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Les nouveaux Balkans

C’était le 25 juin. En 1991, il y a vingt ans exactement. La Slovénie et la Croatie proclamaient leur indépendance, signant ainsi le début de l’éclatement de la Yougoslavie. Que sont devenues les six républiques qui la composaient ?

C’était le 25 juin. En 1991, il y a vingt ans exactement. La Slovénie et la Croatie proclamaient leur indépendance, signant ainsi le début de l’éclatement de la Yougoslavie. Que sont devenues les six républiques qui la composaient ? Ont-elles réussi leur transition vers la démocratie et l’économie de marché ? La réalité est des plus contrastées. Tour guidé dans cette nouvelle zone d’adhésion à l’Union européenne.

La Slovénie, pas si modèle que ça

La Slovénie est la république ex-yougoslave qui s’en est le mieux sortie – notamment parce que c’est elle qui a le moins souffert de la guerre, qu’elle a à peine connue. Souvent évoquée comme modèle pour les autres pays ex-yougoslaves, elle intègre l’Union européenne dès 2004 (et reste à ce jour le seul pays issu de la Yougoslavie à en faire partie) puis la zone euro en 2007. Elle n’a pas pour autant oublié ses liens avec les autres républiques chez lesquelles elle investit et dans lesquelles elle voit un débouché pour ses industries, notamment agroalimentaire. On trouve ainsi de nombreuses marques slovènes en Bosnie, en Serbie ou encore en Macédoine, de même que le distributeur Mercator. Mais celle que l’on surnomme parfois la « Suisse des Balkans » n’est pas épargnée par la crise économique qui a multiplié par deux sa dette publique. Un plan d’austérité réclamé par le FMI et l’UE devrait bientôt se mettre en place. Il prévoyait initialement le report de l’âge légal de la retraite à 65 ans, une mesure que les Slovènes ont rejetée ce 5 juin lors d’un référendum.

La Croatie, 28e Etat de l’Union

La Croatie devrait être le 28e Etat membre de l’Union européenne. En négociations depuis six ans, les 27 devraient bientôt clore les derniers chapitres, et la date du 1er juillet 2013 a été avancée ce mois-ci par le président de la Commission européenne. Pour cela, le pays a dû réformer son système judiciaire, coopérer entièrement avec le Tribunal pénal international (en livrant Ante Gotovina, héros national reconnu coupable de crimes contre l’humanité en avril par le TPIY) et lutter activement contre la corruption, y compris au plus haut niveau de l’Etat (sous mandat d’arrêt, l’ancien premier ministre Ivo Sanader a été interpellé en Autriche et est en attente d’extradition.) Côté économie, le rapprochement avec l’Union a aussi été synonyme de réformes, les privatisations se sont accélérées et, avec la crise, le chômage s’est accru. De nombreuses manifestations ont réclamé au cours des derniers mois la démission du gouvernement, accusé de vol et de n’avoir pas su stopper l’augmentation du chômage.

La Serbie tourne la page

En livrant Ratko Mladic (chef militaire des Serbes de Bosnie) au TPIY le mois dernier, les autorités serbes espèrent se rapprocher de l’Union européenne et ouvrir les négociations d’adhésion au début de 2012. Dans ce domaine, citoyens et dirigeants se rejoignent. En dehors des vétérans ou des plus nationalistes qui ont manifesté contre l’arrestation de Mladic, la plupart des Serbes, surtout les jeunes, se disent soulagés de pouvoir enfin tourner cette page et regarder vers l’Europe. Une perspective d’autant plus nécessaire que la grogne sociale monte. Le chômage a atteint un niveau historique en 2010, avec un taux de près de 27%, alors que le salaire moyen ne dépasse pas les 390 euros. Les manifestants réclament, tout comme en Croatie, la tenue d’élections anticipées.

La Bosnie-Herzégovine paralysée

Près de neuf mois après les dernières élections législatives, le pays n’a toujours pas de gouvernement – même si cette crise politique pourrait se dénouer dans les jours qui viennent. La complexité administrative, issue des Accords de paix de Dayton, est un véritable gouffre financier et le pays ne compte pas moins, par exemple, de treize ministres de l’Education – rendant toute réforme à l’échelle du pays difficile, le plus souvent impossible. Le tout reste également très fragile, menacé par les volontés d’indépendance des nationalistes serbes et croates. Dans le domaine économique, la Bosnie peine toujours à attirer les investissements étrangers et à créer des emplois. Le chômage concernerait de 40 à 60% de la population active selon les estimations. Comme en Serbie, au Monténégro et en Macédoine, le travail au noir et le système D restent fréquents, de même que la corruption, petite ou grande. Du côté des avancées, les ressortissants bosniens n’ont plus besoin de visas pour se rendre dans l’Espace Schengen depuis l’an dernier, mais le pays reste encore loin d’une adhésion à l’Union européenne.

