Egalité et Réconciliation
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Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

Redécouvrez les grands textes philosophiques avec Camille Mordelynch

Dans Soyez sages !, Camille Mordelynch propose la lecture commentée de textes philosophiques afin d’ouvrir des perspectives de réflexions personnelles, initiées par les auteurs de la tradition philosophique. L’occasion de nourrir votre pensée au contact de leurs écrits, en en acquérant les clefs de compréhension. Soyez sages : empruntez les sentiers lumineux de la philosophie !

 

Au sommaire de ce cinquième numéro :

Au IVe siècle avant J.-C., Épicure propose une recette du bonheur depuis son jardin : un bonheur sans fioritures, fait de plaisirs simples, nous libérant des angoisses qui causent du trouble à l’âme. Un art de vivre à réinvestir dans une société de l’avoir et de l’inessentiel.

 

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21 Commentaires

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  • #3372174
    Le 1er juin à 14:47 par La charrue après les boeufs
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    Le bonheur n’est pas un but, c’est un plus.

     

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    • #3372232
      Le 1er juin à 17:17 par ProtégeonslaPalestine
      Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

      Quel est LE but ?
      Comment atteindre le but sans sérénité, si l’on est affligé et ralenti par la contrariété ?

       
    • #3372397
      Le 1er juin à 22:56 par La charrue après les boeufs
      Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

      Le but, c’est la recherche de la Vérité, celle de Jésus-Christ, celle qui nous rend libres.
      Le bonheur nous est donné de surcroît, quand on ne l’attend pas.

       
    • #3374181

      Le bon-heur est ce qui est fait dans les temps ou le temps imparti.

      D’où le problème civilisationnel moderne avec l’Écran chronophage et abrutissant... donc le mal-heur, la déprime, la procrastination, l’ennui...

       
    • #3374429
      Le 6 juin à 09:17 par ProtégeonslaPalestine
      Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

      @La charrue après les bœufs : Tout à fait. La grande épopée de l’esprit, dont la conquête majeure est d’avoir intuitionné l’invisible et l’idée que l’agencement du monde ne saurait découler d’une suite heureuse d’accidents statistiques, mais de l’ordonnancement raisonné d’une Intelligence créatrice appelée Dieu, cède la place, chez Epicure, à des rituels de l’agir juste et proportionné : faute d’ambition transcendantale, cette morale pratique est restée synonyme de plaisirs du ventre et du bas-ventre.

      Mégalomanes, jouisseurs à courtes vues, mangeurs insatiables, Casanova à la petite semaine : ces prototypes que le sens commun qualifie d’épicuriens, sont pourtant aux antipodes de l’éthique de la tempérance et de la frugalité prônées par Epicure. L’histoire de la philosophie ne fournit pas d’autre exemple de dichotomie aussi criante, de hiatus aussi abyssal entre la thèse du maître et la réception collective.

      Epicure est, selon moi, en grande partie responsable de la contre-publicité que la postérité lui a faite. En réduisant la mort à un état de cessation non douloureuse de l’activité du corps et de l’âme, il omet qu’elle est autant un processus dynamique qu’un résultat irréversible ; chez Epicure, l’agonie et la souffrance liées au déclin des facultés et à la dégénérescence n’existent pas. On passe de vie à trépas, sans aucune médiation physiologique ni modification d’état de conscience.

      Ce contournement de la complexité et cette schématisation outrancière, cet arasement des aspérités et cet engluement dans l’immanence, expliquent la méprise du vulgum pecus. En tuant l’âme et l’au-delà, la sagesse d’Epicure, escamote une médiation logique apodictique : sans Dieu, il n’est plus dz rétribution des œuvres, donc pas de science des devoirs, pas de déontologie et, ce faisant, nulle obligation de tempérer les besoins ni de circonscrire le désir.

      Conclusion : Parce qu’elle pêche par excès de matérialisme, la sagesse d’Epicure est elle-même à l’origine de la méprise sur ses apophtegmes : il ne subsiste hélas de l’épicurisme que son inversion exégétique et un contre-sens herméneutique.

       
  • #3372220
    Le 1er juin à 16:26 par Raven
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    L’épicurisme est entièrement dévoyé de nos jours et ce depuis les libertins. Ils confondent le jouir sans entrave de l’hédonisme avec ce que recommande en vérité l’épicurisme à savoir, faire ce que l’on peut pour éviter de souffrir.

