Une famille en deuil contrainte de sortir de son silence en raison d’une opinion qu’elle n’a jamais donnée. Voici la mésaventure subie par le clan Beltrame, presque un mois jour pour jour après l’acte héroïque d’Arnaud, assassiné lors de la prise d’otage du Super U de Trèbes (Aude) après s’être substitué à une femme retenue par le terroriste Radouane Lakdim.
Tard mercredi soir [18 avril 2018], L’Essor, un journal indépendant spécialisé dans l’univers de la gendarmerie, avançait que les mairies Front national souhaitant baptiser une rue, une allée ou une salle de sports au nom du lieutenant-colonel étaient priées par l’entourage du défunt de se rétracter. Une folle et fausse polémique plus tard, il n’en est en fait rien.
« Son acte n’était pas politique »
Depuis son domicile breton, la mère d’Arnaud Beltrame se dit stupéfaite. « Mon fils appartient à tous les Français. C’est du grand n’importe quoi cette histoire », souffle Nicolle, 68 ans, sollicitée depuis le drame par des médias du monde entier. « De toute manière, qui sait si dans deux ans ou cinq ans les mairies seront toujours tenues par le FN ? » Damien Beltrame, dont le frère aîné aurait fêté ses 45 ans mercredi, abonde : « Son acte n’était pas politique, les hommages qui lui sont rendus ne doivent pas l’être non plus. »
Marine Le Pen s’est en tout cas empressée sur Facebook de saluer ce jeudi soir « l’admirable dignité » de Nicolle Beltrame. « La potentielle récupération politique, bien sûr qu’on la déplore, mais sélectionner telle ou telle ville, ce serait encore pire », devise l’intéressée.
Hommage à une « victime du terrorisme islamiste »
Parmi la cinquantaine de communes – la plupart à droite – ayant déposé ou déjà adopté un tel vœu, trois attiraient particulièrement l’attention jeudi matin. Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) dirigée par le vice-président frontiste Steeve Briois, Béziers (Hérault) et son maire apparenté-FN, Robert Ménard, et enfin Orange (Vaucluse) aux mains de La Ligue du Sud. Ces trois communes commémorant sur leur plaque respective une « victime du terrorisme islamiste ».
Puis, à l'unanimité, ils votent pour la proposition de @RobertMenardFR de donner le nom du Colonel #Beltrame à la grande allée du Plateau des Poètes, jardin remarquable du centre-ville de #Béziers, dans lequel des générations d'enfants Biterrois jouent depuis 150 ans pic.twitter.com/T4Wrg1hNR2
— Ville de Béziers (@VilleDeBeziers) 10 avril 2018
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