Un automobiliste a renversé volontairement six militaires de l’opération Sentinelle, dans la matinée du mercredi 9 août, à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. En début d’après-midi, il a été interpellé sur l’autoroute A16.
Laetitia, dont le mari fait parfois des rotations Sentinelle comme les soldats attaqués, est à la tête du mouvement Femmes de militaires en colère. Elle réagit sur franceinfo.
franceinfo : Les militaires sont-ils devenus des cibles privilégiées selon vous ?
Laetitia : On est plus inquiètes quand ils sont sur le territoire national que quand ils sont à l’étranger. On sait très bien ce qu’ils vivent. Ils sont fatigués. Les nuits, le militaire se dit : « Je vais dormir 5 heures ». Il se rend compte qu’il est logé dans des endroits où on ne mettrait même pas des animaux. On a des hommes qui sont mangés par des punaises de lit. Il y a des militaires qui passent un mois et demi dans l’année chez eux. Ce n’est pas possible !
La situation est-elle encore tenable ?
Les femmes de militaires n’ont jamais rien dit. Nos maris ont un droit de réserve et nous, on s’est toujours mises aussi en droit de réserve quelque part. Mais maintenant, ce n’est plus possible. Ce sont des militaires, mais ça reste des hommes, des maris et des pères. Nous, on n’a pas envie d’avoir des centaines de cercueils sur la place des Invalides, parce que malheureusement, c’est ce qui va arriver.
Quel appel lancez-vous au gouvernement ?
Je veux dire au gouvernement que ça suffit de prendre les militaires pour des vaches à lait. Quand le pays a des problèmes financiers, on va taper sur les militaires, on va enlever des moyens. Ça suffit !
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Les réactions politiques sont évidemment nombreuses après la tentative d’assassinat sur les soldats de Sentinelle à Levallois, le fief des Balkany (92). Mais tout le monde n’a pas la même approche de l’événement. Pour la droite nous avons choisi Florian Philippot, pour la gauche Clémentine Autain.
"On ne luttera pas contre le terrorisme en laminant notre droit (...) il y a des attaques malgré l'état d'urgence" @Clem_Autain pic.twitter.com/DJbRoerh5v
— franceinfo (@franceinfo) 10 août 2017
"Nous sommes face à une série de capitulations au quotidien, à une avancée du fondamentalisme et du communautarisme" @f_philippot #E1Matin pic.twitter.com/kSIp8YMdnq
— Europe 1 (@Europe1) 10 août 2017
Le Figaro a interrogé Thibault de Montbrial, « avocat au barreau de Paris, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure et membre du conseil scientifique de l’École de guerre ». Il reprend la théorie de Gilles Kepel :
« La logique de ce genre d’attaques est celle d’une guérilla de basse intensité, dont l’objectif est l’usure des forces de l’ordre. Abou Moussab al-Souri, le théoricien de l’“Appel à la résistance islamique mondiale” (2004) parlait de “stratégie aux mille entailles”. Dans une logique de guerre asymétrique, il s’agit d’affaiblir l’adversaire en le harcelant d’attaques à signaux faibles, utilisant une logistique à coûts presque nuls qui s’appuie sur des objets de la vie quotidienne (couteaux, voitures). »
Il poursuit :
« L’impact de ces attaques n’est pas tant médiatique que psychologique : il s’agit d’imprimer une tension permanente sur les forces de sécurité. Je pense d’ailleurs que, régulièrement, des incidents mineurs ont lieu sans être relayés médiatiquement, soit parce qu’il s’agit d’échecs, soit parce que ce sont des actes de trop faible intensité. À Levallois, on ne peut parler d’échec : ces six blessés dont deux graves vont durablement marquer les esprits dans les forces de sécurité intérieure. »
Le général Desportes, lui, invité sur les Grandes Gueules de RMC, n’a pas sa langue dans sa poche :
#Sentinelle "Cela suffit ! Ces soldats n'interviennent que lorsqu'ils sont attaqués !" Général Vincent Desportes #GGRMC pic.twitter.com/ojvHWpIDf2
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) 10 août 2017
« On est totalement incapables de dire l’effet positif. Mais l’effet négatif, on peut en parler ! »
« On utilise les militaires pour un métier qui n’est pas le leur »
« Quand je vois les coupes budgétaires de l’armée par Emmanuel Macron, je dis non »