La présidente du FN Marine Le Pen a affirmé mardi à l’AFP que des propositions tonitruantes publiées au mois d’août par son conseiller international sur la politique internationale « n’engageaient pas le FN ».
« Le FN n’a pas changé de position sur cette question (de politique internationale). Aymeric Chauprade a exprimé dans cette tribune sa vision personnelle de la situation, ce qui est évidemment son droit légitime mais qui n’engage pas le FN », a assuré la patronne du parti.
M. Chauprade, député européen et conseiller spécial de Marine Le Pen sur les questions internationales, a publié le 11 août sur son site personnel une longue tribune intitulée « La France face à la question islamique : les choix crédibles pour un avenir français ».
Il appelle notamment les services spéciaux à « éliminer les 1.000 jihadistes disposant de la nationalité française partis combattre en Syrie et en Irak » avant « qu’ils ne reviennent », et voit dans les événements du 11 septembre 2001 le résultat d’une « collusion probable entre une partie de l’État profond américain et l’État profond saoudien ».
Évoquant les exactions commises par l’État islamique (EI) contre les chrétiens d’Irak, M. Chauprade défend un « principe de solidarité civilisationnelle » et appelle à une « préférence chrétienne » en matière d’asile.
Surtout, il affirme que « la France n’a aujourd’hui qu’un véritable ennemi : le fondamentalisme islamique sunnite » alors qu’« Israël n’est pas l’ennemi de la France ».
Il s’inquiète de voir le pays « menacé par le remplacement de sa population historique par une population en majorité africaine et musulmane » d’ici « une ou deux décennies ».
Pour ce géopolitologue, « un pan entier et important de la population de nationalité française d’origine arabo-maghrébine et musulmane n’est plus seulement antisioniste, il est antisémite ».
Ce docteur en sciences politiques renoue avec l’idée d’« inversion des “mauvais” flux migratoires », pratiquement absente du programme du FN pour la présidentielle 2012 : « Notre pays a accueilli des millions de musulmans. Une partie restera, une autre devra partir », plaide-t-il, visant ceux « nombreux qui font le choix de l’Oumma plutôt que de la France » qui « n’ont vocation ni à être ni à rester français ».
La tribune a suscité de nombreuses réactions sur Internet dans les milieux d’extrême droite.
Joint par l’AFP, Florian Philippot, vice-président FN chargé de la stratégie, a estimé que dans cette tribune « il y a des points identiques à la position du Front, d’autres non ». Il s’est déclaré opposé à l’élimination des jihadistes, telle que proposée par M. Chauprade. « On peut envisager une kyrielle de mesures : déchéance de nationalité, faire travailler nos services de renseignement, la justice, renforcer considérablement les peines. Mais dans le cadre de l’Etat de droit », a-t-il précisé.
Le député européen Bruno Gollnisch, interrogé par Marianne, a lui qualifié d’« un peu angélique la manière qu’a Chauprade de reprendre le discours officiel des autorités israéliennes ».
C’est « un texte fondamental pour l’avenir de la France », a salué Fabrice Robert, patron du Bloc identitaire sur Twitter. « Intelligent, limpide, clair », a déclaré à l’AFP Philippe Vardon, figure de proue des identitaires niçois.
Serge Ayoub, chef du groupuscule Troisième voie dissous en juillet 2013, a évoqué lui des « errements ».
Pour Nicolas Lebourg, historien spécialiste du FN, ce texte, « une offre idéologique cohérente », comporte une « inflexion » par rapport à la ligne actuelle du FN.