Interrogée par Boulevard Voltaire le 10 octobre 2019, Marine Le Pen passe l’actualité en revue, en commençant par l’attentat de la préfecture de police. Elle en profite pour critiquer l’immigration, la loi bioéthique, et aborder le cas Éric Zemmour. Elle aborde ensuite les Mémoires (II) de son père.
À 4’51 la présidente du RN revient sur le dernier attentat en date et annonce ce qu’elle ferait à la place du couple Macron-Castaner :
« J’expulserais bien entendu tous les étrangers qui ont commis des crimes et des délits. J’arrêterais tout de suite l’immigration parce que je pense que l’immigration anarchique telle qu’elle existe est le terreau du communautarisme et que le communautarisme est le terreau du fondamentalisme islamiste. »
Sur l’immigration de masse, Marine Le Pen a sans doute raison. Sauf qu’elle a remis en cause lors des dernières élections une sortie de l’Union européenne, une entité supranationale qui fixe désormais les quotas en matière d’importation de clandestins (on ne parle même plus de migrants politiques).
La France dans l’UE ne pourra donc pas appliquer une politique de limitation et encore moins d’arrêt brutal.
Ainsi, l’annonce de sa part d’arrêter tout de suite l’immigration n’a pas de sens dans le contexte d’une France qui ne tient plus les rênes de son propre destin. Il s’agit alors d’une annonce verbale, sans conséquence, ce qui la met au même plan que ses adversaires politiques, même si eux ne parlent pas de stopper l’immigration.
« Il y a beaucoup de choses à faire et on sait ce qu’il faut faire, mais pour cela il faut du courage. Or, ce qui manque fondamentalement à tous les gouvernements qui se sont succédé depuis des décennies maintenant dans ce domaine, c’est du courage. »
Quand l’intervieweuse annonce le débat actuel sur l’immigration, la réponse de Marine Le Pen est directe :
« Ce débat a commencé et puis s’est déjà terminé je signale, puisqu’il n’a duré que quatre petites heures... Il n’y a pas de courage à faire de l’électoralisme et il [Macron, NDLR] n’en a pas ni plus ni moins fait que l’en a fait avant lui François Hollande ou Nicolas Sarkozy avec les résultats d’ailleurs que l’on connaît... Il n’y aura rien, il ne se passera rien en matière d’immigration. »
Une politique migratoire sans Frexit n’a pas de sens, on le voit en Italie où les forces dites démocratiques se sont liguées, avec l’appui de l’UE, contre les forces nationales du parti de Salvini pour rouvrir les portes de l’Italie aux migrants et crier victoire.
Victoire de la démocratie sur le « fascisme », victoire de l’invasion migratoire sur la souveraineté nationale. L’exemple italien montre que rien ne sera facile pour les souverainistes, qui sont trahis jusque dans leur propre camp. De la même façon, il y a au RN des souverainistes authentiques et des souverainistes pro-Système, autrement dit un bel oxymore politique.
Naturellement, délaissant comme à son habitude l’essentiel pour le futile, la presse mainstream a sauté sur la petite phrase à propos du deuxième tome des Mémoires de son père :
« La vie politique réserve déjà assez de brutalités et de chagrins pour ne pas s’en infliger à soi-même. Donc je vais m’éviter le chagrin de lire ce livre et rester sur l’image que j’ai du combat de mon père, qui reste une belle image. »
Question reniement, rien n’a changé.
Voici l’interview dans son intégralité. À partir de 15’12, pas rancunière, Marine Le Pen prend la défense d’Éric Zemmour qui a eu des propos très durs à son encontre :