La banque d’investissement Goldman Sachs vient de racheter le laboratoire français HRA Pharma, fabricant de pilules contraceptives et de pilules du lendemain.
C’est un bon investissement, la banque ne se trompe pas : l’utilisation de la contraception d’urgence a fortement augmenté ces dix dernières années ; en France, un quart des femmes disent avoir eu recours au moins une fois dans leur vie à la pilule du lendemain. Quant à la pilule contraceptive, avec plus de 100 références dans les pharmacies françaises en 2013 (si l’on tient compte des anti-acnéiques), la France compte 5,2 millions d’utilisatrices. Les Françaises sont parmi les plus grandes consommatrices de pilule au monde.
On compte de plus en plus de femmes qui prennent leurs contraceptifs oraux en continu, sans journées d’arrêt ou pilules placebo. Cette habitude a comme effet principal d’empêcher les menstruations de survenir. Une autre option, pour ces femmes qui souhaitent ne plus être réglées : la pilule saisonnière, autorisée au Canada et aux États-Unis, qui est prise sans discontinuer pendant 84 ou 91 jours, et qui permet de réduire les menstruations à quatre dans une année, soit une par saison.
D’autre part, la ménopause est de plus en plus médicalisée, avec le développement des traitements hormonaux substitutifs à base d’oestrogène et de progestérone (THS). Les enquêtes les plus récentes montrent qu’environ 54% des femmes âgées de 48 à 52 ans et 38% des femmes de 60 à 64 ans déclarent suivre un THS. C’est un phénomène qui ne manquera pas de se « démocratiser » à l’avenir.
Des hormones aux nombreux effets secondaires...
Ainsi la prise d’hormones sous forme de médicaments est aujourd’hui banalisée ; ce n’est pourtant pas un acte anodin : pour empêcher l’ovulation, ou traiter la ménopause, les doses d’hormones ingérées sont bien plus élevées que celles fabriquées par le corps de la femme. Comment se persuader de l’innocuité d’un tel traitement ? Dans un comprimé de pilule contraceptive pris chaque jour, il y a au minimum 10 microgrammes d’estradiol, quantité qui serait présente dans 100 kilos de viande… Augmentation des risques de phlébite, d’AVC, d’infarctus et de cancer, ces dangers sont dénoncés par journalistes et médecins depuis les années 60 [1].
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a d’ailleurs classé les contraceptifs œstroprogestatifs et l’hormonothérapie ménopausique dans la catégorie cancérogènes (groupe I). Depuis 2007, la Haute autorité de santé recommande en outre aux médecins de ne plus prescrire les pilules de 3ème génération aux nouvelles utilisatrices en première intention. Mais ces alertes et recommandations n’ont eu aucun effet sur la prescription du contraceptif.
Un document statistique publié par l’Inserm décrit une forte disparité mondiale des cancers du sein : les taux d’incidence les plus élevés sont observés aux États-Unis, en Europe de l’Ouest et du Nord. Ces taux sont intermédiaires en Espagne, et les plus bas se situent en Afrique et en Asie y compris au Japon, or la pilule est consommée par 50 % des femmes en France, contre 22 % en Espagne, et 2 % au Japon. La pilule, responsable d’une augmentation du risque de cancer du sein, du col de l’utérus et du foie, aurait cependant un effet protecteur contre les cancers de l’ovaire et de l’endomètre.
Se surajoutent à ces risques, des effets, aujourd’hui avérés, sur le comportement : la prise de contraceptifs hormonaux peut entraîner des troubles de l’humeur, de l’anxiété allant jusqu’à la dépression.
Dans certaines notices de pilule, il est clairement indiqué qu’elles peuvent provoquer une baisse de la libido. En effet, la pilule supprime le pic de désir qui survient au moment de l’ovulation et inhibe la production de testostérone qui joue dans la libido. [...]
- Le professeur Israël Nisand
Il n’existe aucun mode de contraception fiable à 100% ; la prise de risque existe chaque fois qu’il y a rapport sexuel. Et nous sommes en droit de nous demander si la prise d’hormones de façon quasi-continue de la puberté à l’après-ménopause ne présente pas davantage de risques que de bénéfices.
Comment expliquer le fait que l’oestrogène soit « la molécule pharmaceutique la plus utilisée et la plus rentable de l’histoire de l’humanité » (Andrea Tone, Devices and Desires. A History of Contraceptives in America) ?
Ce quasi-monopole peut être imputé en partie aux larges efforts de communication développés par les laboratoires pharmaceutiques – le Pr Joyeux parle de « propagande sanitaire ». En effet, les laboratoires forment et financent des médecins experts, investissent dans la publicité (BD, films distribués dans les collèges et lycées), et envoient des échantillons dans les centres du Planning Familial.
En témoigne le poids médiatique et politique du professeur Israël Nisand, chef du département de gynécologie-obstétrique des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, animateur des Samedis de la contraception (formation proposée gratuitement aux professionnels des grandes villes de France, et financées par les laboratoires) et instigateur du projet de pass’ contraception, dispositif actuellement testé dans plusieurs régions, permettant aux lycéens de consulter afin de se faire prescrire une contraception anonymement et gratuitement, sans passer par la carte Vitale et l’accord des parents.
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