Ruth Elkrief reçoit le 4 avril 2018 sur BFM TV la mère d’Arnaud Beltrame. Rien n’arrête la présentatrice en chef de la chaîne de Patrick Drahi, ni la douleur d’une mère – que cette dernière transcende avec fierté – ni le minimum de tact nécessaire dans une telle situation. Mais surtout, elle ne comprend pas le don de soi, le dépassement de l’intérêt personnel... Une interview qui en dit long sur la présentatrice au travers de ses questions.
Elkrief tente une récupération tendancieuse (de 6’56 à 7’14) :
« Vous m’avez dit tout à l’heure il n’appartient à personne c’est ça qui est en jeu, c’est dur pour vous une semaine après ben c’est aussi ça un héros national, tout le monde se l’approprie mais c’est aussi formidable parce que ça donne des vocations, c’est une image qui va marquer les mémoires, qui va marquer les jeunes »
La commissaire politique de BFM TV retourne avec une infinie sensibilité le couteau dans la plaie (de 9’26 à 9’39) :
« Et il passe trois heures dans une forme de face-à-face avec le terroriste, il finira donc au risque de sa vie... Est-ce que vous pensez parfois à ces moments-là qu’il a passés avec lui ? »
Ruth Elkrief découvre le dépassement de soi
L’intervieweuse ne comprend pas les valeurs morales très chrétiennes de la maman d’Arnaud Beltrame (de 13’52 à 14’00) :
« Peut-être qu’on peut être surpris de voir, euh, de de de voir que vous n’êtes pas, pardonnez-moi hein, effondrée, par cette perte »
Elkrief continue de s’étonner de ce qu’il existe en France des gens qui ont de l’empathie, qui pensent aux autres avant leur propre intérêt (de 15’24 à 15’32) :
« Il y a le général Sublet qui a parlé de lui aussi en disant “c’est un geste qui interpelle tous ceux qui n’imaginent pas dépasser leurs propres intérêts” »
Celle qui avait une transcendance, celle qui n’en avait pas...
Une interview qui en dit long sur les valeurs morales de la famille Beltrame et autant sur les « valeurs » de la famille BFM. On a l’impression que les « valeurs altruistes » dont parle Elkrief (de 15’44 à 15’47) sont une découverte pour elle, un étonnement de chaque instant. Un autre monde, pour Ruth : celui du don de soi, du respect de l’autre, de la fraternité.
« Des valeurs plus fortes que l’air du temps », souligne Elkrief. Oui, mais qui fabrique l’air du temps, cette course au matérialisme frénétique ? C’est toute l’histoire de l’opposition entre le temporel et l’intemporel, entre la Terre et le Ciel, entre les biens de ce monde et ceux du Royaume...
La question finale d’Elkrief, qui revient sur la « haine » – un concept qu’elle semble comprendre plus que l’amour – alors que la mère montre un amour certain pour autrui, résume tout (de 16’59 à 17’13) :
« Est-ce que quand on parle de terrorisme vous vous dites, enfin, vous avez de la haine ou vous avez du mépris, euh, de l’anxiété sur ce phénomène-là, sur l’auteur du meurtre, sur le terrorisme ? »