le Figaro était le journal de la droite BCBG. Il y avait vraiment un antagonisme qui exprimait une opposition de classes, même s’il y avait déjà des pistes de libéralisme libertaire.
Mais aujourd’hui, honnêtement, à part la maquette et la clientèle à laquelle ça s’adresse, il n’y a aucune différence de contenu. Il suffit de le voir sur leurs analyses sur la question syrienne, libyenne israélo-palestinienne ; il n’y a aucune différence entre Le Figaro et Libération.
Et d’ailleurs, un des signes historiques les plus évidents a été ce moment donné où Franz-Oliver Giesbert est passé du Nouvel Observateur – il était patron du Nouvel Observateur – à patron du Figaro. Donc à un moment donné, on s’est dit : finalement, la « gauche de droite » et la « droite de gauche » sont tellement proches, il y a tellement plus rien entre les deux, qu’on peut passer de l’un à l’autre.
Et après, ça s’est même généralisé avec l’« ouverture à gauche de Sarközy » qui est allé chercher Kouchner. Aujourd’hui on a Allègre qui est avec lui. C’est-à-dire qu’on a assisté à l’effondrement de la différence gauche-droite. Ça c’est une certitude.
Et tout ça a fait, qu’en fait, on a globalement des néolibéraux plus ou moins libéro-libertaires comme Cohn-Bendit, ou libéraux plus ou moins réactionnaire comme certains mecs, comme Rioufol, mais qui en fait, sont d’accord sur tout, en réalité. Simplement, il y en a un qui est plutôt no-laine et l’autre qui est plutôt pull en laine ! Mais ils ont le même niveau de revenus. Il y en a un qui a les cheveux longs un peu sale, et l’autre qui a les cheveux plus courts, plus propres.
Et d’ailleurs, mais vous voyez très bien qu’un BHL n’est plus un mec de gauche que parce qu’il a les cheveux longs. Et sa vraie terreur, c’est sa calvitie qui gagne. Maintenant, il passe beaucoup plus de temps, à mon avis, à se coiffer qu’à réfléchir. Parce que maintenant, il a ce qu’on appelle une « coupe à l’embusqué », c’est-à-dire que c’est très loin du front… et il fait une espèce de truc qui tourne voyez comme ça, pour avoir encore les cheveux longs, parce que « cheveux longs », c’est le dernier truc qui veut dire « de gauche », voyez. Il est de gauche, il a encore les cheveux longs !
Évidemment, le tragique, c’est l’ancien mec de gauche qui devient chauve comme moi. Et il est obligé de porter perruque comme d’ailleurs souvent des tas de mecs auxquels on ne pense pas, qui ont des moumoutes. Le chantre de la gauche PS qui est Guy Bedos porte moumoute en permanence, parce que comme ça, il a encore des cheveux, il est de gauche. Et on est plus que sur des trucs comme ça. C’est la gauche capillaire.
Et c’est tragique parce qu’on est quand même en France, qui est l’endroit où on était les champions du débat d’idées, jusqu’au grotesque d’ailleurs. Vous pouviez vous moquer de nous, d’ailleurs. Et même ça, qui était notre spécialité, qui est un peu comme la cuisine et l’amour – c’était des activités de loisir de haut niveau, c’était le débat politique à la française – ça s’est totalement effondré. Et nous n’avons plus effectivement, qu’on passe de France 24 à Canal +, que des gamines qui sont des hôtesses en général qui ont fait Sciences Po et qui ont des prénoms de la boboïtude évidente – on a plus jamais une Josiane et une Martine ; on a des Clémentine, des Josépha, je ne sais pas quoi. Enfin on voit très bien que c’est toute la bourgeoisie qui communie de gauche à droite et qui nous vend un commentaire totalement uniforme de l’économie politique, de la géopolitique. Et on est dans cette société finalement que décrivait Debord, du « spectacle », mais il ne pouvait pas imaginer, quand il l’a écrit, que ça arriverait à ce point-là. Je pense qu’il se suiciderait encore deux fois plus vite aujourd’hui s’il revenait. On en est là.
Donc effectivement, comment reprocher à quelqu’un dont le souci est de trouver du travail en période de chômage, de payer son loyer, alors que le salaire moyen français, qui est un des pays les plus riches d’Europe, est de 1600 euros par mois. Et traduisez ça en francs suisses et voyez ce qu’on peut faire avec 1600 euros par mois, à Genève, aujourd’hui. Vous ne tenez pas trois jours, je crois ! Pour vous loger, vous nourrir et vous habiller. Et ben ces gens-là, on ne peut pas leur reprocher de ne rien comprendre.
