Question : peut-on respecter les animaux mais quand même manger de la viande ? Car il sera difficile à ces défenseurs de la vie animale de convaincre un terrassier de ne pas engloutir un steak après une journée de labeur. Ou un paysan de renoncer à sa côte de cochon.
Nous ne sommes pas ironiques : deux mondes se téléscopent, un monde relativement ancien, fait de travailleurs de force qui mangent de la viande, et d’employés des services qui en ont visiblement moins besoin. Mais le sujet de la viande est trop polémique pour qu’on s’y plonge ou qu’on le résume en trois lignes sans risques.
L’effet premier de ces militants est de faire prendre conscience de certaines réalités douloureuses, pour les animaux en premier lieu et pour la conscience humaine en second. Si on veut un peu faire avancer les choses entre ces deux armées qui se font face, les viandards et les vegans, on peut imaginer un meilleur traitement pour les animaux dits de bouche, une fin moins sordide que celle que les militants de L214 dénoncent, et un relèvement de la qualité générale, l’industrialisation et le profit étant à l’origine de trop nombreuses souffrances.
On le répète : moins de viande, mais de meilleure qualité, d’une provenance si possible locale (ce n’est pas du nationalisme fasciste mais un argument qualitatif), non à la surconsommation qui conduit aux massacres et aux conditionnements industriels immondes, mais pas de criminalisation non plus des amateurs de viande. Tous les humains ne sont pas encore des broutards, ou des mangeurs d’insectes.
« Ouvrons les consciences, fermons les abattoirs », « justice pour les animaux » : ce samedi, des centaines de manifestants, dont beaucoup de jeunes, ont défilé dans le quartier République à Paris, à l’appel de l’association de défense des animaux L214.
Biscuits vegan – pour humains ou pour chiens –, masques de réalité virtuelle pour plonger à 360 degrés dans un abattoir de porcs, radio « paroles d’animaux », la manifestation qui accueille un « village vegan » sur la place de la République, doit permettre aux militants anti-viande de « prendre des forces », selon l’expression utilisée par la co-fondatrice de l’association Brigitte Gothière. D’après la L214, 3 600 personnes ont répondu présentes à l’événement.
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« Les animaux sont des êtres sensibles et ne doivent pas être tués pour nourrir les humains » dit-il [Sébastien Arsac, co-fondateur de l’association], en jugeant « solide » et « sérieux » le parti animaliste qui présente pour la première fois des candidats au premier tour des législatives dimanche.
Deux militants jugés lundi
Sebastien Arsac et un autre militant de L214 seront jugés lundi pour s’être introduits en décembre dans l’abattoir de Houdan en région parisienne, et y avoir placé des caméras filmant notamment l’étourdissement des porcs au CO2, dont des images ont été diffusées cette semaine. Les deux hommes comparaîtront pour « violation de domicile » et « tentative d’atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission d’image ».