    Petite citation de Cicéron pour conclure : "Qu’y a-t-il dans les ouvrages d’Epicure qui ne vienne de Démocrite ?"

     

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  • #3372310
    Le 1er juin à 19:16 par Olivier Bernard
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    A la voix, j’allais dire que j’étais certain que notre hôte s’appelait Camille ou Marion.
    C’était super en tout cas. Merci !

     

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  • #3372395
    Le 1er juin à 22:50 par Thymus Vulgaris
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    Sans jamais vraiment réussir à la tenir, hélas, je tente de garder la ligne de la voie médiane, sans abus vers le haut ou le bas ("In medio stat virtus").

    Épicure fait partie de tous ces auteurs effacés par le massacre des bibliothèques antiques, médiévales et modernes. Il ne nous est surtout connu, je crois, que par ses lettres à Lucrèce, fidèle disciple. Nous n’avons, dans mon souvenir, plus aucune œuvre authentique de sa main.
    Alexandrie et sa bibliothèque partie en flammes.

    Je me promets de regarder cette très intéressante production.
    L’épicurisme est aussi, et surtout, dans mon souvenir toujours, une sorte d’ascèse, qui nécessite de savoir se maîtriser sans mépriser les plaisirs et joies d’ici-bas.

     

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  • #3372439
    Le 2 juin à 05:27 par The blue horse
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    Un plaisir ! Une voix agréable, un discours simple et clair. Merci E&R.

     

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  • #3372593
    Le 2 juin à 11:44 par Ricco
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    L’ensemble de l’époque antique, de la Grèce de Parmenide à la période imperiale romaine, est cette époque où on liait une certaine conception du monde en que physique, à une certaine manière de vivre en tant que morale. Le second découle du premier. C’est aussi la distinction universitaire qui existait jusqu’à la Renaissance (en gros) entre la philosophie naturelle et la philosophie morale.

    Les scientifiques de l’époque antique étaient également des philosophes, alors que de nos jours, notamment par l’influence d’une certaine interprétation (discutable, en réalité)de Descartes et desdits modernes, on segmente, on charcute la vie, la connaissance, et on oublie, voire on n’est plus capable de marquer les médiations entre les domaines ; on a démissionné d’une conception totalisante de l’existence et du monde.

    On a la parfaite illustration de ce fait au sein même de la question de la logique, où on a séparé le fond de la forme, en mettant l’emphase sur la forme par la primauté de la logique formelle, comme si le fond n’avait aucune importance dans le déploiement du sens et de sa compréhension. Nous sommes à l’ère de la science moderne incarnée par la mathématique toute puissante.

    Sur l’épicurisme, on peut critiquer le propos sur le fond, car il apparaît peut-être compliqué d’être épicurien à 100% aujourd’hui : la doctrine semble en effet être une réponse ponctuelle à certaines périodes particulières de vie ; mais il faut admettre que la forme globale de la doctrine en tant que totalité est la seule chose garante de la cohérence théorique et la seule garante de la cohérence pratique, à la condition, pour cette dernière cohérence, de faire ce que l’on dit et de dire ce que l’on fait. Le mode de penser de l’époque avait comme condition nécessaire cette cohérence pratique. C’est tout ce qu’on ne fait pas aujourd’hui.

    Voilà, je jette qques bribes de réflexions. Le livre de Pierre Hadot "Qu’est-ce que la philosophie antique ?" est très éclairant sur le sujet de l’épicurisme et de l’ensemble de l’histoire de la pensée grecque.

     

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    • #3373028
      Le 3 juin à 09:39 par Camille Mordelynch
      Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

      Je ne peux qu’abonder dans votre sens. Pierre Hadot est un excellent spécialiste de la philosophique antique, très pédagogue. Merci pour ce complément !

       
  • #3372679
    Le 2 juin à 14:48 par Pamfli
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    Encore une émission qui nous permet d’entamer une œuvre de la pensée humaine par le bon bout au moment de sa lecture, c’est cool, merci !

     

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  • #3373037

    Merci pour cette émission délivrée intelligemment et douce aux oreilles . A écouter plusieurs fois !