Le vrai problème, la vraie responsabilité, je le dis, c’est les enculés bac +5, les Sciences-potards, les fils de la moyenne bourgeoisie, ceux qui ont eu les moyens de faire des études secondaires et qui sont tous des traitres – ce qu’on appelle la trahison des clercs généralisée –, des traitres à la vérité, des traitres au bien, etc. C’est eux qu’il faut montrer du doigt.
Moi, quand je vois un mec qui ne comprend rien à ce que je lui dis, et même qui peut m’insulter, me traiter de fasciste, parce qu’en fait, il a tout gobé, je ne lui en veux pas. Ce qui m’insupporte, c’est mes anciens copains comme Beigbeder, comme Ariel Wizman, qui avaient tout pour comprendre, et qui avaient tout compris, et qui ont trahi pour uniquement ce que j’appelle moi la triplette de la trahison et de la soumission qui sont : l’argent, les honneurs et les femmes. Ou les petits garçons ça dépend. Ça évolue de ce côté-là de plus en plus. Et ça, c’est la réalité. C’est une réalité qui n’est pas très « bourdieusienne », d’un très haut niveau sociologique, mais c’est la vraie réalité que l’on vit quand on est sur le terrain. J’ai 53 ans. Je sais tout ça parce que j’ai pris tout ça en pleine gueule, année après année.
Point de vue et questions d’un musulman sur le sujet des abattages rituels : pourquoi médiatiser la seule question du halal ? Est-ce une fausse problématique ?
Moi, je ne suis pas religieux. Je ne suis pas théologien musulman. Le monde musulman est un monde compliqué, car c’est un monde sans califat et sans clergé. Il y a officiellement, je crois, rien qu’à l’intérieur du sunnisme, 73 sectes officielles de l’islam, qui en plus donnent lieu, après, à des controverses sans fin. Donc vous pourrez trouver un savant de l’islam qui vous dit : « Le halal, on peut en faire une lecture spiritualiste et métaphorique ». D’autres qui exigent une exécution absolument littérale du halal. Je ne rentre pas dans ce genre de débat sans fin dans lequel il n’y a que des ennuis à s’attirer.
Ce qui est sûr, c’est que si Marine Le Pen, à un moment donné, dit : les gens ne le savent pas mais toute la viande d’Île-de-France est halal – je crois en plus que c’est vrai pour des histoires d’abattoir en Île de France, c’est vrai. Elle met le doigt sur quoi ?
Sur le fait qu’il y a des tensions communautaires qui montent en France, qu’elle essaye de faire voter le petit peuple de France en colère parce qu’il est dépossédé, il se sent dépossédé, de son identité, etc., etc. Et comme, elle, contrairement à moi, elle ne joue pas vraiment la carte de la main tendue aux musulmans – elle est encore dans la distinction islamiste musulman ou elle ne fait pas assez bien la distinction, je ne sais pas – elle envoie ce Scud, parce qu’elle pense que ça va lui rapporter des voix. Elle est dans une logique électoraliste arithmétique.
Moi, je ne rentre pas dans ce genre de débat parce que. Je suis d’ailleurs assez choqué de découvrir effectivement que pour des raisons économiques, on nous ment et qu’effectivement, toute la viande abattue en Île-de-France est halal. Ce n’est pas très normal, et ça m’agace un peu.
Mais d’un autre côté, je vois tellement les enjeux qu’il y a derrière, que moi, je joue plutôt « égalité et réconciliation », c’est-à-dire essayer que la France échappe au conflit de civilisations, plutôt que de tomber dans le piège du conflit de civilisations qui est de trouver tous les prétextes pour que les Français dit de souche, qui sont en fait majoritairement catholiques, se battent avec les Français issus de notre ancien empire colonial et issus de l’immigration, qui pour des raisons historiques sont très souvent musulmans. J’essaye d’éviter ce piège parce que mon positionnement, comme je le dis toujours, c’est par rapport au projet impérial.
Le projet impérial veut détourner une crise sociale violente due à la spoliation de Wall Street, et qui amène à la Grèce. La Grèce ne souffre pas en ce moment de son Islam ! Elle souffre de Goldman Sachs. Donc je vois très bien que la stratégie de l’Empire est de détourner une crise qui nous vient de nos élites financières –qu’on pourrait qualifier sur le plan ethnico-religieux, je l’ai déjà fait – et qu’elle essaie de détourner ça vers le musulman, qui souvent d’ailleurs est un prolétaire ou un sous-prolétaire, un type qui effectivement est issu de l’ancien empire colonial, qui a été éduqué par les gauchistes et les trotskystes dans la haine du Français de souche, etc., etc.
