Lors d’une interview diffusée ce week-end sur CNN, Barack Obama a exprimé son mécontentement face aux pressions exercées par le Premier ministre israélien Netanyahu auprès du Congrès des États-Unis, qui doit se prononcer le mois prochain, à propos de l’accord sur le nucléaire iranien.
À la question : « Est-il approprié pour un chef de gouvernement étranger de s’ingérer dans une affaire américaine ? », le locataire de la Maison blanche a rétorqué :
« Poser cette question au Premier ministre Netanyahu s’il vous accorde une interview. Je ne me souviens pas d’un exemple similaire. »
Et d’ajouter :
« Les relations entre les États-Unis et Israël sont certes profondes. Elles traduisent ma politique. Sur le fond, le Premier ministre [israélien] se trompe. Je peux prouver que ses hypothèses de base sont erronées. Si j’ai raison lorsque j’affirme que c’est la meilleure façon d’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, alors ce n’est pas seulement bon pour les États-Unis, mais très bon pour Israël. »
M. Obama a rencontré mardi les dirigeants de plusieurs groupes de pression juifs, à qui il a confié que si l’accord ne voit pas le jour « Israël devra en supporter les conséquences ». Soulignant également que l’option militaire n’aboutirait qu’à la confrontation avec les alliés de l’Iran (à commencer par le Hezbollah) dans le cadre d’une guerre asymétrique.
Le président des États-Unis avait fait savoir mercredi, à l’American University de Washington (où le président Kennedy avait prôné en juin 1963, la détente avec l’Union soviétique et le désarmement), au sujet de la position israélienne :
« Toutes les nations du monde qui se sont exprimées, à l’exception d’Israël, ont apporté leur soutien [à l’accord]. Un rejet de l’accord par le Congrès laisserait toute l’administration américaine absolument déterminée à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire face à une seule option : une autre guerre au Proche-Orient. »
Et de répondre aux « faucons » qui prônent ouvertement l’afforntement :
« Leur rhétorique vous semble familière ? Et pour cause, ce sont les mêmes qui argumentaient pour une guerre en Irak. Cette guerre coûteuse, les États-Unis continuent d’en payer le prix, compte tenu de leur engagement contre les djihadistes de l’État islamique. Le seul bénéficiaire de cette guerre a été la République islamique d’Iran ».
Surfant sur les propos tenus par guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a averti que son pays n’infléchirait pas sa politique de soutien à Damas, au Hezbollah et aux Palestiniens, le secrétaire d’État John Kerry a affirmé que si l’accord est rejeté :
« Le Congrès des États-Unis pouvera les soupçons de l’Ayatollah, et il ne reviendra en aucun cas. Il ne reviendra pas pour négocier. »
L’ensemble du camp républicain soutient la position hostile de Tel Aviv et du puissant AIPAC (American Israel Public Affairs Committee ), qui harcèlent les deux partis qui se partagent le pouvoir aux États-Unis, pour faire capoter l’entente entre Wasington et Téhéran. Désireux de s’attirer les grâces de ses maîtres, l’un des candidats à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016, Mike Huckabee, a ainsi estimé que l’administration en place « conduisait les Israéliens à la porte des fours » [crématoires]...
Les démocrates sont, quant à eux, divisés sur la question : 9 d’entre-eux dont les principaux démocrates juifs – Chuck Schumer et Eliot Engel - n’apporteront pas leur soutien au président. Ce dernier a fait savoir qu’en cas de refus du Congrès, il opposerait son veto. Dans quelques mois, Barack Obama quittera la Maison blanche : à lui de mériter enfin son prix Nobel de la paix...
Rappel – Les « bons conseils » de « l’ami israélien » aux Américains :