C’est la question un peu bête que nous nous sommes posée en écoutant le discours de la présidente du RN. Elle vante la France, sa souveraineté, son indépendance, l’amour du pays, et c’est très bien. Mais elle ne propose pas la rupture avec l’oligarchie européiste qu’elle présente pourtant comme la fossoyeuse des nations.
« La vie nous appelle à continuer d’embrasser l’Histoire de France : je vous invite à le faire avec nous, avec toute votre énergie et votre amour du pays. C’est une page glorieuse et faste que nous allons écrire. Vive l’Europe des Nations, vive la France ! » #Manche #OnArrive pic.twitter.com/q0Tw225R5n
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 février 2019
D’accord encore une fois sur le constat, mais comment peut-on crier « vive l’Europe des nations, vive la France » et ne pas remettre en question le dogme non pas européen, mais européiste ?
Ici, Marine Le Pen demande de « faire sauter le verrou de Bruxelles ». Mais toujours pas de sortir de l’UE. Quel sens donner à ce paradoxe ? Comment peut-on dénoncer l’oligarchie bruxelloise et rester réformiste dans son programme, car il s’agit de cela ?
« Nous croyons dans l'extraordinaire destin de notre Nation, dans son aptitude au redressement, dans sa capacité d'édifier une économie nationale créative et conquérante ! Pour cela, nous devons faire sauter le verrou de Bruxelles. » #Manche #OnArrive pic.twitter.com/RbNYVlcKD2
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 février 2019
Fustiger ceux qui criaient « c’est l’Union européenne ou le chaos », c’est aller dans le sens d’une sortie de l’UE, ou alors on est des idiots. Les paroles sont fortes, elles sont évidemment électoralistes, mais le propos s’arrête à la frontière du « chaos » justement, qui n’est en fait que le préambule de la souveraineté retrouvée de notre pays.
Pourquoi, dans cette profession de foi très gaulliste, ou gaullienne, ne pas aller jusqu’au bout et créer la rupture en Europe, en sortant carrément de l’euro ? Plus facile à dire qu’à faire ? Ce serait une révolution et les révolutions servent à ça, à se sortir de situations bloquées, avec deux plaques tectoniques en frontal qui produisent une tension telle que seul le fracas peut la résoudre.
Fracas, c’est le mot préféré de Mélenchon dans ses discours. Lui professe la révolution, le dégagisme, mais il traîne le pesant boulet du gauchisme inféodé à l’UE. Et Marine et Jean-Luc durcissent leur discours mais personne ne veut prendre la responsabilité historique de la rupture. Le réformisme, en l’occurrence, revient à une traîtrise nationale.
« L'impérialisme du droit américain, cette soumission à leurs intérêts, ne font que nous rappeler l'impuissance de l'Union européenne et l'inconsistance des européistes. Ils devront rendre des comptes ! » #Manche #OnArrive pic.twitter.com/xIF4As32if
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 février 2019
Le banquier Macron, qui a effectivement œuvré et qui œuvre encore à l’affaiblissement de notre pays sous prétexte de l’inclure dans un ensemble – l’Europe – plus vaste et plus puissant, afin de retrouver notre lustre d’antan, a bon dos. Marine Le Pen n’avait-elle pas renoncé à la rupture pendant sa campagne électorale, rentrant ainsi dans le rang des réformistes qui n’allaient rien changer dans le fond ? Marine & Jean-Luc, ces deux pseudo-populistes, seraient les CFDT de la politique.
Taper sur l’Union européenne ne suffira pas à nous rendre notre souveraineté. L’oligarchie bruxelloise et ses 60 000 soldats ne craint pas les mots, elle craint la contamination des Gilets jaunes et le réel désir de rupture. Pour l’instant, un pas a été fait par le peuple français qui n’écoute plus ses syndicats, réformistes, ses journalistes, menteurs, et ses politiques, esbrouffeurs.
Dans la ligne de sa présidente, le jeune Bardella a fait ses dents de lait contre l’Union. Tous les bons concepts – euro, délocalisation, emploi, souveraineté – sont là, le constat est correct mais il manque juste la pointe finale : la rupture.
« L’Union européenne est COMPLICE de la délocalisation de nos entreprises et de la suppression d’emplois partout dans notre pays ! » #Manche #OnArrive pic.twitter.com/QnTR6qJRc9
— Jordan Bardella (@J_Bardella) 9 février 2019
La touche sociale, pour montrer qu’on n’abandonne pas les Français même si on abandonne en douce la souveraineté :
« Nous nous battons, nous, pour la France et les Français ! Pour ces artisans, commerçants, mères de familles qui peinent à boucler leurs fins de mois, pour tous ceux qui se lèvent tôt et qui aimeraient pouvoir vivre dignement de leur travail !" #Manche #OnArrive pic.twitter.com/FgIMtxNz5G
— Jordan Bardella (@J_Bardella) 9 février 2019
Macron est la cible toute désignée du tandem Bardella-Le Pen, mais Macron n’est que le pantin d’une puissance que le RN s’interdit de nommer, et encore plus d’attaquer, même si l’on envoie quelque timide message avec « la grande finance ».
« Emmanuel Macron a fait ses choix : il est responsable d’avoir choisi le migrant plutôt que le Français, la multinationale du CAC40 plutôt que nos PME, les banques et la grande finance plutôt que les intérêts du peuple français ! » #Manche #OnArrive pic.twitter.com/OrS4NWDMBR
— Jordan Bardella (@J_Bardella) 9 février 2019
Jordan, Marine, allez au bout de votre pensée, que cela débouche enfin sur de l’action ! Prenez exemple sur les Gilets jaunes : ils ont montré la voie.