Donc on voit bien qu’il y a eu une préparation à la haine. D’abord du côté des immigrés avant celui du Français de souche. Je pense que le Français de souche est très peu raciste mais effectivement, on fait en sorte maintenant qu’il le devienne en inversant les alliances. On a bien vu la cooptation de Zemmour à un moment donné. On voit bien que tout ça correspond, quand même, à un projet assez machiavélique où il y a quand même des gens qu’on fait monter. Avant, c’était des « chances pour la France ». Maintenant, c’est les « vilains rétrogrades fascistes », au nom de la laïcité. Enfin voyez. On voit très bien que le discours évolue.
Et moi, mon positionnement par rapport à l’Empire, c’est la réconciliation nationale au nom de la France telle que je l’aime, entre les patriotes de tous bords, c’est-à-dire patriotes qu’ils soient catholiques, musulmans, juifs même, etc.
Donc ce débat sur le halal, je ne veux pas l’avoir, parce que je ne suis pas théologien musulman. Et je sais que c’est forcément un piège pour que s’engueulent les Français musulmans et les Français non-musulmans. Donc je me tiens en retrait de cette question.
Mais je pense que votre explication à la fin, casher pas casher, je pense que là c’est du trop compliqué. En réalité, il semblerait qu’aujourd’hui, il y ait six ou sept millions de Français musulmans en France qui consomment du halal, parce qu’il y a une réislamisation pour des raisons de trouble identitaire des Français musulmans qui avant dans les années soixante, soixante-dix, étaient très peu islamisés. Il n’y avait pas de voile, il n’y avait pas la question du halal du temps des Sonacotra et des travailleurs immigrés français. Il y a une réislamisation parce qu’il y a une inquiétude à cause du satanisme, du matérialisme, de la perte des repères, etc. Donc c’est évident.
Et l’économie de marché, qui fonctionne au moins coûtant, se dit : on n’a qu’à pas dire que c’est halal. On fait du halal pour tout le monde parce qu’on ne va pas faire deux abattages différents ! Et c’est vrai qu’en Île-de-France où il y a un très, très fort bastion de consommateurs de viande halal, parce qu’il y a toute la sociologie de l’Île-de-France avec toutes les banlieues, beaucoup de musulmans réislamisés, le 93, etc., etc., il semblerait que ce soit un peu en douce halal pour tout le monde. À la limite, je comprends que Marine Le Pen, dans sa logique et dans ce qu’elle représente dise : ce n’est pas normal qu’on ne le sache pas.
Mais moi, vous ne m’amènerez pas sur ce terrain parce que ce terrain est typiquement un terrain glissant et un terrain piégeux. Donc là, je renverrai chacun à sa conscience et à ses responsabilités.
Je trouve qu’il n’est pas normal qu’on nous vende, sans qu’on le sache, de la viande halal. Mais je trouve qu’il est dangereux de prendre ça comme cheval de bataille en ce moment, compte tenu de la stratégie du diviser pour régner et de l’importation en France, du conflit de civilisations. Ce qui veut dire que c’est ni se soumettre en disant : « Bon ben, ce n’est pas grave, de toute façon, je n’en ai rien à foutre. » Ce qui n’est pas vrai : c’est un peu emmerdant. Mais je ne vais pas non plus en faire le substrat et le fond de mon discours politique. On a des choses bien plus importantes à évoquer, et il vaut mieux aller vers les sujets de réconciliation que d’appuyer exprès sur les sujets qui fâchent.
Et je pense, par contre, qu’il y a des gens très pervers qui eux ont intérêt et qui veulent appuyer à tous prix sur les sujets qui fâchent. C’est pour ça qu’on relaye aujourd’hui le sujet du halal alors qu’avant, on ne l’aurait pas relayé, voyez. C’est toute cette perfidie en ce moment qu’on découvre.
Dès que les élections arrivent, on nous reparle de la hausse du chiffre de la délinquance, on cherche toujours à nous remettre de l’huile sur le feu pour pousser quand même le petit peuple de France d’origine immigrée ou de souche, les uns contre les autres, qui est la stratégie d’horizontalisation des conflits, puisque la vraie tragédie finalement, c’est que là où il y a le plus de pauvres, c’est là où il y a le plus de pauvres d’origine immigrée avec le plus de pauvres d’origine française, et le plus de chômeur, le plus de souffrance, le plus de colère, et le moins d’éducation. Donc ça veut dire que c’est là où l’Empire a placé ses détonateurs pour faire péter la charge.
Voyez, c’est la métaphore du 11 septembre. Au moment où il faudra faire tomber la tour française. Et on sait déjà où sont les charges.
Donc c’est pour ça que votre question, avec un peu plus de conscience politique, vous évitiez de me la poser. J’en suis désolé, mais on fait aussi de la politique.
Mélenchon a déclaré que la première chose qu’il ferait s’il était élu serait de « prendre un avion pour Alger afin de présenter ses excuses au peuple algérien pour la colonisation. » Qu’en pensez-vous ?