     

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  • #3373123
    Le 3 juin à 12:59 par Surnom
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    La quête du bonheur est une utopie, douce mais une utopie. Les occidentaux courent tous après le bonheur comme ultime raison de l’existence. Est ce la surabondance, ou le malheur dut à une surabondance.
    Il n’y a pas si longtemps, on labourait et on semet sa terre, et à la moisson on était heureux ou malheureux. Cette condition matérielle lié à la nature était porteuse de réels sentiments de bonheur, ou de vraies déceptions. De nos jours nous ne pouvons apprécier que notre niveau de consommation, forcément l’insatisfaction sera toujours au Rdv. Avec un renouvellement saisonnier, on apprécie le temps et ces changements plus propice à la joie du cœur, peut-être le vrai bonheur. Nous n’avons plus que les lampadaires pour nous rappeler ce qu’est vraiment une saison et ses variantes.

     

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    • #3374329
      Le 6 juin à 05:42 par rectif
      Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

      Non il n’y a pas de "quête du bonheur" : vous êtes heureux ou vous n’êtes pas.

      C’est la société de consommation qui nous a imposé cette manière de se projeter dans « l’avoir qui rend heureux », achetez ça et vous irez mieux.

      Le bonheur est d’abord un état d’être du corps et de l’esprit, dans l’action présente, l’ici-et-maintenant, en anglais on dirait "timing". Faire ce que l’on doit au moment où l’on doit nous libère de toute préoccupation, c’est ça le bonheur : ce qui vient à point nommé, à la bonne heure.

      Le malheur est donc tout ce qui n’est pas vécu intensément maintenant, mais remis à plus tard et relève donc de l’illusion (principe de Satan) et nourrit l’ego d’images, induites (publicité, propagande...) ou rêvées.

      D’où le gonflement de la personnalité, l’égocentrisme stérile actuel, "ce qui n’a rien à voir avec ce que j’appelle : le caractère !" comme dit Havey Keitel à la fin de Pulp Fiction avant de s’envoler dans son bolide, et c’est parfaitement vrai.

      Lisez Krishnamurti. Dans le symbole du Yin et du Yang, ce n’est ni le noir ni le blanc qui l’emportent mais la fusion ou la ligne fine entre les deux - les individus ne cesse de vivre qu’il fasse jour ou nuit, la vie est mouvement ininterrompu.

      Le problème est que toute cette "quête du bonheur" marchande est relayée par le psychologisme féminin qui sied bien à leur nature basée sur l’Attente (du prince charmant, du grand amour) et non sur l’Action (conquête de l’amour), domaine de l’homme, du vir-, de ce qui est viril.

      Le boxeur ou combattant ne fait pas de concession (et ne doit pas en faire sinon il morfle), alors que la femme au contraire concède davantage à tout genre d’idée qu’on lui transmet, alors oui son bonheur sans homme est une "quête" ou attente (de l’amour parfait ?) car toujours indéfini, flou, c’est-à-dire toujours insatisfait, vide, elle tourne en rond !

      Voilà le pourquoi de cette profusion de chaînes de bien-être, de magazines psy-cul : parce que l’homme viril a déserté, il laisse un grand vide !... Donc son bonheur passe par la conquête, celui de la Femme par la soumission ou plutôt ’servitude volontaire’ par amour.

       
  • #3375077
    Le 7 juin à 22:06 par Léon
    Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

    Si on va à la source, il y a 2 écoles, 2 façons d appréhender la philosophie.
    Celle des concepts, qu’on peut qualifier de platonicienne et transcendantale.
    La seconde, c est une philosophie materialiste (initiée par Democrite) utilitariste (même si ce terme est anachronique).
    Une philosophie pratique, de l immanence.
    Selon moi, c’est la plus interessante, la definition même de la philosophie

     

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    • #3375211
      Le 8 juin à 09:02 par Ricco
      Soyez sages ! #5 – Épicure, Lettre à Ménécée

      Non, il ne faut pas séparer la philosophie pratique de la philosophie théorique, dont fait partie la métaphysique. Ça permet d’éviter des contre -sens dans la compréhension de la philosophie grecque en général, et a fortiori la philosophie de Platon.

      Car cette dernière est tout autant une philosophie pratique dans le sens où la conception idéelle du monde de Platon induit une certaine pratique de l’existence, ce sur quoi Platon insiste sur tous ses dialogues au travers d’une thématique propre à chaque dialogue.