Pour Camel Bechikh, la journée de travail des Républicains sur l’islam doit être l’occasion de rappeler que religion musulmane est un culte et non une culture.
À deux années de l’échéance présidentielle, l’islam continue d’occuper le débat public ; et ce de façon généralement confuse et souvent presque hors-sujet. Lequel débat ramène l’islam, spiritualité à vocation universelle, tel le christianisme, aux sujets de société et de culture aussi variés que la laïcité, l’immigration, la sécurité, ou l’Éducation nationale. Le tout à une régularité quasi-métronomique - deux à trois polémiques mensuelles -, interdisant, de fait, toute analyse de fond.
Ce jeudi 4 juin, Les Républicains organisent à huit-clos une réflexion sur l’islam. Immense ambition sur un temps si court, ambition dont on ne sait si elle portera sur un axe théologique, philosophique, historique ; ou les trois à la fois ? À moins qu’il ne s’agisse de se pencher sur l’actuelle sociologie des musulmans de France, question tout aussi vaste, alors que déjà se pose la question sémantique concernant l’« assimilation » ou l’« intégration », l’« islam en France » ou l’« islam de France ».
Finalement, un débat à la va-vite organisé vaudra toujours mieux que pas de débat du tout, même si l’émotion et l’empressement ne sont guère propices à de fructueuses et constructives discussions, surtout lorsque entrent à la fois en scène, surenchère électoraliste de droite et paternalisme chafouin de gauche…
Ce qui est, malheureusement, encore la meilleure manière de laisser de côté cet élément fondamental du problème : comment les musulmans français perçoivent-ils leur pays, qu’il soit d’origine ou d’accueil ? Perception par ailleurs largement parasitée, depuis bientôt trente ans, par cette culture de repentance dont une large partie de nos élites intellectuelles fait son miel, sachant que pour ces dernières, notre pays serait éternellement coupable.
Coupable d’être la Fille aînée de l’Église, coupable d’avoir fomenté croisades, colonisation, inquisition, collaboration, et immigration de masse. En somme, l’Histoire de France, jadis objet de fierté, de cohésion nationale est devenue une sorte de complainte perpétuelle, d’arène de concurrence victimaire dans laquelle la majorité « non-communautarisée », française de souche parce que « blanche, catholique et hétérosexuelle » se retrouve, au mieux suspecte, au pis, vouée au pilori médiatique.