Donc là, on parle de la question postcoloniale. Moi, la première chose que je ferais, si je prenais le pouvoir, ce serait d’abroger la loi de 73. Après la deuxième chose : sortir de l’OTAN. Enfin, voyez, je ferais les choses sérieuses. Je ne penserais pas aller en Algérie.
Mais comme l’autre, il vient du Maroc, je crois, il a peut-être envie de retourner sur la terre où il pouvait faire le colon avec sa famille, à l’époque. Parce que lui est un ancien colon, pas moi. Moi, je suis Savoyard, vous le savez. Soral, vous voyez où c’est, ce n’est pas loin. Je suis d’ici. Oui, je suis savoyard, mais je vous signale aussi que je suis citoyen de Genève. J’ai la nationalité suisse. Je suis chez moi ici.
Et c’est pour ça que quand on me reproche la colonisation, ce qui est marrant d’ailleurs quand on essaye de l’essentialiser ou je ne sais pas trop quoi, alors que l’autre en face de moi était dans l’essentialisation parce que pour lui, la colonisation, c’est la colonisation française de l’Algérie. Qui n’est d’ailleurs pas celle du Maghreb, parce que le protectorat sur le Maroc n’est pas la même chose que la colonisation de l’Algérie qui, elle, s’est faite vraiment par la pacification et par la force. Le protectorat du Maroc, c’est un autre processus. Lui, il est dans l’essentialisation. On ne va pas citer son nom mais bon. Parce que lui, tout ce qui l’intéresse dans l’épopée coloniale, c’est 1830-1960.
Je rappelle quand même que la colonisation est vieille comme le monde, que toute l’histoire du monde, c’est du processus colonial. Et si les Maghrébins sont musulmans, c’est aussi parce qu’à un moment donné, à la suite d’autres processus coloniaux – parce qu’il y en a eu cinq ou six différentes : les Romains, les Vandales, les Phéniciens, les Turcs, etc. –, ils sont musulmans parce qu’ils ont subi un processus colonial arabo-musulman. Il me semble bien que si on a la culture de sa propre région, les gens qui vivent au Maghreb, historiquement, sont des Berbères. Et ils n’étaient pas congénitalement et consubstantiellement et intrinsèquement arabo-musulmans. Ils le sont devenus par un processus, même si des fois ils disent qu’ils en sont contents, par un processus colonial.
Donc moi, j’admets tout à fait que la France, à un moment donné où elle a été « sure d’elle-même et dominatrice » – elle l’a été –, au nom des Lumières – je le rappelle, au nom des Lumières et de Jules Ferry, c’est-à-dire au nom de la supériorité de la civilisation des Lumières sur les peuples arriérés, c’est-à-dire que la colonisation a été faite au nom d’idées de gauche, il faut bien le savoir ; ce n’était pas du tout la volonté des catholiques, ni de Lyautey, etc. –, eh bien au nom de la supériorité de l’Encyclopédie, des Lumières et de la pensée voltairienne, on a soumis par la force, avec la collaboration des élites – faut quand même le rappeler toujours – les peuples du Maghreb, et notamment l’Algérie, violemment par la force. C’est une réalité et c’est à cause de cette réalité qu’aujourd’hui nous avons un certain nombre de Français en France qui sont d’origine maghrébine.
Donc, à un moment donné, quoi que nous fassions, c’est comme moi je suis issu de l’histoire gallo-romaine parce qu’à un moment donné, Vercingétorix a perdu face aux armées de César, et que nous nous sommes retrouvés romanisés. Je ne passe pas mon temps à demander du pognon aux Italiens. Et je me dis, finalement, les Romains nous ont apporté des choses intéressantes à nous qui étions des Celtes. Nous sommes une civilisation complexe qui est un peu celte, un peu romaine, avec une peu, en plus, derrière de Visigoth, plus de la christianisation via Paul et Pierre. Voyez, c’est la complexité des processus historique qui sont toujours dynamiques et en mouvement et qui ne sont jamais à essentialiser, justement.
Et moi, je dis simplement aujourd’hui : nous sommes tous en France des Français. Nous sommes à la troisième ou quatrième génération de Français naissant sur le sol français, issus de notre ancien empire colonial. Et qu’il y a des gens qui ont très envie, pour des raisons bizarres, d’être toujours dans la repentance ou la culpabilisation coloniale. C’est-à-dire je suis ce que je suis à cause de la colonisation. Et surtout, je suis en situation d’échec à cause de la colonisation. Je veux de la repentance et des réparations.
