Ce que l’on appelle « l’affaire Fillon » pose de manière inattendue la question de la souveraineté et de la légitimité. En cela, elle s’avère autrement plus profonde que les faits qui sont aujourd’hui reprochés à l’ancien Premier ministre. Non que ces faits soient sans importance. Mais leur signification réelle est avant tout dans le domaine du symbolique. Le comportement de la classe politique française, et ses méthodes souvent douteuses, illustre cependant bien le parti-pris anti-démocratique qui anime un bon nombre de ses membres.
L’affaire Fillon
Le cas de l’affaire Fillon est emblématique des problèmes de démocratie dans notre pays. Non que ce qui soit reproché à François Fillon soit sans importance. On a écrit à de multiples reprises, y compris dans ce carnet, que les actes qui lui sont reprochés, au-delà de toute qualification pénale, posent un problème très sérieux pour un candidat qui s’était fait le chantre et le héraut de la vertu en politique. Que l’emploi de sa femme comme assistante parlementaire soit « réel » ou non, que le travail qu’elle est supposée avoir fourni à la Revue des Deux Mondes soit avéré ou non, les montants perçus, au regard de ce que touchaient à la même période d’autres personnes pour un travail identique, sont scandaleux. Mais, d’une part ces actes, pour répréhensibles qu’ils soient n’entament en rien la légitimité clairement construite d’un homme vis-à-vis de son camp. Avoir voulu lui substituer un Alain Juppé, largement battu lors du vote de la « primaire », voire un Baroin, sorti d’on ne sait où, dit amplement le mépris que les cadres des « Républicains » ont pour leur propre électorat mais aussi le peu de prix qu’ils attachent au principe de légitimité.
Cette crise, que François Fillon semble avoir résolu à son avantage pour l’instant à la suite de la manifestation du Trocadéro, aurait pu n’être qu’une pantalonnade. Elle illustre clairement le degré de décomposition atteint par les dirigeants d’un camp politique qui ne pensent que manœuvres et qui se moquent bien des idées qu’ils sont supposés défendre. Il n’y eut que quelques voix dignes dans ce charivari. Elles ne se comptent même pas sur les dix doigts.
Trahisons « socialistes »
Mais, si on regarde dans un autre camp, celui des prétendus « socialistes », on verra que, pour moins spectaculaire, la situation n’y est pas meilleure.