« On constate depuis une dizaine d’années un foisonnement de jeunes intellectuels, de jeunes philosophes, de jeunes essayistes qui ne se reconnaissent plus du tout dans la mystique du progrès et qui sont même très critiques à l’endroit du progrès et qui sont peu ou prou conservateurs, et ce monde-là dessine un archipel du conservatisme » (François Bousquet)
Pour sa première émission autour de la revue Éléments, avec look de Nabe en chemise blanche échancrée à la BHL (NaBHL ?), l’animateur de TV Libertés invite quatre auteurs pour parler des nouvelles penseuses de cet « archipel du conservatisme », où les femmes sont de plus en plus représentées. Dans ce numéro un peu spécial figurent Marion-Maréchal Le Pen, Natacha Polony, Ingrid Riocreux, Eugénie Bastié, toutes ces petites Jeannes d’Arc qui bousculent et la gauche et les hommes.
Il ressort de cette émission que la gauche n’est plus en pointe culturellement, dans la bataille des idées. C’est une droite conservatrice nouvelle, débarassée des complexes infligés par la gauche culturelle au pouvoir, qui s’ébroue et se découvre. Bousquet parle d’un « Mai 68 conservateur », et les penseurs de droite n’ont plus peur de se montrer.
Auparavant, il fallait s’excuser d’être de droite, sinon avoir des « amis » de gauche (exemple Renaud Camus avec Alain Finkielkraut). Être toléré par la dominance du moment. Or tout ceci a volé en éclats, et l’élection quasi-truquée de Macron n’est qu’un trompe-l’oeil dans cette évolution, qui semble inéluctable. Chacun sait depuis Gramsci que la victoire idéologique précède la victoire politique.
Pourtant, les auteurs dont il est question, Bastié, Polony et Riocreux, si on peut les taxer de conservatrices et émancipées, « émancipées de la doxa de la bien-pensance », si elles se sont débarrassées du féminisme, du gauchisme et de la plupart des procédés anti-pensée, restent malgré tout dans les clous d’une certaine bien-pensance. Ce qu’on appelle le politiquement incorrect correct. Bastié travaille au Figaro, Polony en vient, et Riocreux est universitaire, son livre n’ayant pas été foudroyé par la critique littéraire parisienne.
Un pas plus loin dans l’opposition au libéralisme politico-culturel ambiant, et les choses deviennent quand même plus compliquées, à tous points de vue : économique, juridique, médiatique. C’est ce petit pas qui est le plus difficile à réaliser, et qui est la marque des vrais résistants.