Je fais remarquer que cette idéologie : repentance, réparation, mémoire, qui n’est pas l’histoire, nous vient de la communauté juive. Ce n’est pas compatible avec les valeurs de l’Islam ni avec celles d’un guerrier berbère. Ça consiste à pleurnicher pour racketter. Normalement, il y a des gens qui savent très bien le faire, comme nous l’a très bien dit, en rigolant récemment, Madame Sarraute qui disait : « Ces pauvres Arméniens ! Nous on a la Shoah, etc. » Mais effectivement, un Arabo-berbère musulman, s’il est fidèle à ses valeurs où qu’il aille les chercher dans cet accolage de termes, ne peut pas être dans la séquence pleurniche, quémandage. Surtout qu’ils ne savent pas le faire.
L’Algérien est un peuple traditionnellement assez viril et belliqueux, et il ne sait pas faire du Eli Wiesel. Il insulte et il mendie. Quand on insulte et qu’on mendie, le résultat, à la fin de la journée, est très maigre. Il est exactement ce qu’a ramassé la communauté française d’origine algérienne depuis trente-cinq ans. C’est-à-dire peau de balle. C’est-à-dire tout en bas de l’échelle symbolique et économique.
Donc cette stratégie est ignoble d’un point de vue moral. Elle vous a été enseignée par quelqu’un qui n’est pas de votre monde. Et en plus ça ne vous a rien rapporté. Ça fait trois raisons de changer, d’un point de vue pratique.
Après c’est évidemment, en plus, souvent une escroquerie, parce que moi je me fais traiter de colon par Houria Bouteldja, alors que je suis Français de souche dans mon pays. Et elle, elle est Française double nationale. Elle vit très bien en France, salariée par le Qatar, voyez.
Et à un moment donné, je me dis : comment un, elle, ça lui rapporte de dire ça, parce qu’effectivement, c’est une stratégie qui la fait vivre. Mais est-ce que c’est une stratégie ? Est-ce que c’est un cadeau à faire pour que les jeunes issus de l’immigration puissent réussir leur vie dans le pays qui est le leur, qui est la France ?
À un moment donné, la bonne réponse est pour moi donnée par Kemi Seba. Si la France est un pays insupportable, il faut partir parce qu’effectivement sinon, il faut admettre qu’on est français, comme moi je suis Savoyard. La Savoie a été rattachée à la France en 1860 par une votation. Votation qui disait « français-zone » qu’on a entièrement pris dans le cul depuis.
Normalement, je pourrais être indépendantisme savoisien et gueuler en permanence contre la domination française et la trahison française. Je pense qu’un mec qui fait ça, c’est un allumé, c’est un rigolo. Le mieux quand on veut réussir sa vie, c’est de dire : bon ben voilà, je suis savoyard, maintenant je suis dans la France, il faut que j’aille de l’avant, c’est comme ça. Je suis un gallo-romain, savoyard français, etc. On va de l’avant.
Et là, c’est à peu près pareil. C’est-à-dire qu’à un moment donné, on a des jeunes gens, le projet, c’est : est-ce qu’ils veulent se maintenir en permanence dans une névrose sociale qui leur est finalement imposée par des gens qui ne sont pas de leur monde : SOS Racisme, le gouvernement algérien qui aime bien faire d’eux une cinquième colonne de déstabilisation pour faire pression sur le gouvernement français, quitte à les sacrifier ?
Ou est-ce qu’à un moment donné, on se dit : je suis né dans ce pays, c’est le mien. Et finalement, je me rends compte quand je vais en vacances au bled, que les blédards ne me prennent pas pour une Algérien. Ils me prennent pour une Français. Je me rends compte que les élites algériennes ont honte de ce que je représente en France, que je fais honte aux Algériens, c’est une vérité aussi, avec la délinquance, mon survêtement et mon « Nique ta mère ». À un moment, je dis : comment puis-je puiser dans mon histoire personnelle pour réussir ma vie ?
Et là on puise dans ce qu’il y a de meilleur dans ce qui vous fait, c’est-à-dire peut-être une structure familiale encore solide, qui est plus solide que la cellule familiale française dégradée. Peut-être une fierté qu’on peut trouver dans une histoire des peuples berbères. Mais là, il faut peut-être plus aller voir du coté de l’histoire d’Abd el-Kader plutôt que de certains leaders qui s’appuient sur l’histoire héroïque du FLN, alors qu’en fait, ils sont rentrés dans le gouvernement une fois qu’ils ont tués tous les mecs qui avaient fait la guerre et qu’ils étaient en fait d’anciens sous-officiers français, double nationaux, et que dès qu’ils sont malades, ils vont se faire soigner en France, et que tout leur pognon est en Suisse, etc.
C’est-à-dire que j’aimerais que les Franco-algériens fassent un travail de déconstruction dans leur roman national comme nous le faisons du nôtre. Car tant qu’on ne le fait pas, on est un soumis et un dominé. Malheureusement, quand je vois certains Franco-algériens croire à tout le baratin officiel de la junte militaire algérienne, ce n’est pas un moyen de comprendre d’où ils viennent et où ils peuvent aller. Je me dis, c’est ce qu’on appelle un roman national.
