La guerre de Yougoslavie a été qualifiée de guerre civile. Les Croates, les Serbes et les Bosniaques se sont effectivement affrontés dans les années 90 mais la déstabilisation de ce pays communiste relativement indépendant de l’URSS est venue de l’extérieur : les services secrets allemands ont réactivé le nationalisme croate issu du dernier conflit mondial, pendant que la CIA s’occupait de réactiver le nationalisme serbe de Milošević. Sans oublier le rôle de l’Union européenne qui a ratifié l’indépendance de la Bosnie en 1992, via la commission Badinter [1].
En 1980, la mort de Tito, qui tenait le pays d’une main de fer entre les orthodoxes, les musulmans et les communistes, sonne le réveil des revendications nationalistes, voire régionalistes. Les Américains et les Allemands jettent de l’huile sur les feux mal éteints. Le conflit finira pas éclater entre les trois factions ou nationalités, avec Milošević en leader serbe, Tudjman pour la Croatie et Izetbegovic pour la Bosnie.
L’OTAN interviendra en 1995 après le « massacre » de Srebrenica, attribué aux Serbes de Bosnie et bombardera Belgrade. Le commandant en chef de l’armée serbe de Bosnie, Ratko Mladic, sera pour ce fait de guerre condamné à la prison à vie par le Tribunal pénal international le 22 novembre 2017. De l’autre côté, l’ex-général croate Slobodan Praljak sera lui condamné à 20 ans de prison par le même TPI. Serbes et Croates se seront battus les uns contre les autres, aiguillonnés par des forces extérieures, et ils perdront tout : leur souveraineté, leur territoire, et leur histoire.
Ce mardi 29 novembre 2017, Slobodan Praljak s’est donné la mort en direct devant les télévisions, debout, criant qu’il n’était « pas un criminel » :
L’épilogue tragique de 20 ans de conflits et de déchirements, orchestrés par l’Empire et ses masques, pour le profit de l’Empire. Aujourd’hui, de la grande Yougoslavie, il reste le Kosovo, fondé sur les exactions de son armée, l’UCK, que les Serbes considéraient comme terroriste. Une organisation militaire que les États-Unis retirent opportunément de la liste des organisations terroristes du département d’État en 1998... L’UCK ou les Albanais du Kosovo qui seront soutenus par les services de renseignement anglo-américains, équipés par les Allemands, financés par le trafic d’héroïne, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, une espèce de Daech avant la lettre. En tous les cas, une unité paramilitaire de déstabilisation de toute la région, sur le flanc russe.
Le sacrifice de l’ex-général croate couplé à la condamnation du général Mladic pour « crimes contre l’humanité » constitue l’épilogue du conflit yougoslave qui ressemble, avec le recul, dans son élaboration, à la déstabilisation programmée de la Syrie. Mêmes mercenaires, mêmes services de renseignement, mêmes financiers... De ce conflit triangulé, Serbes et Croates auront tout perdu ou presque, au profit des États-Unis et de ses mercenaires albanais, bien présents dans les trafics d’êtres humains et d’organes. La boucle cynique est bouclée. Une leçon que les peuples non alignés devraient garder bien en tête...