L’ONG Médecins du Monde aurait dû lancer une campagne choc ce lundi 13 juin contre le prix de certains médicaments. Mais il n’en sera rien, elle a été « bloquée » par l’ARPP qui juge qu’elle pourrait nuire aux laboratoires pharmaceutiques.
Et si dans un futur très proche, les laboratoires pharmaceutiques n’avaient plus besoin de faire pression ou d’exercer un lobbying assidu pour éviter que l’on ne plonge le nez dans leurs bilans financiers ? Et bien ce futur est peut-être encore plus proche qu’on le croît. L’ONG Médecins du Monde (MDM) aurait dû, en théorie, lancer une grande campagne d’affichage, ce lundi 13 juin, pour dénoncer le prix prohibitifs de certains médicaments contre des maladies comme l’hépatite C, le mélanome ou la leucémie. Une campagne « choc » comme l’ont signalée pas mal de médias lundi matin.
Mais il n’en sera rien. Tout simplement car aucun diffuseur n’a voulu prendre le risque de l’afficher – et par extension de se fâcher éventuellement avec un grand laboratoire. Tel est l’extrait du « conseil » transmis par l’ARPP à la société Médiatransports, que nous nous sommes procurés.
Le zèle de l’ARPP
MDM et Médiatransports ont pourtant travaillé ensemble à plusieurs reprises. Ils ont même remporté un prix ensemble, il y a moins d’un an. Comme de coutume, pour cette campagne, l’ONG a envoyé les visuels de sa nouvelle campagne à la régie commerciale du « leader de l’affichage transport ». Ces derniers vont étonnamment demander conseil à l’Autorité professionnelle de régulation de la publicité ; l’ARPP qui n’a qu’un avis consultatif, en aucun cas contraignant, comme dans le domaine audiovisuel.
L’ARPP pointe trois raisons : la « référence a des maladies graves » qui « pourrait être perçue comme choquante par le public », des « allégations chiffreés » qui ne sont pas sourcées sur les affiches et, surtout, l’ARPP écrit en première justification :
« Nous attirons tout particulièrement votre attention sur le risque de réactions négatives que pourrait susciter l’axe de communication choisi, de la part des représentants de l’industrie pharmaceutique. En effet les entreprises ainsi mises en causes pourraient estimer qu’une telle campagne porte atteinte à leur image et leur cause un grave préjudice et décider d’agir en ce sens. »