Le roman national, c’est très utile pour le décollage. Mais au bout d’un moment, il faut faire de l’histoire réelle. Et nous, par exemple, nous, Français, savons aujourd’hui que l’absolutisme royal n’était pas tout à fait l’absolutisme royal et que la Révolution française n’a pas été la prise du pouvoir du peuple, strictement. L’histoire de Michelet n’est pas tout à fait l’histoire réelle. Finalement, avant il y avait les corps intermédiaires et puis après, il y a eu la Loi Le Chapelier, voyez. C’est aussi le triomphe du libéralisme, c’est aussi l’explosion de la misère ouvrière, etc.
Et heureusement, je crois qu’aujourd’hui, nous sommes, après des années de domination de SOS Racisme sur les jeunes issus des quartiers, les binationaux, qui était une manière de les maintenir dans une névrose sociale et de s’en servir d’instruments contre finalement le Français de souche. Ces gens-là, ont servi d’une certaines manière de « tirailleurs sénégalais », non pas de la France coloniale qui n’existait plus, mais de l’antiracisme officiel dont je peux vous rappeler que les parrains sont toujours les mêmes : Bernard-Henri Lévy, Finkielkraut, etc., etc.
Maintenant, je dis : il y a deux stratégies. Il y a soit sortir effectivement de l’indigénat, et devenir un Français à part entière, réclamer ses droits parce qu’on accomplit aussi ses devoirs, et se faire respecter – qui est le mot préféré de ces gens-là – parce qu’on est infiniment respectable, parce qu’on réussit, parce qu’on s’impose, etc. Soit continuer à pleurnicher, à mendier et à insulter au nom d’une colonisation éternelle qui se prolongerait éternellement. Et moi, je dis : quand un jeune français originaire du Maghreb qui vit du RSA en banlieue avec un téléphone portable et les derniers modèles de basket traite de colon un Français au chômage ou un paysan français qui est au bord du suicide, il mérite de se faire botter le cul sévèrement. Voyez. Parce que c’est d’une malhonnêteté totale. Et ça, qui vend ce genre de discours ?
Toujours les mêmes. Nos éternels manipulateurs, les rentiers de l’antiracisme qui terminent comme Malek Boutih, qui terminent comme Harlem Désir, dont on découvre qu’il était juif ashkénaze alsacien par sa mère, voyez. Il n’est pas si maghrébin que ça, Harlem Désir. Etc., etc., etc. Et à ce moment-là, effectivement, on essaye de réussir sa vie en tant que Français. Et on fait ce travail.
Je pense qu’en ce moment, beaucoup de jeunes sont en train de le faire.
Et c’est pour ça que je dis que l’ennemi est pressé de faire péter la situation en France, entre les Français d’origine maghrébine et donc de confession musulmane et les Français de souche. Parce que si en fait, les choses durent tranquillement et gentiment, on va vers la réconciliation nationale.
C’est évident que le Français d’origine maghrébine, ses parents voulaient être enterrés au pays d’origine. Eux sont enterrés en France. Ils n’ont plus tellement d’attaches, parce qu’ils ont toujours vécu en France. Ils se sentent français. Ils arrivent petit à petit à réussir économiquement en France en créant des PME, etc. Ils arrivent enfin à accéder aux diplômes et aux études supérieures. Les imams commencent à être des imams nés en France et pas des imams imposés par les gouvernements autoritaires du Maghreb.
Parce que ça aussi, c’est une question que je pose. Souvent le Français double national franco-maghrébin est très, très critique sur la politique française, typique Jamel Debbouze. Mais dès qu’il traverse la Méditerranée, c’est « Sa Majesté, Mohammed VI. » C’est-à-dire que là, il est à plat ventre en train de lécher les pieds du roi. Mais en France… Je pourrais aussi parler de Tariq Ramadan qui est très soucieux de la condition sociale des Français musulmans, mais qui n’hésite pas à aller ouvrir un centre d’études islamiques au Qatar. Qatar qui est un pays, en plus d’être une base américaine, tenu par les Bédouins milliardaires incultes et traitres à l’islam, et un pays où les partis politiques sont interdits, les syndicats sont interdits, et où les travailleurs n’ont aucun droits sociaux. Voyez, ça ne le gène pas du tout.
Donc, c’est tous ces mensonges dont il faut sortir. Moi je suis pour un travail de réconciliation fait sur la vérité, et notre avenir sur la virilité. Je dis moi qu’il y a un terme pour ça : je dis qu’il faut sortir des shoahs au sens large du terme.