Le Monténégro en crise

Indépendant depuis cinq ans, le Monténégro a obtenu le statut de candidat à l’intégration européenne en novembre 2010. Mais les problèmes structurels, notamment de corruption et de crime organisé, restent présents. L’économie du pays demeure faible, le marché immobilier s’est effondré avec la crise et le retrait des investisseurs russes, et là aussi les tensions sociales ont conduit de nombreux Monténégrins, réunis par exemple en mars dernier via Facebook, dans la rue au son de slogans tels que « Ça ne peut plus durer comme ça » et « Dans la rue contre la mafia ».

La Macédoine privée de nom

Depuis son indépendance, la question même du nom du pays donne lieu à des tensions, toujours non résolues, avec la Grèce. Athènes reproche à « l’Ancienne République yougoslave de Macédoine » (ARYM, nom provisoire sous lequel le pays est entré à l’ONU en 1993) d’avoir adopté le nom et les emblèmes de la Macédoine antique du passé grec. Conséquences : la Grèce bloque l’entrée de Skopje à l’OTAN ainsi que ses négociations d’adhésion à l’Union européenne – même si l’ARYM a obtenu à la fin de 2005 le statut de pays candidat à l’entrée. Le pays a également été soumis à un blocus économique durant plusieurs mois. Celle qui était déjà la république yougoslave la plus pauvre et la moins développée reste aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres d’Europe, avec un taux de chômage estimé à 32% en 2009, selon la Banque mondiale.

Le Kosovo sans horizon

Indépendant depuis trois ans, le Kosovo était à l’époque de la Yougoslavie une « province autonome » de Serbie. Tout comme la Bosnie, il connaît un fort taux de chômage, supérieur à 50% chez les moins de 25 ans. Soit près de trois quarts de la population ! Pour la plupart, ils n’ont que peu de perspectives d’avenir. Le Kosovo reste le seul pays issu de la Yougoslavie à être soumis au régime des visas pour se rendre dans l’Espace Schengen. Une situation difficile à accepter par la population, qui se sent « enfermée ». Côté politique, les élections législatives de décembre ont été entachées de fraudes. Puis le premier ministre, Hashim Thaçi, a été mis en cause dans un trafic d’organes durant la guerre. Et l’élection de Behgjet Pacolli à la présidence a été invalidée par la Cour constitutionnelle. Enfin, le pays – toujours pas reconnu par la Serbie – est en discussions avec Belgrade pour régler les questions « pratiques » liées, par exemple, aux cartes d’identité ou aux permis de conduire. La question du statut du pays, trop sensible, ne devrait pas être abordée.

 






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3 Commentaires

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  • #26603
    Le 24 juin 2011 à 11:29 par leeloo
    Les nouveaux Balkans

    C’est le même projet qu’ils ont pour le Moyen Orient ... créer de minuscules états pour mieux écraser les peuples ... l’Europe n’échappera pas non plus à la destruction des états souverains nous n’en sommes qu’au début avec la crise financière, viendront bientôt les bombardements pour ceux qui voudront résister, comme la Libye, Pour Syrie en entend déjà les bruits de bottes ... y en aura pour tout le monde, il suffit juste d’attendre tranquillement son tour ...

     

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    • #26645
      Le Juin 2011 à 15:14 par OV
      Les nouveaux Balkans

      A ceci près qu’en Europe si un pays comme la France recouvre son indépendance pleine et entière (exit l’union européenne), je vois mal qui oserait s’attaquer militairement à une puissance nucléaire composée de missiles balistiques intercontinentaux embarqués à bords de sous-marins quasi indétectables et dont la puissance de feu est équivalente à près de 3.000 fois Hiroshima...

       
    • #42713
      Le Septembre 2011 à 00:24 par dan
      Les nouveaux Balkans

      OV a raison et je rajouterais même que l’OTAN vit ses dernières années au vu du retournement politique anti-Europe et anti-mondialisme que nous sommes en train de vivre , alors les Albanais du Kosovo risquent fort de se prendre un revers de manivelle dans la tronche comme pas possible .