Deux articles se sont téléscopés aujourd’hui dans l’actu française. D’une part, une statistique commentée par Le Figaro selon laquelle « 30% des électeurs de Mélenchon soutiennent la politique économique de Macron », d’autre part, « le besoin d’une gauche » sur Mediapart.
On sent que la France a besoin d’une gauche, oui mais laquelle ? La gauche, autrement dit les aspirations du peuple, des dominés, soyons directs, par rapport aux dominants (avant on disait ceux qui possèdent le capital contre les autres), est représentée tant bien que mal par plusieurs organisations politiques. Globalement, un gauchiste ou un électeur de gauche, a le choix entre le La République en marche (eh oui), le Parti socialiste, le Parti communiste, la France insoumise et les groupuscules d’extrême gauche, chacun se disputant le monopole de la gauche ou de la pureté de gauche, sinon son « réalisme ».
Récemment, une grande partie du vote socialiste a été aspirée par deux formations : les macronistes, et les mélenchonnistes. Les premiers aspirant les gauchistes libéraux, les seconds les gauchistes antilibéraux. On appelle ça une recomposition. Elle fait suite à des années de mensonges et d’inadaptation du PS à son corps électoral. Aujourd’hui, les choses sont plus claires : le PS est devenu minoritaire à gauche, dépassé par les deux nouvelles tendances précitées.
Globalement, ils estiment que les principales orientations économiques du nouvel exécutif à destination de l’entrepreneuriat et des petites entreprises « vont dans le bon sens pour améliorer la croissance et l’emploi » (42% pour, 22% contre). Une bonne nouvelle pour la République en marche à la veille du premier tour des législatives. Fait étonnant, 30% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, 30% de ceux de Benoît Hamon et même 27% de ceux de Marine Le Pen partagent cette opinion positive !
Cependant, la stat du Figaro vient un peu chambouler cette présentation : si 30% des électeurs de Mélenchon approuvent la politique économique de Macron, c’est qu’ils n’ont rien compris au mélenchonnisme. Ou alors que l’aspect économique de la FI ne leur parle pas. Pourtant, le sondage IFOP montre qu’un tiers des mélenchonnistes défend le parti pris entrepreneurial de Macron. Ce qui n’est pas forcément contradictoire : on peut estimer qu’en faisant une politique au bénéfice des employeurs, ces derniers vont embaucher, et du coup, réduire le chômage.
Ceux qui pratiquent le jeûne ou les régimes savent une chose : lorsqu’on prive un corps de nourriture pendant une période donnée, le forçant à ne pas se nourrir, immanquablement, lorsque la nourriture revient, elle est stockée. Voilà pourquoi les régimes rapides effectués par les femmes, en majorité, ne marchent pas sur la durée. Pour les employeurs, c’est pareil : rien ne dit que les grosses boîtes embaucheront si leurs charges diminuent. En effet, leur objectif, dans ce monde financiarisé à mort, est le profit plutôt que l’emploi. D’ailleurs dés-employer est synonyme de profit, puisque ça augmente la productivité. Et tant pis pour les emplois et le chiffre daffaires.
Voilà pourquoi il se trouve 29% d’ouvriers pour approuver, sans leur signer un chèque en blanc, les mesures de « libéralisation » économique du gang Macron.
Toujours aussi bienveillants envers ce gouvernement, 63% des Français estiment que sa composition « reflète une volonté d’intégrer davantage d’entrepreneurs ». L’équipe Philippe compte un véritable entrepreneur, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargé du numérique, et une dirigeante d’entreprise, Françoise Nyssen, ministre de la Culture qui a dirigé les éditions Actes Sud.
On voit que la recomposition n’est pas complète, puisque les employés et les salariés vont aller au devant de drôles de surprises. Le capitalisme ne fait pas de cadeaux. Et s’il en fait, c’est pour en récupérer le double plus tard...
Voyons maintenant du côté d’Edwy Plenel, qui représente le noyau de cette gauche trotskiste qui alimente toujours les partis de gauche en idées. Puisque les trotskistes ont infiltré à peu près tout ce qui s’est organisé à gauche : partis, syndicats, associations... sans oublier les loges et les lobbies.
« Nous avons besoin d’une gauche sociale, écologique et solidaire », commence Plenel. L’article qui suit fait croire qu’il est contre le libéralisme au pouvoir, alors que le trotskisme s’en est toujours bien accomodé. Libéralisme de droite et trotskisme – ce qu’on appelle la gauche des valeurs – ont toujours fait bon ménage. La droite du travail, c’est-à-dire l’exploitation, et la gauche des valeurs, le fatras sociétal qui fait croire à la « liberté individuelle » (en contradiction avec le rêve d’émancipation collective, vous noterez) et que tout le monde connaît. Le gauchisme attrape-pauvres ayant toujours servi de voiture-balai au capitalisme outrancier.
Mais faisons l’effort de croire Plenel sur parole. Quand on lit sa chronique, on se rend compte que sa critique porte non pas sur le libéralisme, mais sur la personnalisation du pouvoir présidentiel et ses conséquences. Un serpent de mer médiatique que tous les journalistes dénoncent un jour ou l’autre. La majorité « bleu horizon » annoncée par toute la presse (400 députés au moins pour LREM) représente pour Plenel un déni de démocratie. Alors que ce sont les Français qui votent et qui décident de qui va les dépouiller.
Mais les gauchistes sont idéologiquement coincés : à combattre le FN, c’est-à-dire la force nationale et sociale, ils ont poussé les électeurs de gauche dans la gueule du loup libéral, et toutes les contorsions discursives pléneliennes n’y changeront rien. Lui, il sait ; les électeurs dupés, pas toujours. Ce sont des souris qui votent pour le chat... par peur du chien. Plenel, aujourd’hui, se lamente de la victoire annoncée du libéralisme en France, alors qu’il a préparé le terrain avec ses amis de la presse, une presse gauchisée à 80%.
Le reste de la diatribe, centré sur la menace d’un superpouvoir personnel du président qui leur a menti en campagne (Macron est passé chez Mediapart leur dire, la main sur le coeur, que jamais le pouvoir personnel blab bla bla, les institutions de la Ve plus fortes que les hommes bla bla), est l’illustration du proverbe « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes », que Zemmour sort à tout bout de champ.
Par-delà quelques effets de communication, essentiellement sur la scène internationale, le macronisme se révèle ainsi d’emblée conservatisme, le libéralisme économique dont il se réclame, au service des intérêts sociaux dominants, n’étant pas accompagné d’une renaissance de ce libéralisme politique qui fait tant défaut à la culture politique française.
Le libéralisme politique, le peuple s’en fout ! Ce qui compte, c’est la feuille de paye, le porte-monnaie ! Plenel et sa bande savent très bien ce qu’ils ont fait, contre un peuple qui n’est pas toujours au fait des manipulations et des ingénieries. Ce sont de faux gauchistes stipendiés par le Système, et les actionnaires de Mediapart en sont la preuve, que Pierre de Brague avait listés dans un On nettoie l’info...
Il y avait le sous-commandant Marcos, il y aura le sous-commandant Macron.