La logique de la Shoah, qui est la logique du communautarisme victimaire dont on a parlé au début, qui fait que nous sommes là ce soir et pas ailleurs, a, pour des raisons jurisprudentielles, généré des tas de petites shoahs. Mais des petites shoahs assez peu rentables ! Donc la shoah postcoloniale d’Houria Bouteldja et des Indigènes de la République. La shoah maintenant des Arméniens qui viennent nous parler de ça en France alors que nous n’avons aucun lien avec l’histoire arménienne ! La shoah dont est sorti d’ailleurs Dieudonné, de la repentance coloniale, effectivement, pour nos départements d’Outre-mer.
Et aujourd’hui, on est dans une espèce de « shoatisation généralisée » où au lieu de dire, on arrête avec la Shoah, on arrête avec le communautarisme victimaire, on arrête avec le racket mémoriel, etc. – c’est comme ça qu’on devrait faire : tous arrêter les shoahs –, il y a une généralisation des shoahs.
Et je dis, moi, aux maghrébins binationaux qui sont encore sur le « c’est la faute de la colonisation » : ça devient un peu louche quand j’entends dire « ça va très mal en Algérie à cause de la présence française. » Ça fait quand même un moment donné qu’il peut y avoir d’autres explications, pourquoi ça va mal. Il y a une junte militaire qui a capté tout le pognon, qui réprime dans le sang avec une police qui fait que si vous dites ce que je dis, en Algérie, immédiatement, je dors ce soir en prison et demain, je suis enterré dans la forêt. C’est une réalité.
Au Maroc, on voit aujourd’hui, qu’on peut être emprisonné pour « injure à Sa Majesté ». On l’a mis sur le site, etc.
Il faut, je dirais, s’accomplir pleinement – je parle pour les Français en tant que Français – et sortir de ces logiques du communautarisme victimaire, de ce racket mémoriel, de ce pleurnichage, dont je vous dis : il n’y a qu’une communauté qui sait très bien fait, et à qui ça rapporte. Finalement, les autres ne savent pas faire et ça ne leur rapporte rien.
Et surtout, je le dis : c’est la grande Shoah qui donne l’étiquette « petite shoah ». C’est comme pour le tampon casher. C’est la communauté des élus qui décident si vous avez le droit à une shoah ou pas.
Donc, la petite shoah de la pleurniche mémorielle anticoloniale des Maghrébins de France, elle est donnée par les élites de la grande Shoah. Donc à un moment donné, il faut sortir de tout ça parce qu’Houria Bouteldja, elle a droit d’exister que parce que toute l’organisation de domination est là. Si à un moment donné, elle gène, d’un seul coup, ça se retourne. C’est-à-dire que c’est très dangereux de n’exister que comme marionnette, par des gens qui sont vos instrumentateurs et qui en réalité profondément ne vous veulent pas du bien. Car en même temps qu’ils vous disent : « Allez emmerder le Français de souche sur la colonisation », ils ont déjà programmé aussi de se servir de vous comme bouc émissaire quand ça va chauffer, en tant qu’ignoble islamiste égorgeur, voyez.
C’est toute l’ambigüité des mouvements d’extrême gauche aujourd’hui qui chapeautent ces mouvements postcoloniaux, comme les Indigène de la République. C’est que derrière, vous avez les gens qui sont tous issus du trotskysme et de l’extrême gauche trotskyste, qui à la fois aiment l’immigré parce qu’il est immigré mais qui détestent le musulman parce que c’est une fanatique musulman anti-laïcard. Or aujourd’hui, c’est le même. C’est-à-dire que là on est dans la schizophrénie du NPA. C’est : ils protègent l’immigré d’une main, qu’ils agressent de l’autre en tant que réislamisés ! Donc en fait, à un moment donné, je dis : arrêtez de protéger celui que vous agressez parce qu’en fait, vous le protégez contre vous-mêmes. Vous êtes des dingos schizophrènes.
L’extrême gauche aujourd’hui prétend protéger les immigrés contre une agression qu’ils lui font eux-mêmes subir à travers Charlie Hebdo. Voyez, c’est Caroline Fourest. Voyez, c’est ça.
Moi, je propose la réconciliation nationale. Et je ferai remarquer que mes réunions sont l’exemple parfait. Il y a toujours dans mes réunions, un tiers de nationalistes, un tiers de gens venus de l’extrême gauche – mais qui ont d’un seul coup connecté leur deuxième hémisphère cérébral – et un tiers de gens issus de l’immigration, mais qui ont décidé de sortir de la petite rente de confort qu’on appelle la « petite shoah », qui ne rapporte rien. Si : des ballons de foot, des ghetto-blasters, et des stages de hip-hop. Voyez. Jamais des postes de ministre ou de recteurs d’université, jamais. Ou alors du Rachida Dati, voyez.
