Chaque année, la presse nous fait part de la recrudescence quasi-constante des actes antireligieux. Par actes antireligieux, comprenez les actes islamophobes et antisémites : il y en aurait eu respectivement 369 et 614 en 2012 d’après un article publié par France Info [1].
Ces statistiques, émises généralement par des organes communautaires, désignent des méfaits à travers lesquels l’identité religieuse des personnes agressées ou des lieux profanés serait de toute évidence l’élément motivant les coupables.
La presse est cependant plus discrète concernant les actes dirigés contre l’identité chrétienne. Elle les traite comme des faits divers, et se prive bien, contrairement aux actes islamophobes et antisémites, de se lancer dans des analyses géopolitiques ou macro-sociétales à grand renfort d’ « experts » de la question.
Pourtant, les actes christianophobes sont une réalité indéniable. Des médias plus indépendants nous en apportent régulièrement la preuve. Ainsi le site Atlantico [2] en dénombre-t-il au bas mot 79 pour l’année 2012, juste pour les profanations et les dégradations de lieux de cultes. Viennent ensuite les agressions de personnes, les interruptions de célébrations, les menaces, etc. L’Observatoire de la christianophobie [3], de son coté, répertorie les attaques subies par les chrétiens et leurs institutions, en France et dans le monde, reportant ainsi des faits généralement passés sous silence par les médias dominants.
- Profanation du cimetière catholique de Biéville-Beuville , Normandie, en janvier 2010
L’enjeu statistique de la question réside dans les critères considérés pour retenir, ou non, le caractère antireligieux d’un acte. En ce qui concerne par exemple les profanations, Le Figaro, en septembre 2010, nous informait qu’il y en avait environ « une […] tous les deux jours », et que, d’après la gendarmerie, elles concernaient « très majoritairement des tombes chrétiennes ou des églises » [4]. À voir donc, si l’on doit considérer l’intention des auteurs ou les résultats eux–mêmes pour qualifier un délit de « christianophobe ».
En tout cas, les associations communautaires qui font loi sur le nombre d’actes islamophobes ou antisémites ne semblent pas s’embarrasser de ce type de questionnement : au-delà des chiffres, lorsqu’on en vient aux faits, on constate qu’il ne s’agit pas toujours d’agressions clairement identifiés ou de dégradations revendiquées de lieux de cultes : des suspicions de discriminations ou des altercations au sujet de la « laïcité » sont ainsi prises en compte sans état d’âme [5].
« Deux mères de famille se voient interdites d’accompagner une sortie scolaire par la directrice pour cause de port du voile » : voilà un exemple d’acte « islamophobe » utilisé par le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) pour composer ses statistiques. Statistiques reprises par les médias dominants pour dénoncer la hausse de l’islamophobie, le tout au milieu d’articles au ton complaisant envers la loi antivoile de 2004. Incompétence, schizophrénie ou manipulation ?
Un certain nombre d’actes de profanations de lieux de cultes musulmans restent cependant indiscutables : graffitis hostiles dans des cimetières, têtes de porcs devant des mosquées [6]... Il apparaît effectivement que l’absence d’un islam français et intégré tel que l’invoque Camel Bechikh [7], ainsi que le traitement médiatique dont l’islam fait l’objet ces dernières années (foulard, prières de rue, pain au chocolat…), génèrent de tristes amalgames dans certains esprits, souvent isolés et certainement adolescents, dont l’expression d’un malaise bien réel débouche sur de déplorables insultes au sacré.
Quant aux actes antisémites, il est bien dommage qu’on ne puisse les déplorer sans garder une certaine distance, tant des précédents comme l’affaire « Marie L » [8] ou, plus encore, la fausse agression du Rabin Farhi [9] nous ont laissés dubitatifs. Ce genre d’affaires douteuses n’est d’ailleurs en rien propre à la France, les exemples aux États-Unis étant aussi nombreux (affaire Kerri Dunn, affaire Sarah Marshak…) [10].
Quoi qu’il en soit, Richard Prasquier nous assure que la lutte contre les actes antisémites, « à ne pas mélanger » avec les actes islamophobes, doit faire l’objet d’un traitement spécial : la France doit en faire une priorité. François Hollande s’exécute : elle sera « une cause nationale » [11].
Ni Prasquier, ni le président de « tous » les Français ne mentionnent cependant les actes christianophobes.
Mais cela ne nous étonne point. Tout comme la lutte contre l’antisémitisme, il semblerait que jeter l’opprobre sur la foi chrétienne et plus précisément sur le catholicisme soit une priorité nationale.
Piss Christ est ainsi applaudi comme représentant de l’art subversif au nom de « la libre création artistique » [12], les écoles catholiques sont attaquées par les politiques au nom de la sacro-sainte laïcité [13], Charlie Hebdo, érigé en symbole de la liberté d’expression, souille la foi chrétienne continuellement (en prenant récemment le prétexte de la question du « mariage pour tous » pour doubler ses doses d’insultes)…
- Une « une » habituelle chez Charlie Hebdo. Ici, celle du 27 février 2013
Bien sûr, les milieux audiovisuels apportent eux aussi leurs flots de mensonges et d’ordures permanents : Case départ et Inquisitio l’été dernier [14], Au Nom du Fils et Le Silence des Églises cette année [15]. Cela aurait-il d’ailleurs un lien avec les disproportions communautaires marquant le monde des médias, sur-représentations que semble même admettre Élisabeth Lévy lorsqu’elle disjoncte [16] ?
Non ! Pas de « complotisme » ! La négation des actes christianophobes, tout comme les attaques anticatholiques des médias dominants ne sont pas la preuve d’une volonté oligarchique. Comme nous l’expliquerait certainement le prophète Jacques Attali, l’antichristianisme ambiant est en fait un phénomène normal et endogène, un simple effet secondaire de la marche vers « l’hyperdémocratie » cette « expression ultime du moteur de l’Histoire : la liberté » [17]. Que c’est beau, le progrès !
- « Hé Rabbin... Kes tu fais ?! »
Un dessin humoristique pouvant faire écho aux fausses agressions antisémites... Charlie Hebdo oserait-il en faire sa une ?