Dans le ronronnement ordinaire des idées et les clivages dépassés auxquels on s’accroche par habitude, la nouvelle revue Limite fait l’effet d’un coup de tonnerre, et signe l’arrivée dans l’arène intellectuelle d’une génération prête à en découdre avec la fuite en avant économique et l’espoir de salut par la technologie.
Il y a de la fraîcheur et de l’insolence dans cette petite bande réunie, entre autres, autour d’Eugénie Bastié, Gaultier Bès, Marianne Durano, et de son directeur Paul Piccarreta, ancien rédacteur de Causeur, qui entend être « anarchiste contre les puissances d’argent », « blasphémateur contre toutes les idoles », « bioconservateur contre les transhumanistes » et professe contre la démesure contemporaine un antilibéralisme décomplexé et une écologie radicale.
Télescopage inédit de Jean-Claude Michéa avec l’encyclique écolo Laudato Si du pape François, cette « revue de combat culturel et politique d’inspiration chrétienne » part du principe que « tout est lié », les OGM et la GPA, l’homme augmenté et le nucléaire, les robots et Notre-Dame des Landes… et que c’est une réponse globale qu’il faut apporter à ce monde devenu fou, en passe de se détruire.
L’écologie de Limite est donc autant environnementale que sociale, éthique et politique et la décroissance matérielle que la revue préconise ne peut s’accompagner que d’un renouveau spirituel radical fait de mesure et de sobriété. C’est l’esprit retrouvé de l’Apollon de Delphes, dont la devise, « Rien de trop », pourrait être la leur. Et si ce goût retrouvé pour la Limite était la véritable bonne nouvelle du temps présent ?