Donc, j’en reviens toujours à ce pourquoi je suis là, parce que j’ai un point de vue : égalité et réconciliation. Réconciliation nationale sur ce truc : « gauche du travail, droite des valeurs ».
« Gauche du travail » : c’est la parole à ceux qui produisent, ceux qui travaillent. Et souvent, c’est vrai, que les gens d’origine immigrée, on les a fait venir pour travailler au départ. Et ils sont plutôt dans le prolétariat et le sous-prolétariat que dans l’hyperclasse mondiale, à part Tariq Ramadan qui a été coopté récemment, qui est dans l’hyperclasse mondiale : il prend des avions, il voit ça de très haut, et tout ça, au Qatar, à Genève, mais pas dans les banlieues du 93. Il ne sait pas ce que c’est que de vivre au milieu des Français de souche en colère. Il ne suffit pas d’agiter « le texte et le contexte ». C’est à un moment donné comment gérer le vire ensemble avec 40 % de chômeurs, une situation totalement dégradée, et des gens qui sont tous sur le point de sortir pratiquement la kalachnikov ou le fusil, le fusil de chasse à pompe, voyez.
Ça aussi, c’est toutes ces questions-là. Donc moi c’est : « gauche du travail, droite des valeurs ». C’est-à-dire on se tient correctement, on a de la morale.
Et pour la droite des valeurs, il y a les Évangiles, le Coran, les valeurs chevaleresques. En fait, tous les systèmes verticaux sont basés sur la hiérarchie du bien et du mal.
Et puis le peuple du travail. Et cette alliance gauche du travail, droite des valeurs permet à mon avis la réconciliation nationale qui est ma proposition et qui est une proposition alternative à la repentance éternelle et à toutes les stratégies de shoahs élargies et multipliées. Voilà.
Merci à Genève Non Conforme.
http://www.genevenonconforme.org/
Bonus
http://www.youtube.com/watch?v=p30AR2Wy4Ho
La Suisse
Je m’amuse à étiqueter Ziegler, parce que je me dis qu’il se plaint finalement de ce mensonge Suisse de la banque. Mais il se plaindra encore plus quand ils n’auront plus les moyens.
Et il est évident que dans le processus mondialiste, la Suisse doit disparaître comme coffre-fort du monde. Ça va se déplacer ailleurs. Et que vous subirez de plus en plus des attaques, non seulement des attaques métisseuses, mais aussi des attaques sur cette exception bancaire suisse. Ça c’est une certitude.
Donc ça, je voulais finir là-dessus parce qu’effectivement, ça vous touche en tant que Suisses. C’est que la Suisse était quelque part un petit monde à part. C’est-à-dire que vous n’êtes pas dans l’Union européenne, vous êtes encore un pays qui est peut-être celui qui résiste le plus au rouleau compresseur mondialiste, qui en Europe, s’effectue par l’Union européenne. Vous n’êtes pas dedans. Moi, je souhaite que vous résistiez le plus longtemps possible à votre intégration et à votre soumission à l’Union européenne. C’est pour ça que tous les mouvements antieuropéens me sont sympathiques en Suisse. Et j’espère notamment que cette exception suisse qui est déjà très affaiblie.
Parce que moi, je me rappelle la Suisse de quand j’étais petit, dans les années soixante. C’est plus du tout celle que j’ai connue dans les années soixante, qu’on critiquait beaucoup mais qui était incroyablement admirable, où il n’y avait pas d’antivols sur les vélos, ou même quand il y avait un tag sur le mur, il était fait au pochoir – et on pouvait vérifier qu’il n’y avait pas un millimètre de déclinaison –, où il n’y avait pas de contrôleur dans le tramway parce que personne n’aurait pensé tricher, où on achetait son journal en mettant la pièce et personne ne volait le journal. Et moi qui était un petit con de Français de banlieue, je me disais : c’est vraiment des nazes ces Suisses, ils ne volent pas !
Je n’avais pas compris l’incroyable niveau du citoyen suisse, et à quel point c’était un acquis et une preuve d’élévation civilisationnelle. Et de mon point de vue de petit Français de banlieue de Meudon-la-Forêt, je prenais les Suisses pour des cons, voyez. Pour vous dire comme tout est inversé.
Et aujourd’hui, je vois que cette Suisse n’existe plus. Il suffit de se promener dans le quartier de la gare à Lausanne ou à Genève pour voir que ça ressemble malheureusement de plus en plus à la France. Et j’espère que vous tiendrez le plus longtemps possible.
Car étant double national et ayant sans doute à subir très prochainement des persécutions de plus en plus graves, j’aimerais pouvoir, comme l’a fait Lénine à une époque, me réfugier dans mon second pays qui est la Suisse.
Merci.
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