On sent que la semaine commerciale de l’entre-deux tours « Mélenchon » est terminée. Après avoir servi le Système en grattant quelques points à Marine Le Pen au premier tour des présidentielles, il n’a pas appelé clairement à voter – en contradiction avec sa logique antilibérale – contre elle au second tour. Depuis, Mélenchon a perdu sa bulle magnétique de protection médiatique. Aujourd’hui, c’est l’halali.
Il est désormais attaqué de toutes parts par un Parti Unique (LREM plus des transfuges LR et PS) qui a besoin d’une majorité à la Chambre des députés. Même le très gauchisant et très mélenchonniste Guillaume Meurice s’y met, appliquant les consignes du Système à la lettre.
Bernard Cazeneuve ressort lui d’entre les morts pour jeter à la face du leader de la France insoumise des expressions qui dépassent la retenue qui sied à un ex-Premier ministre. Dire que ce type-là qui perd son sang-froid à la première pique verbale a été en charge de la protection des Français... Malgré les 250 morts des attentats, Cazeneuve continue à donner des leçons de bonne et de mauvaise conduite politique. Un cas étrange d’auto-aveuglement.
« Jean-Luc Mélenchon a sans doute gagné le premier prix de l’outrance à l’occasion du dernier dîner organisé par l’alliance bolivarienne, et s’en est trouvé grisé. On ne peut pas lui en vouloir, c’est tellement narcissisant. [...] Son discours de haine, ses accusations abjectes à mon encontre, montrent que dans sa dérive politique et morale Jean-Luc Mélenchon ne s’interdit plus rien. Sa violence, ses insultes ne m’impressionnent pas. Elles apportent la démonstration de ce qu’il est vraiment. »
Dernière figure de proue d’un socialisme dévoyé et pourrissant, Cazeneuve se permet, au milieu du naufrage, de distiller ses conseils de bonne navigation. On sent qu’il essaye de gagner des points du côté de Macron :
« Moi, plus modestement, je considère que de ne pas avoir appelé clairement à voter pour le candidat républicain contre Marine Le Pen est une faute politique et morale et je le répèterai inlassablement. Si d’ailleurs Mélenchon voulait battre l’extrême droite c’est contre Ravier, son candidat, qu’il se présenterait à Marseille et non contre le socialiste (Patrick) Mennucci. »
Mais qu’a donc bien pu dire Mélenchon sur Cazeneuve pour le faire sortir de ses gonds à ce point ? Il est vrai que le mercredi 24 mai 2017, le Bolivarien de la 4e circonscription de Marseille balançait ça :
« Ce type ose la ramener avec son costume de bedeau. Oui le bedeau du capital et de ce gouvernement ! Qui est-ce qui a tué Rémi Fraisse sauf erreur ? C’est pas moi non ? Pourtant c’est à moi que cet homme ose venir dire, ce génie, que je n’ai pas su prendre mes distances avec le Front national. »
Mélenchon fustigeait alors les « antifascistes d’opérette » :
« Monsieur Cazeneuve, t’étais où toi la dernière fois, quand je suis allé à Hénin Beaumont ? T’étais caché sous quelle pierre, dans quel fossé ? [...] Il était où, ils étaient où toute cette bande ? »
Ce à quoi il s’est à lui-même répondu, fidèle à sa technique oratoire :
« Tous chez eux ! Ils ont organisé le piège de cette manière-là : au deuxième tour, ils amènent le monstre et ils vous disent : “Vous allez quand même pas voter pour le monstre”, donc vous devez voter pour n’importe qui, une table, une chaise, Macron, n’importe quoi. »
Une réplique véhémente à la tribune publiée le 1er mai dans Libération, où Cazeneuve jugeait que l’appel ambigu de Mélenchon avant le second tour constituait une « impardonnable faute morale ».